François Hollande a reçu le 29 octobre le Président de Google, Eric Schmidt. Selon un communiqué de l’Élysée le président souhaite « une adaptation de la fiscalité afin de mieux appréhender le partage de la valeur ajoutée et le financement de la création de contenus sur chaque territoire ».
En clair Google perçoit plus d’un milliard d’euros sur son activité en France et ne paie des impôts – grâce à une forme juridique très étudiée – que sur 41 millions d’euros. De l’autre côté, les revenus internet de la presse écrite – les chiffres varient largement – se situeraient entre 140 et 240 millions d’euros seulement. La tentation est grande de siphonner une partie des bénéfices de Google vers les créateurs de contenus comme une loi à l’étude en Allemagne le prévoit. Google se défend bec et ongles et menace de déréférencer la presse française du moteur de recherche. Curieusement, l’ensemble de la PQN (presse quotidienne nationale) habituellement partisan du libre échange, hostile à tout protectionnisme assimilé au Front National, libertarien en un mot, retrouve les accents de Déroulède en parlant de « souveraineté numérique » (Nicolas Demorand dans Libération). Pour Laurent Joffrin dans Le Nouvel Observateur, « assise sur sa puissance et sur ses certitudes, Google se lance dans un chantage pur et simple sur le gouvernement élu et sur la représentation nationale si celle-ci persiste dans son intention ».
Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Économie numérique, prône de son côté « une discussion apaisée ». Le chef de l’État donne trois mois aux parties (Google et presse, ce qui donnera lieu à de viriles discussions pour la répartition ultérieure de la manne) pour trouver un accord faute de quoi une « lex Google » sera votée. Pour Maurice Botbol, président du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, « cette taxe serait évidemment une source de revenus à court terme mais nous pensons qu’à long terme cela va détruire la diversité de la presse ».
Au-delà des légitimes discussions sur les intérêts financiers de la France sur des courants économiques nés d’activités en France et ne générant que peu de revenus dans le pays, une question demeure. Ce « siphonage » est-il bienvenu pour la presse écrite la plus subventionnée du monde ? Il faut au moins se poser la question.