« Nous voulons être le quotidien du dimanche, sans couleur politique, qui rassemble tous les Français ». Dimanche 20 août 2023, Jean-Christophe Tortora le président du journal économique « La Tribune » annonçait se lancer dans l’édition d’une édition dominicale généraliste.
Concurrencer le JDD ?
Alors que le Journal du Dimanche est sous le feu des critiques pour sa direction jugée trop à droite sur le spectre politique, l’annonce de l’arrivée d’un nouveau titre sur le même format résonne comme l’arrivée imminente d’un concurrent. Pour autant, le PDG de la Tribune refuse d’ériger la Tribune Dimanche en concurrent du journal détenu par Vincent Bolloré. « Je ne profite pas d’une opportunité de marché liée à la situation au JDD, a indiqué Jean-Christophe Tortora, président du groupe. […] Les discussions autour de notre projet de quotidien du dimanche ont été initiées avec Rodolphe Saadé dès le mois de février ». Si une telle concurrence ne serait donc pas l’enjeu de ce titre, les nominations de Bruno Jeudy (ancien rédacteur-en-chef politique du JDD puis Paris Match) au poste de directeur délégué comme celle d’une ancienne du JDD à la tête des pages politique (Soazig Quéméner, débauchée pour l’occasion de Marianne) semblent révéler les ambitions du groupe. Au même titre que la nature des sujets traités, qui font passer le journal d’un titre exclusivement économique à un hebdomadaire porteur d’une information généraliste, mutation qui laisse peu de doute sur le public qu’entend conquérir La Tribune. « Il y a de la place pour un nouveau quotidien du dimanche », a enfin souligné Tortora. Un moyen d’appeler les journalistes déçus du JDD à se recycler dans ce nouveau canard ?
Des difficultés structurelles
Exclusivement numérique, la formule quotidienne papier de La Tribune avait été abandonnée en 2012, en raison des difficultés financières suscitées par la crise sanitaire. De même, il n’existe plus de version hebdomadaire papier depuis 2020. En optant pour une version papier, numérique, PDF et liseuse, Tortora admet « le changement capitalistique » que le titre a dû expérimenter. Avec quarante journalistes au sein de sa rédaction, dont près de la moitié est située en région, la nouvelle formule de La Tribune va représenter un investissement important, qui devra supporter les aléas de la conjoncture économique ; il devra ainsi faire face aux coûts élevés du papier, alors que le tirage est prévu à hauteur de 120 000 exemplaires pour son lancement le 8 octobre prochain.
Quelle ligne politique ?
« Notre ligne éditoriale ne sera ni de droite, ni de gauche, et respectera le pluralisme de notre rédaction. Nous sommes là pour apporter un décryptage sur les grands sujets du siècle », a déclaré Tortora au Figaro. Si le slogan centriste laissait augurer une ligne centriste digne des campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron, la proximité du détenteur du groupe auquel appartient le titre, Rodolphe Saadé, avec l’actuel président de la République n’est un secret pour personne. Et alors que Vincent Bolloré est sous le feu des critiques pour une trop forte présence supposée dans les médias, l’armateur de Marseille ne fait pas l’objet des mêmes critiques alors qu’il concentre lui-même entre ses mains un nombre important de titres de presse (Brut, La Provence, Corse Matin, au capital du groupe M6). Apolitique, la Tribune Dimanche ?
Voir aussi : La Provence, exode des journalistes et Saadé lance un concurrent du JDD