La relation de la presse libérale libertaire à tout ce qui touche à l’immigration serait ubuesque si elle était drôle. Ce n’est pas le cas. Boboland n’est qu’idéologie. Tout est dans la façon de raconter les faits, en particulier dans les pages de Libération et Le Monde. Analyse de deux articles édifiants parus entre le 19 et le 22 mai 2017.
Le Monde fait son petit tour à Aulnay
Après avoir longtemps fait la Une de la presse et reçu l’ancien président de la République en privé, Théo avait disparu des radars médiatiques. Le 22 mai 2017, le quotidien envoyait un reporter en exploration dans les terres inconnues d’Aulnay-sous-Bois. Car les « tensions sont ravivées » quatre mois après l’affaire Théo. Ouf, elles se sont calmées durant les élections. Retour dans la cité des 3000. Rappel du contexte : « Le 2 février, la caméra de surveillance qui surplombe l’artère centrale de la cité des 3 000 d’Aulnay-sous-Bois n’avait pas permis de filmer les coups de matraque reçus par Théo L., victime d’un viol présumé lors d’une interpellation policière. La scène s’était déroulée à son pied, en plein angle mort, derrière la salle de spectacle du Nouveau CAP. Depuis, une nouvelle caméra de surveillance a été installée, permettant de filmer ce mur crasseux en carrelage couleur brique, où le jeune homme, âgé de 22 ans, avait reçu une matraque au niveau de la zone rectale ». Le lecteur comprend difficilement comment une personne peut être « victime » si le viol est « présumé ». Ce dernier mot surprend : la matraque aurait bel et bien été reçue « au niveau de la zone rectale ». Tout est dans la formulation, et une hypothèse devient un fait. Qui ne serait pas… une fake news.
Un climat volcanique, pourquoi ?
« Climat volcanique » pour Le Monde. Une nouvelle caméra permet de filmer la zone sans angles morts. « Les jeunes dealers ont repris possession du lieu, où ils campent de jour comme de nuit. Forcément, cette caméra, ils préféraient qu’elle n’existe pas. Samedi 20 mai au soir, deux individus munis d’une disqueuse ont tenté de la scier ». Le Monde rapporte un fait jusque-là peu mis en avant : le lieu où la police a interpellé Théo est un espace de deal quotidien, une zone tenue par les dealers du quartier. Le journal ne s’interroge pourtant pas sur la présence de Théo à cet endroit en février. Ainsi, des dealers scient les caméras, contraignant les forces de l’ordre à intervenir. Le 20 mai au soir, à cette occasion, la police intervient. C’est un fait. Mais ce qui intéresse le quotidien, c’est ce qui se passe après. Les dealers locaux défendant un territoire dont ils s’estiment propriétaires jettent des projectiles et incendient des véhicules. Ce même soir, un humoriste se produit dans la salle de spectacle du quartier juste derrière, les spectateurs sortent… la situation dégénère. Pour Le Monde, les choses sont claires : la violence policière a encore frappé, des personnes étrangères aux émeutes en cours ayant subi des dégâts collatéraux. Et si le lieu où Théo a été interpellé n’était pas un lieu de trafic de drogue, y compris au moment où élus et humoristes sont présents dans une salle de spectacle située à deux pas, cette violence aurait-elle lieu ? La question n’est pas posée. Pourquoi ? Théo et ses potes sont des victimes par nature. S’ils sont coupables, c’est en réaction : on les empêche de bosser. Et en plus, on les filme.
Libération et le quartier Pajol-La Chapelle
Pas de fake news apparentes dans ces deux papiers du Monde ou Libération. Normal, ce sont les gardiens du temple. Juste une manière orientée de traiter les faits. Pour obtenir l’information que l’on veut. Ainsi, Le Monde pouvait traiter le fait de la violence urbaine vécue au quotidien aux 3000. Il a préféré traiter des « violences » policières. Le processus était peu ou prou le même deux jours plus tôt, quand Libération traitait des agressions subies par des femmes quartier Pajol-La Chapelle à Paris. L’Ojim a publié une revue de presse à ce propos. Femmes insultées, agressées, menacées par des migrants errant dans le quartier. Harcèlement de rue ? Malgré les plaintes et la pétition lancée par les habitantes du quartier, Libération en doute. Des migrants délinquants ? Difficile à croire. Pajol et la Chapelle ? Des « quartiers populaires et métissés ». Le quotidien évoque plus les manifestants, issus d’associations gauchistes de type no border, qui dénoncent un « amalgame » entre agressions sexistes et présence des migrants que les faits dont les femmes du quartier sont victimes. Le journal ne se demande pas si le taux d’agressions sexistes et sexuelles était aussi élevé avant l’arrivée massive de migrants dans le quartier. Bien sûr, Libération cite les témoignages des personnes concernées mais c’est pour mieux insister sur celui-ci : « Jean-Raphaël, un habitant du quartier, qui regrette “l’utilisation de prétextes féministes à des fins racistes” » : « Le harcèlement de rue est quelque chose de très sérieux, mais il ne faut pas oublier qu’il est aussi le fait d’hommes blancs et français. » Pour lui, le « ras-le-bol et le sentiment d’abandon se sont exprimés de façon un peu caricaturale : il n’y a pas une tension permanente dans ce quartier. Je ne nie pas le harcèlement de rue, voire les agressions sexuelles, mais des milliers de femmes passent là tous les jours sans rencontrer de problème. Elles ne sont pas chassées systématiquement comme on veut le faire croire ».
Au total un discours idéologique, minimisant les faits concrets des 19 et 22 mai 2017 : le trafic de drogue comme cause des évènements d’Aulnay et les agressions sexuelles contre les femmes dans le quartier Pajol-La Chapelle. La déréalisation menée par ces médias en est au point que « Jean-Raphaël » peut minimiser ces dernières agressions tout en ne les niant pas. Une affaire de hiérarchie entre êtres humains ?