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La violence au Monde et à Libération. À bras ouverts chez Boboland

1 juin 2017

Temps de lecture : 5 minutes
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La violence au Monde et à Libération. À bras ouverts chez Boboland

Temps de lecture : 5 minutes

La relation de la presse libérale libertaire à tout ce qui touche à l’immigration serait ubuesque si elle était drôle. Ce n’est pas le cas. Boboland n’est qu’idéologie. Tout est dans la façon de raconter les faits, en particulier dans les pages de Libération et Le Monde. Analyse de deux articles édifiants parus entre le 19 et le 22 mai 2017.

Le Monde fait son petit tour à Aulnay

Après avoir longtemps fait la Une de la presse et reçu l’ancien prési­dent de la République en privé, Théo avait dis­paru des radars médi­a­tiques. Le 22 mai 2017, le quo­ti­di­en envoy­ait un reporter en explo­ration dans les ter­res incon­nues d’Aulnay-sous-Bois. Car les « ten­sions sont ravivées » qua­tre mois après l’affaire Théo. Ouf, elles se sont calmées durant les élec­tions. Retour dans la cité des 3000. Rap­pel du con­texte : « Le 2 févri­er, la caméra de sur­veil­lance qui sur­plombe l’artère cen­trale de la cité des 3 000 d’Aulnay-sous-Bois n’avait pas per­mis de filmer les coups de matraque reçus par Théo L., vic­time d’un viol pré­sumé lors d’une inter­pel­la­tion poli­cière. La scène s’était déroulée à son pied, en plein angle mort, der­rière la salle de spec­ta­cle du Nou­veau CAP. Depuis, une nou­velle caméra de sur­veil­lance a été instal­lée, per­me­t­tant de filmer ce mur crasseux en car­relage couleur brique, où le jeune homme, âgé de 22 ans, avait reçu une matraque au niveau de la zone rec­tale ». Le lecteur com­prend dif­fi­cile­ment com­ment une per­son­ne peut être « vic­time » si le viol est « pré­sumé ». Ce dernier mot sur­prend : la matraque aurait bel et bien été reçue « au niveau de la zone rec­tale ». Tout est dans la for­mu­la­tion, et une hypothèse devient un fait. Qui ne serait pas… une fake news.

Un climat volcanique, pourquoi ?

« Cli­mat vol­canique » pour Le Monde. Une nou­velle caméra per­met de filmer la zone sans angles morts. « Les jeunes deal­ers ont repris pos­ses­sion du lieu, où ils camp­ent de jour comme de nuit. For­cé­ment, cette caméra, ils préféraient qu’elle n’existe pas. Same­di 20 mai au soir, deux indi­vidus munis d’une dis­queuse ont ten­té de la sci­er ». Le Monde rap­porte un fait jusque-là peu mis en avant : le lieu où la police a inter­pel­lé Théo est un espace de deal quo­ti­di­en, une zone tenue par les deal­ers du quarti­er. Le jour­nal ne s’interroge pour­tant pas sur la présence de Théo à cet endroit en févri­er. Ain­si, des deal­ers sci­ent les caméras, con­traig­nant les forces de l’ordre à inter­venir. Le 20 mai au soir, à cette occa­sion, la police inter­vient. C’est un fait. Mais ce qui intéresse le quo­ti­di­en, c’est ce qui se passe après. Les deal­ers locaux défen­dant un ter­ri­toire dont ils s’estiment pro­prié­taires jet­tent des pro­jec­tiles et incen­di­ent des véhicules. Ce même soir, un humoriste se pro­duit dans la salle de spec­ta­cle du quarti­er juste der­rière, les spec­ta­teurs sor­tent… la sit­u­a­tion dégénère. Pour Le Monde, les choses sont claires : la vio­lence poli­cière a encore frap­pé, des per­son­nes étrangères aux émeutes en cours ayant subi des dégâts col­latéraux. Et si le lieu où Théo a été inter­pel­lé n’était pas un lieu de traf­ic de drogue, y com­pris au moment où élus et humoristes sont présents dans une salle de spec­ta­cle située à deux pas, cette vio­lence aurait-elle lieu ? La ques­tion n’est pas posée. Pourquoi ? Théo et ses potes sont des vic­times par nature. S’ils sont coupables, c’est en réac­tion : on les empêche de boss­er. Et en plus, on les filme.

Libération et le quartier Pajol-La Chapelle

Pas de fake news appar­entes dans ces deux papiers du Monde ou Libéra­tion. Nor­mal, ce sont les gar­di­ens du tem­ple. Juste une manière ori­en­tée de traiter les faits. Pour obtenir l’information que l’on veut. Ain­si, Le Monde pou­vait traiter le fait de la vio­lence urbaine vécue au quo­ti­di­en aux 3000. Il a préféré traiter des « vio­lences » poli­cières. Le proces­sus était peu ou prou le même deux jours plus tôt, quand Libéra­tion traitait des agres­sions subies par des femmes quarti­er Pajol-La Chapelle à Paris. L’Ojim a pub­lié une revue de presse à ce pro­pos. Femmes insultées, agressées, men­acées par des migrants errant dans le quarti­er. Har­cèle­ment de rue ? Mal­gré les plaintes et la péti­tion lancée par les habi­tantes du quarti­er, Libéra­tion en doute. Des migrants délin­quants ? Dif­fi­cile à croire. Pajol et la Chapelle ? Des « quartiers pop­u­laires et métis­sés ». Le quo­ti­di­en évoque plus les man­i­fes­tants, issus d’associations gauchistes de type no bor­der, qui dénon­cent un « amal­game » entre agres­sions sex­istes et présence des migrants que les faits dont les femmes du quarti­er sont vic­times. Le jour­nal ne se demande pas si le taux d’agressions sex­istes et sex­uelles était aus­si élevé avant l’arrivée mas­sive de migrants dans le quarti­er. Bien sûr, Libéra­tion cite les témoignages des per­son­nes con­cernées mais c’est pour mieux insis­ter sur celui-ci : « Jean-Raphaël, un habi­tant du quarti­er, qui regrette “l’utilisation de pré­textes fémin­istes à des fins racistes” » : « Le har­cèle­ment de rue est quelque chose de très sérieux, mais il ne faut pas oubli­er qu’il est aus­si le fait d’hommes blancs et français. » Pour lui, le « ras-le-bol et le sen­ti­ment d’abandon se sont exprimés de façon un peu car­i­cat­u­rale : il n’y a pas une ten­sion per­ma­nente dans ce quarti­er. Je ne nie pas le har­cèle­ment de rue, voire les agres­sions sex­uelles, mais des mil­liers de femmes passent là tous les jours sans ren­con­tr­er de prob­lème. Elles ne sont pas chas­sées sys­té­ma­tique­ment comme on veut le faire croire ».

Au total un dis­cours idéologique, min­imisant les faits con­crets des 19 et 22 mai 2017 : le traf­ic de drogue comme cause des évène­ments d’Aulnay et les agres­sions sex­uelles con­tre les femmes dans le quarti­er Pajol-La Chapelle. La déréal­i­sa­tion menée par ces médias en est au point que « Jean-Raphaël » peut min­imiser ces dernières agres­sions tout en ne les niant pas. Une affaire de hiérar­chie entre êtres humains ?

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