Lors d’un petit déjeuner le 26 juin 2019, le nouveau président de l’AFP Fabrice Fries a pu préciser sa stratégie pour son mandat de cinq ans.
Une machine de guerre très internationale
5000 dépêches par jour ainsi que 3000 photos et 250 vidéos, 1500 collaborateurs sur tous les continents, l’agence figure au palmarès des trois agences de presse mondiales avec les américaines Reuters et Associated Press. L’agence dispose d’un réseau incomparable sur la quasi-totalité de la planète, du plus petit (un bureau à Pyong Yang en Corée du Nord, 4 personnes au Soudan) au plus gros (75 personnes à Londres). L’AFP est traditionnellement très implantée en Afrique, Europe et Moyen-Orient, plus faible en Amérique du Nord où les deux grands concurrents jouent à domicile.
Vidéo, vidéo, vidéo
Alors que les concurrents ont des services vidéo séparés, l’AFP a choisi de les intégrer aux services, autrement dit un responsable pays ou secteur peut fournir à la fois du texte, de la photo et de la vidéo de manière intégrée. Le service photo de l’agence fait jeu égal avec Getty images mais ce dernier a une clientèle entreprise beaucoup plus développée, alors que l’agence ne réalise que 3% de son activité au service des entreprises et avec un personnel dédié. Le numérique est pour le moment marginal mais en plein développement avec des objectifs ambitieux pour la mandature.
Contrat commercial avec Facebook
Avec un endettement de 80M€ et sous le regard sourcilleux des institutions européennes, l’agence doit trouver de nouveaux moyens de développement. Dans les 300M€ de revenus, 130M€ viennent de la subvention étatique et celle-ci va diminuer. Après le contrat gagné en 2017 avec la BBC, l’agence a signé un accord commercial avec Facebook.
Dans cet accord l’agence fournit un service exclusif de « vérification de l’information ». A mi 2019, 40 personnes de l’AFP y travaillent dans 25 pays et le nombre de pays comme de personnels dédiés doit encore augmenter. Des accords similaires pourraient être signés avec Instagram ou YouTube.
Crise de la presse écrite
Les principaux clients de l’agence étaient traditionnellement les titres de la presse écrite. Ce poste représente encore 32% des revenus mais cette proportion est en baisse. A terme le nouveau président estime qu’il ne restera que deux titres de quotidiens de qualité par pays avec une forte diminution de la presse quotidienne régionale, cette dernière n’ayant d’ailleurs plus les moyens de s’offrir les services de l’agence.
Moins de monde, des controverses et étrange recours au CRIF
Pour la première fois dans son histoire l’agence a recours à un plan de départs volontaires de 125 personnes (95 nets avec 30 recrutements programmés) qui rajeunira les effectifs. L’agence a parfois été soupçonnée d’avoir une « vision pro-palestinienne » et donc hostile à Israël. Fabrice Fries a précisé que le président n’avait aucune influence sur les contenus éditoriaux et – plus étonnant – que des réunions de travail avaient eu lieu avec le CRIF pour examiner certains contenus. Une procédure étrange de collaboration avec une institution communautaire.