Depuis les manifestations contre le renouvellement de la candidature de Bouteflika à la magistrature suprême algérienne et le renoncement de ce dernier, les médias algériens sont en ébullition et les médias du monde entier sont friands d’informations de terrain devant une situation fluide. Une raison pour les autorités pour éliminer en douceur l’AFP du pays ?
Un directeur d’agence « non renouvelé »
Les autorités algériennes ont choisi début avril 2019 de « ne pas renouveler » son accréditation au directeur local de l’AFP, le français Aymeric Vincenot. Ce qui correspond à une expulsion de fait. Déjà sans responsable, la situation des journalistes, pigistes et fournisseurs de l’agence en Algérie s’est compliquée sur le plan bancaire. Aymeric Vincenot était le seul accrédité pour signer des paiements à partir d’un compte algérien alimenté depuis la France par l’agence. Ce compte en monnaie locale ne peut être géré que par un « résident algérien ».
Imbroglio bancaire
Aymeric Vincenot expulsé, les chèques et virements sont rejetés par la banque. Mais l’AFP, choquée par l’expulsion sans raison officielle probante de son responsable, ne veut pas envoyer un nouveau directeur, du moins pas dans l’immédiat. Entretemps les journalistes, pigistes et autres salariés locaux travaillent mais sans être payés. Les deux parties campent sur leur position, l’Algérie attend un nouveau responsable, l’AFP un assouplissement de règles financières qu’elle soupçonne d’être interprétées de manière discrétionnaire. De quoi inciter les autres agences sur place à plus de prudence. On peut voir là l’objectif officieux d’autorités algériennes dont nul ne peut prédire l’avenir.