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L’audiovisuel public privatisé… en Israël

11 décembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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L’audiovisuel public privatisé… en Israël

Temps de lecture : 4 minutes

Ils ont privatisé leur audiovisuel public : en Israël, le Parlement saute le pas, au grand dam de l’opposition politique au gouvernement de Benyamin Netanyahou.

C’est « une attaque con­tre la démoc­ra­tie et la lib­erté d’expression », dénonçait le chef de l’opposition au gou­verne­ment, Yaïr Lapid. Au Par­lement israélien, l’atmosphère est ten­due : ce 27 novem­bre 2024, la Cham­bre vient d’approuver un vote prélim­i­naire sur une propo­si­tion visant à pri­va­tis­er le ser­vice pub­lic de l’audiovisuel. Une pre­mière étape dans la per­spec­tive d’une adop­tion future (dans deux ans).

Une salve de projets de loi

Le texte s’inscrit dans une salve de pro­jets de loi, dont l’objectif est de pri­va­tis­er les trois chaînes de télévi­sion et les neuf sta­tions de radio du secteur ain­si que la radio de l’armée, Galeï Tsa­hali Tsa­hal. Mem­bre dite de la ten­dance « dure » du Lik­oud (le par­ti de Ben­jamin Netanya­hou), le député Tal­ly Gotliv a présen­té le pro­jet de loi du 27 novem­bre comme une oppor­tu­nité pour favoris­er la con­cur­rence avec le secteur privé et la fin du finance­ment par l’État de la Société de la radio-dif­fu­sion publique. Elle a égale­ment souligné qu’il « n’y a[vait] aucune rai­son d’avoir une radio de Tsa­hal financée par le pub­lic, qui fonc­tionne comme une unité mil­i­taire ». Le min­istre des Com­mu­ni­ca­tions Shlo­mo Karhi, qui présen­tait le pro­jet de loi, a ain­si pro­posé de fer­mer la chaîne de télévi­sion Kan (qui appellerait selon lui « à la haine con­tre l’État d’Israël ») et les radios publiques, qui devront être rachetées par des entre­pris­es privées et obtenir des autori­sa­tions de diffusion.

L’un des autres pro­jets de loi doit per­me­t­tre au gou­verne­ment de maîtris­er l’institution à l’origine de la déter­mi­na­tion des taux d’écoute des dif­férents médias, mis­sion pour l’heure aux mains d’un organ­isme indépen­dant et qui per­met notam­ment de fix­er les tar­ifs des annon­ceurs. Un autre texte prévoit aus­si la pos­si­bil­ité pour le gou­verne­ment de ren­forcer son con­trôle sur le bud­get des médias publics, soule­vant ain­si la ques­tion du respect de la neu­tral­ité des contenus.

Ruée sur les bancs de l’opposition

Sur les bancs de l’opposition au gou­verne­ment de Ben­jamin Netanya­hou, l’heure est au dés­espoir. « Il n’y a pas d’État démoc­ra­tique sans lib­erté d’expression, déplore encore cet ancien jour­nal­iste. Ils veu­lent faire ce que font les dic­tatures, en com­mençant par détru­ire la presse libre ». Sans sur­prise, le groupe Kan a égale­ment réa­gi et dénon­cé « une autre étape sur la voie de la prise de con­trôle de la radiod­if­fu­sion publique, de sa liq­ui­da­tion, de la vente de ses act­ifs et de ses ressources […] et de leur trans­fert direct à des cap­i­taux privés ».

Plus générale­ment, les opposants de cette réforme dénon­cent une con­séquence de la cou­ver­ture cri­tique des médias israéliens vis-à-vis du gou­verne­ment. Selon Les Échos, députés et min­istres de la majorité qual­i­fieraient les médias du ser­vice pub­lic de « foy­ers de gauchistes », quand Netanya­hou lui-même boy­cotte cer­tains médias qu’il accuse de vouloir « faire tomber » son gou­verne­ment. L’Association de la presse étrangère en Israël a cri­tiqué une « offen­sive » « motivée par des raisons poli­tiques ». De même, le pro­cureur général Gali Bahar­av Miara a indiqué que cette con­duite « envo[yait] un mes­sage clair et grave selon lequel toute cri­tique envers le gou­verne­ment ou toute dif­fu­sion d’informations qui ne sont pas favor­ables au gou­verne­ment, pour­raient men­er à des mesures à l’encontre des médias ».

Et en France ?

En France, la pri­vati­sa­tion de l’audiovisuel pub­lic n’est portée que par le groupe du Rassem­ble­ment nation­al. Le par­ti jus­ti­fie cette pri­vati­sa­tion par les trois mil­liards d’euros qu’une telle dis­po­si­tion génèr­erait et l’absence de neu­tral­ité dont l’audiovisuel pub­lic serait coupable. Si la ques­tion est rev­enue sur le devant de la scène après les lég­isla­tives de juil­let 2024, elle ne sem­ble plus être désor­mais à l’ordre du jour du Par­lement français, surtout après la chute du gou­verne­ment Barnier.

Voir aus­si : Panora­ma des aides à la presse en 2023, infographie

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