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Laure Mandeville au Figaro : OTAN en emporte le reportage

5 août 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Laure Mandeville au Figaro : OTAN en emporte le reportage

Temps de lecture : 5 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 16 avril 2022

Laure Mandeville est embauchée en mai 1989 au Figaro parce qu’elle était spécialiste du monde slave, « alors que le monde communiste commençait à se lézarder ». Des pays de l’Europe de l’Est aux États-Unis, c’est une position particulièrement atlantiste que défend, au fil de sa carrière, ce très partisan « grand reporter » affilié aux questions de politiques étrangères…

2018 : quand la Hongrie d’Orbán était vouée à « perdre de sa superbe »

Avril 2018 : der­rière son télé­phone, Lau­re Man­dev­ille, envoyée spé­ciale en Hon­grie pour cou­vrir les lég­isla­tives, présage un poten­tiel « bas­cule­ment et une pos­si­ble défaite d’Orban. Dans tous les cas, il faut s’attendre à une sanc­tion dans les urnes pour l’homme fort (?) de Hon­grie. On va décou­vrir qu’il était surtout fort parce que les autres étaient faibles et divisés ». Dans la ver­sion papi­er du 9 avril 2018, elle titrait alors : « Hon­grie : Orban perd de sa superbe » et annonçait sa défaite. Rem­por­tant avec ses alliés 48,53 % des suf­frages et près de 133 sur 199 sièges de la cham­bre unique du par­lement, le par­ti d’Orban con­tre­di­s­ait alors les pré­dic­tions de cette bien piètre pythie, qui ne sem­ble pas avoir souf­fert de cette faute pro­fes­sion­nelle. À l’occasion des dernières lég­isla­tives hon­grois­es, elle ne sem­ble pas avoir été envoyée sur le ter­rain cou­vrir pour Le Figaro une nou­velle vic­toire du Fidesz…

En 2017, une vision distanciée du modèle Trump

En 2017, Lau­re Man­dev­ille, alors cor­re­spon­dante du Figaro à Wash­ing­ton, décou­vre, à pro­pos de Don­ald Trump, « assez vite que ce per­son­nage totale­ment hors-norme n’était pas une étoile filante. Alors que les médias améri­cains pas­saient leur temps à annon­cer sa dis­pari­tion, il renais­sait chaque fois. J’ai vite com­pris que, der­rière cette capac­ité à rebondir, se cachait quelque chose de pro­fond. » Meilleure pioche, donc, pour cette qui con­sid­ère le nou­veau prési­dent des Etats-Unis comme un per­son­nage « par­fois très inquié­tant », y voit la réponse aux attentes des Améri­cains et notam­ment des class­es moyennes blanch­es. Celle qui avait con­sacré, en 2016, un livre à Don­ald Trump, con­fie alors

« s’inquiéter de l’opposition sys­té­ma­tique des grands médias qui ont large­ment dépassé leur mis­sion d’informer […] en faisant tout pour abat­tre Trump. […] Les grands médias l’ont d’abord pris pour un clown. Il était telle­ment à l’opposé de leur doxa idéologique sur la glob­al­i­sa­tion heureuse. À par­tir du moment où ils ont com­pris qu’il allait gag­n­er, ils ont bas­culé dans un par­ti pris absolu qui les aveu­gle tou­jours sur ses capac­ités et sur le mou­ve­ment de colère qu’il représente. » Un par­ti pris « absolu » que la jour­nal­iste appli­quera par­faite­ment à la sit­u­a­tion rus­so-ukraini­enne cinq ans plus tard, et au prof­it des thès­es du départe­ment d’État américain.

Guerre russo-ukrainienne : Dark Vador contre Churchill

Durant la guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie, en 2022, elle prend claire­ment par­tie pour le camp ukrainien et améri­cain, louangeant le prési­dent ukrainien Volodymyr Zelen­s­ki qu’elle voit comme « l’incarnation de la résis­tance trag­ique et épique de toute une nation ». La jour­nal­iste loue égale­ment « son courage physique, sa déci­sion de rester au milieu des siens, [qui] ont réson­né comme son 13 mai 1940, le jour où Churchill a promis à son peu­ple devant la Cham­bre des com­munes « du sang et des larmes » et sa qual­ité de « leader né »

S’enfonçant dans la car­i­ca­ture, elle joue sur une fibre manichéenne, opposant à « l’agression de Pou­tine » un « Zelen­sky plein de courage et de force d’âme, lui qui va à pied ren­dre vis­ite aux blessés sous les bombes, tan­dis que le patron du Krem­lin se terre dans ses palais ». Com­para­nt « le maître du Krem­lin, tel Dark Vador » à « Zelen­sky [qui] incar­ne le remède au pou­tin­isme, les forces du bien qui résis­tent ».

Elle dénonce le « dérangeant rel­a­tivisme » de l’Académicien Andreï Makine, qui avait accordé un entre­tien au Figaro et relaie la réponse qui y est apportée par son con­frère du Nou­v­el Obs, Wik­tor Stoczkows­ki, directeur d’études à l’EHESS… d’origine polon­aise. Elle inter­rogera d’ailleurs le vice-min­istre des Affaires étrangères polon­ais, daig­nant dis­crète­ment pré­cis­er que la Pologne, qu’elle désigne « à l’avant-garde […] dans la bataille acharnée qui se joue entre l’Occident et la Russie sur l’avenir de l’Ukraine », est de par son his­toire un opposant naturel de la Russie.

S’interrogeant sur « l’une des ques­tions que se posent tous les occi­den­tal­istes, qui obser­vent avec stu­peur la cat­a­stro­phe », soit « de com­pren­dre le sou­tien pop­u­laire trou­blant par son ampleur que garde Pou­tine », Lau­re Man­dev­ille explique qu’il « est dif­fi­cile à mesur­er en péri­ode de dic­tature ». Une expli­ca­tion un peu sim­plette, com­plé­tant les niais­eries psy­chol­o­gisantes qu’elle asso­cie à un Pou­tine à la tête d’un État « malade d’une psy­chose impéri­ale explo­sive ». Pour l’heure, elle inter­vient sur de nom­breux plateaux de télévi­sion pour notam­ment appel­er la France à « aider les Russ­es à se libér­er du régime de Vladimir Pou­tine ». Une prévi­sion peut-être aus­si hasardeuse que la défaite de Vik­tor Orbán en 2018 ?

Illus­tra­tion : cap­ture d’écran vidéo Livre Noir

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