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Laurent Joffrin par défaut à Libération

9 juillet 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Laurent Joffrin par défaut à Libération

Temps de lecture : 3 minutes

Le résultat du vote, qui s’est tenu mercredi 3 juillet à Libération concernant la nomination de Laurent Joffrin en tant que directeur de la rédaction, ne trompe pas. Une courte majorité (52,8%) s’est prononcée en sa faveur, une forte minorité votant contre (47,2%). Même si celui qui sera conjointement le PDG du titre n’a pas fait l’objet d’un véto (plus de 60% contre), le retour de Joffrin n’enthousiasme guère une partie importante des quelque 220 journalistes. A preuve, en 2006, lors de son troisième passage à Libération, déjà comme PDG, 63% de la rédaction l’avait plébiscité. Aujourd’hui, les raisons de ce vote mi-figue-mi-raisin sont variées.

En pre­mier lieu, l’ex directeur de la rédac­tion du Nou­v­el obser­va­teur, n’in­car­n­erait pas le renou­veau atten­du pour Libéra­tion. Le quo­ti­di­en est en crise finan­cière (2,5 mil­lions d’eu­ros de pertes en 2013), man­agéri­ale et action­nar­i­ale depuis octo­bre 2013. Lau­rent Jof­frin, revient pour la qua­trième fois dans l’im­meu­ble de la rue Béranger. L’ensem­ble de sa car­rière a été mar­quée par des allers et retours entre Libéra­tion et Le Nou­v­el obser­va­teur. De sur­croît, Jof­frin n’au­rait pas lais­sé que des bons sou­venirs en interne, même s’il a redressé le jour­nal, avec Natal­ie Collin, entre 2006 et 2011. Il serait jugé par nom­bre de rédac­teurs de Libéra­tion comme l’arché­type du jour­nal­iste parisian­iste et, par­fois, de con­nivence avec les puis­sants. “Le con­traire du patron de rédac­tion, “addict” d’in­ves­ti­ga­tion et d’en­quêtes”, jugent plusieurs sources en interne. Son âge, 62 ans, et le peu d’ap­pé­tence pour les nou­velles tech­nolo­gies dont il a fait preuve pen­dant les trois ans passées au Nou­v­el obser­va­teur, ne plaideraient pas non plus en sa faveur.

Le choix de Johan Huf­nagel, comme adjoint, a juste­ment été opéré pour gom­mer ce mail­lon faible numérique. Le co-fon­da­teur de Slate.fr, âgé de 45 ans, est un spé­cial­iste de l’in­for­ma­tion dig­i­tale. Il a égale­ment été rédac­teur en chef adjoint de Liberation.fr jusqu’en 2006, avant de démis­sion­ner pour rejoin­dre 20minutes.fr. Reste que son arrivée non plus ne ferait pas l’u­na­nim­ité, après un pas­sage con­trasté à la tête du site. Son lead­er­ship man­agér­i­al aurait été jugé insuffisant.

De ce con­stat émer­gent en troisième lieu des doutes sur la capac­ité réelle du duo à men­er à bien les lourds dossiers qui l’at­ten­dent. Grosso modo, Jof­frin et Huf­nagel doivent faire com­plète­ment bas­culer Libéra­tion dans l’ère numérique. Trois signes forts attes­tent de cette nou­velle feuille de route. Les rédac­tions print et web fusion­neront au 15 sep­tem­bre. Alors que la col­lab­o­ra­tion fonc­tionne encore actuelle­ment au coup par coup, au tra­vers notam­ment de “Hubs” par ser­vices, la pub­li­ca­tion mul­ti­mé­dia devra con­stituer une réal­ité dans deux mois seule­ment. Elle néces­sit­era la mise en place d’une poli­tique ser­rée d’ar­bi­trage au niveau du choix des canaux de dif­fu­sion de l’in­for­ma­tion. Les aspects tech­niques seront aus­si revus, avec la fusion des deux sys­tèmes actuels d’in­for­ma­tion pour le print et pour le web. Autre élé­ment du change­ment, la refonte de Liberation.fr est égale­ment prévue à la ren­trée. D’ores et déjà, la ver­sion actuelle héberge Radio Libé, lancée le 1er juil­let. La web radio, pour laque­lle Pierre Fraiden­raich, le directeur opéra­tionnel, a obtenu une fréquence auprès du bou­quet Goom, a voca­tion à pass­er sur la radio numérique ter­restre (RNT) au sec­ond semestre.

En con­fi­ant les rênes à Jof­frin et Huf­nagel, les action­naires de Libéra­tion n’ig­no­raient évidem­ment pas ces faib­less­es. Ils ont néan­moins préféré ce tan­dem qui con­naît la mai­son à l’aven­ture avec un duo venu de l’ex­térieur, qui aurait été du reste prob­a­ble­ment reto­qué par la rédaction.

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