Laurent Joffrin a passé hier son « grand oral » devant la rédaction de Libération.
Le nouveau directeur de la rédaction y a exposé son projet pour le journal et a tenté de convaincre la rédaction du bien-fondé et du sérieux de celui-ci.
L’exercice a duré deux heures et « n’a surpris personne » à en croire différents témoignages. Joffrin a proposé, comme en 2007, de faire de Libé un journal à la fois « fidèle à son histoire », « une voix de gauche non conformiste et indépendante », « le journal de toutes les gauches » mais aussi « un journal réinventé pour affronter l’ère numérique ». Seule nouveauté donc, mais de taille, l’annonce voulue par l’actionnaire Pierre Fraidenraich de la fusion des rédactions web/print afin de placer le numérique au cœur du projet. Joffrin a également tenu à rassurer la rédaction en l’assurant qu’il ne serait en « aucun cas un restaurateur », enterrant ainsi définitivement le projet de café Libé qui avait scandalisé la rédaction.
Pas toujours très précis, Joffrin a promis de peaufiner son projet cet été et de le mettre en route à la rentrée avec son numéro deux, Johan Hufnagel, pour être en opérationnel début 2015. « Directeur délégué en charge des éditions », Hufnagel, âgé de 45 ans, a débuté sa carrière à Libération, dont il avait dirigé le site web en 2001. Il est ensuite devenu rédacteur en chef de 20minutes.fr, puis du site de Marianne, avant de devenir cofondateur de Slate.fr.
Côté capital, Libération va être racheté et recapitalisé de 18 millions d’euros, majoritairement apportés par Patrick Drahi, patron israélien de Numéricable et récent acquéreur de SFR. Ce dernier deviendra actionnaire majoritaire avec 50 % de la holding qui détient Libé, le reste appartenant à Bruno Ledoux et à quelques autres actionnaires minoritaires.
Parmi eux, la famille Gerbi, propriétaire du concept-store parisien « Merci », un salon de thé-boutique branché de la capitale.
Le vote de la rédaction aura lieu mercredi 2 juillet mais l’issue ne semble faire aucun doute. Selon les statuts du journal, la candidature d’un nouveau chef de la rédaction est rejetée si elle recueille plus de 66% de suffrages négatifs (ou moins de 34% de suffrages positifs). Or, si la candidature de Joffrin ne déchaine pas l’enthousiasme, elle ne suscite pas non plus d’oppositions farouches et Joffrin devrait donc être élu confortablement.
Pour la première fois, la prestation a été filmée et mise en ligne.
Laurent Joffrin, le grand oral par liberation