Game over : la révolution antipolitique, c’est le dernier opus de Laurent Obertone (La France orange mécanique, La France big brother, Guerilla 1 et 2 etc…) paru aux toutes nouvelles éditions Magnus et présenté sur dix niveaux, comme un jeu. Nous lui avons posé quelques questions sur les médias (le niveau 5 de son anti-jeu), « Briser les supports du conditionnement », plus quelques autres.
Ojim : Vous venez de publier un nouvel ouvrage aux éditions Magnus, Game over la révolution antipolitique. Le chapitre 5, Briser les supports du conditionnement, traite en particulier des médias. Vous dites que « le média ne donne pas la parole, il la confisque », n’est-ce pas le cas de tout média qui est produit par des rédacteurs, des écrivains, des journalistes, dont vous et nous ?
Laurent Obertone : Absolument ! Tout support d’information recèle sa part d’idéologie. La différence majeure entre nos supports et les leurs est que les leurs sont payés par les deniers publics… Je suis quant à moi favorable à une information libre, et il reviendra aux lecteurs adultes d’exercer leur esprit critique. Sans être ni forcés à payer, ni forcés à penser.
Vous ajoutez que les médias fonctionnent comme un jeu vidéo en projetant les esprits dans un monde fabriqué ? De quelle manière et pourquoi ?
Ces médias défendent leur vision morale du monde, morale, donc irréaliste. Ils déforment toute information pour la rendre moralement compatible, ce qui les conduit à tricher avec les faits, en omettant certains d’entre eux, en surexploitant certains autres, en les tordant de toutes les façons, en les barbouillant de chantage et d’indignation. Il en résulte une vision du monde à leurs yeux plus présentable, le problème est que ce monde n’existe pas.
Ce n’est pas un agenda idéologique clair, plutôt un effet de classe. Les journalistes qui veulent réussir adoptent tous les codes de la morale progressiste dominante, et se donnent pour mission la rééducation des foules arriérées qui votent populiste.
Vous souhaitez « l’abolition des moyens de communication de l’État ». Fort bien, mais les médias privés dans leur immense majorité sont aussi au service de la fabrication du consentement que vous évoquez plus loin. Qu’en faites-vous ?
C’est surtout un problème de composition. Ces médias « progressistes » sont immensément majoritaires puisque tout s’oppose à la concurrence libre – donc à la représentation réelle de l’opinion. Tout, en particulier l’État, via ses subventions, ses lois, le CSA, etc. Je ne veux supprimer aucun média, seulement rétablir une équité concurrentielle, en dépossédant l’État et tout autre organisme supra-étatique de son ministère de la Vérité. Dans mon modèle, le citoyen est assez grand pour choisir et évaluer ses informations comme il l’entend, sans subir les avertissements ou les interdits de « décrypteurs » agréés par l’Assemblée.
Vous supprimez la redevance, le service public, le CSA, toute forme d’aide à la presse et à l’AFP, le CNC (centre national du cinéma), le ministère de la Culture. Qu’est-ce qui reste, un champ de ruines ?
Mieux que ça : enfin de l’air pur ! Nous balayons le sinistre paysage culturel sous cloche qui nous a été imposé, et nous recréons enfin les conditions d’un véritable foisonnement culturel, voire, osons le mot, d’une renaissance. Notre sclérose culturelle et civilisationnelle vient aussi de cette pesante domestication des esprits. Je ne dis pas que tout sera parfait, il existera toujours des offres navrantes – puisqu’il existe des demandes navrantes –, mais il existera aussi et surtout la possibilité d’offres réellement alternatives et variées. Le mieux est de ne pas attendre et de les proposer dès maintenant, quitte à nager contre le courant. C’est le meilleur moyen de contribuer à l’effondrement de la culture administrée.
Si nous vous avons bien lu, vous sifflez la fin de la partie (ou du jeu vidéo) en supprimant les élections et le jeu politique. On fait quoi ensuite ?
On fait ce que nous n’aurions jamais dû cesser de faire : être des hommes libres et responsables, garants de nos droits fondamentaux, aptes à nous faire respecter, à ne plus attendre l’approbation de journalistes et d’Énarques pour vivre et créer. Au diable l’actualité et le cirque politique, la vie n’est pas ici. Nous sommes aujourd’hui suspendus à ce jeu grotesque comme s’il était notre seul espoir, alors que nous lui devons notre situation désastreuse, l’immigration, l’insécurité, l’endettement, l’effondrement du capital social, etc. Il est temps d’en prendre conscience et de passer à autre chose, en commençant par un profond travail sur nous, ainsi que je l’expose dans Game Over.
Votre « programme antipolitique » peut-il se lire comme un retour aux communes, quelque part entre Proudhon et Bakounine ? Si l’Etat disparaît comment assurer la sécurité qui est l’objet du niveau 2 de votre essai ?
Je pars d’un constat simple : l’État assure aujourd’hui notre insécurité, par son monopole défaillant de l’ordre, de la loi et de la justice – et son acharnement à organiser l’immigration de quantité. Il faut faire autrement. Nous aurons bien sûr toujours besoin de polices, de magistrats et de prisons. Mais nul besoin d’en réserver le pilotage à des communicants qui ne sont efficaces que dans la dépense d’argent public, dont ils bénéficieront de toute façon toute leur vie sans la moindre remise en question. Si l’État n’est pas capable de se reconcentrer sur cette mission, il doit acter sa défaillance et nous en libérer, en permettant aux citoyens de recourir à des polices privées, de protéger leurs frontières, en cessant de cautionner l’injustice rendue au nom du peuple, l’immigration de quantité, etc. C’est une révolution, mais elle me semble vitale.
Vos livres précédents seront-ils bientôt de nouveau disponibles ?
Oui ! Ils seront réédités dans le courant de l’année, aux éditions Magnus. La France Orange Mécanique et La France Interdite dès le mois de mai. La trilogie des Guerilla, comprenant le petit dernier, sera rééditée en octobre. Et les autres suivront !
Quelles sont les ambitions des éditions Magnus ?
Être une des principales bouffées d’oxygène dont le pays a tant besoin. Fournir à nos lecteurs un matériau critique, en espérant contribuer à l’éveil, au niveau national, d’une masse critique de citoyens désireux de reprendre leur destin en main. Je tiens moi-même à veiller particulièrement au soutien des auteurs, qui sont souvent les moins bien lotis du marché du livre, comparativement au travail fourni, à la réputation engagée, etc. C’est aussi pour cette raison que nous avons créé une plateforme de vente directe (editionsmagnus.fr) sur laquelle nos livres sont disponibles en avant-première. Tout livre acheté via cette plateforme double les revenus directs de l’auteur. Cela permet aussi de contenter les lecteurs qui n’ont pas de bons libraires sous la main. Ce sont des choses qui arrivent !
Laurent Obertone, Game over la révolution antipolitique, Magnus, 2022, 20€
Voir aussi : La Furia en kiosque et chez votre libraire !