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LCI/Paris Première : la décision du CSA fait grand bruit

3 août 2014

Temps de lecture : 6 minutes
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LCI/Paris Première : la décision du CSA fait grand bruit

Temps de lecture : 6 minutes

Après des semaines de pressions et d’intenses tensions, le CSA a décidé de ne pas faire passer sur la TNT gratuite les chaînes LCI (groupe TF1), Paris Première (groupe M6) et Planète + (groupe Canal +).

« Les con­di­tions ne sont pas, à la date à laque­lle il se prononce, réu­nies pour autoris­er le pas­sage en gra­tu­it des deman­deurs », a écrit le CSA mar­di dans sa déci­sion, jugeant qu’a­jouter trois nou­velles chaînes gra­tu­ites serait sus­cep­ti­ble de déséquili­br­er un marché déjà en pleine crise pub­lic­i­taire. Des chaînes, « notam­ment celles qui ne sont pas adossées à un grand groupe », comme L’Équipe 21 ou encore Numéro 23, auraient pu se retrou­ver net­te­ment pénal­isées. Sans par­ler de la présence, avec LCI, de trois chaînes con­sacrées à l’in­for­ma­tion en con­tinu (qui parta­gent toutes, qui plus est, la même ligne éditoriale…).

Pour Olivi­er Schrameck, patron du CSA, cette déci­sion « démon­tre l’indépen­dance » du Con­seil. En effet, dans les semaines qui ont précédé, une intense pres­sion à été mise sur les épaules des Sages de la part des dif­férents acteurs audio­vi­suels con­cernés. Chan­tage et con­tre-chan­tage se sont succédé.

Tout a com­mencé lorsque Nonce Pao­lili, patron du groupe TF1, a annon­cé qu’il serait con­traint de fer­mer LCI dans le cas où le CSA venait à refuser son pas­sage en gra­tu­it. Actuelle­ment sur la TNT payante, LCI perd en effet env­i­ron 5 mil­lions d’euros par an et n’est acces­si­ble que par 2 mil­lions de téléspec­ta­teurs quand les deux chaînes de la TNT gra­tu­ite, I‑Télé et BFMTV, sont cap­tées par 30 mil­lions de Français.

Pour con­tr­er ce chan­tage, BFMTV et I‑Télé sont allées jusqu’à pro­pos­er de repren­dre, en cas de fer­me­ture, les deux tiers des salariés de LCI. Une manière de ras­sur­er le CSA au cas où celui-ci hésit­erait pour des ques­tions sociales. Quelques jours plus tard, c’est le groupe Le Monde qui jouait le rôle de bon samar­i­tain en pro­posant directe­ment de racheter LCI.

« Les action­naires majori­taires du Monde mènent cette réflex­ion depuis quelques semaines dans l’hypothèse où le CSA déciderait de laiss­er LCI en payant. Puisque les action­naires de cette chaîne ont déclaré publique­ment leur inten­tion de fer­mer LCI, les action­naires du Monde pour­raient le cas échéant for­malis­er une offre de reprise dans un délai court », avait expliqué au Figaro Louis Drey­fus, le prési­dent du direc­toire du groupe Le Monde.

Face à cette con­tre-offen­sive, Nonce Paoli­ni avait évo­qué une « ten­ta­tive inac­cept­able dont le seul but est de trou­bler la sérénité du CSA au moment de sa prise de déci­sion ». Et le patron de TF1 de pré­cis­er que LCI n’é­tait pas à ven­dre, dénonçant des « manip­u­la­tions détesta­bles » et soulig­nant les liens qu’en­tre­ti­en­nent Alain Weill, patron de Nex­tRa­dioTV (BFMTV) et Xavier Niel (action­naire du Monde) autour de la société Iliad…

Mal­gré toutes ces ten­sions, le CSA a ren­du sa déci­sion : pour LCI, Paris Pre­mière et Planète +, c’est non. Du moins, pour le moment. « Si les con­di­tions économiques vien­nent à chang­er, nous pour­rons recon­sid­ér­er les deman­des », a con­fié Schrameck au Figaro. Pas de quoi apais­er les ten­sions, plus que jamais ravivées par ce refus.

Sur Twit­ter, les salariés de LCI ont aus­sitôt faire part de leur décep­tion, et surtout de leurs craintes, en met­tant en cause directe­ment le CSA. « Coucou ma fille, ton papa ET ta maman vien­nent de per­dre leur boulot. Dis mer­ci au #CSA », a pub­lié l’un d’eux. « J’e­spère que le CSA a un job pour ma femme et un pour moi parce qu’on bosse tous les deux chez @LCI et on va avoir notre 2ème enfant », ajoute un autre. Sur un autre angle, un autre inter­naute fait remar­quer : « Résumé de la déci­sion du CSA : il faut que LCI meure pour qu’i>Télé puisse espér­er faire des béné­fices un jour. »

À lire ces réac­tions, les salariés sem­blent tous soudés der­rière Nonce Paoli­ni mal­gré sa déci­sion (uni­latérale) de fer­mer la chaîne. Du côté du patron de TF1 la colère se mêle à l’in­com­préhen­sion. « On nous empêche de faire notre méti­er ! », a‑t-il lancé, jugeant la déci­sion du CSA « tout à fait inex­plic­a­ble ». « Nous sommes sous le choc, nous allons tra­vailler pour lim­iter la casse sociale », a‑t-il encore ajouté. LCI pour­rait stop­per son activ­ité dès le 31 décem­bre 2014.

Dans la classe poli­tique aus­si, le ton est mon­té. Dans l’op­po­si­tion, on dénonce une « déci­sion poli­tique scan­daleuse » (Sébastien Huygue, porte-parole de l’UMP) ou encore des « moti­va­tions politi­ci­ennes d’une insti­tu­tion très proche du pou­voir » (Éric Ciot­ti). Pour­tant, comme le souligne Le Monde, ce choix n’é­tait pas non plus du goût de la majorité et même du gouvernement.

Reste pour LCI la propo­si­tion de rachat for­mulée par Le Monde via son trio d’ac­tion­naires BNP. Juste après l’an­nonce de la déci­sion du CSA, Louis Drey­fus, patron du Monde, a envoyé un SMS à Nonce Paoli­ni pour lui réaf­firmer son intérêt pour la chaîne. Mais à TF1, on digère mal que la propo­si­tion du Monde ait été faite 8 jours avant la déci­sion du CSA. Un non ferme a donc fait office de réponse. « Au-delà de leur décep­tion com­préhen­si­ble et d’un pre­mier mou­ve­ment d’humeur, l’été devrait leur per­me­t­tre d’avancer et de dis­cuter avec nous de notre pro­jet afin que les salariés de LCI puis­sent avoir à la ren­trée une autre per­spec­tive que la seule fer­me­ture », tem­père toute­fois Drey­fus.

Enfin, du côté de M6, Paris Pre­mière se dit égale­ment men­acée par cette déci­sion. « Le mod­èle économique de la chaîne se trou­ve aujour­d’hui mis en péril par cette déci­sion », a‑t-on com­men­té. Reste à Nico­las de Tav­er­nost, patron du groupe M6, à négoci­er avec les dis­trib­u­teurs (Canal­Sat, Numer­i­ca­ble…) qui pro­posent sa chaîne à leurs abon­nés dans le but de les con­va­in­cre d’aug­menter la rede­vance qu’ils versent au groupe. « Nous allons immé­di­ate­ment rené­goci­er avec les dis­trib­u­teurs pour voir s’ils font des offres économique­ment sat­is­faisantes pour main­tenir Paris Pre­mière en payant. Si ce n’est pas le cas, nous engagerons un recours con­tre la déci­sion du CSA. Et si nous n’obtenons pas sat­is­fac­tion, nous serons alors oblig­és de fer­mer la chaîne en dernier recours », a déclaré Tav­er­nost. Une lutte qui est loin d’être gagnée.

Chez LCI aus­si, on « exam­ine les voies de droit (que la chaîne) pour­rait être con­duite à engager devant les juri­dic­tions com­pé­tentes ». Pas de quoi faire trem­bler le patron du CSA. Dans son récent entre­tien au Figaro, Olivi­er Schrameck a con­fié que les Sages attendaient les recours « avec une grande sérénité »… Affaire à suivre.

Voir notre infographie du groupe Le Monde ainsi que notre dossier sur le CSA

Pho­to : La Tour Mirabeau, siège du CSA. Crédit : h de c via Flickr (cc)

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