Le Canard Enchaîné n’aime pas le web, et cela se sait – Médiapart en profite d’ailleurs joyeusement. Son site internet est une quasi coquille vide, et il n’est pas présent sur les réseaux sociaux. Cependant son succès déborde aussi sur le web et sur Facebook prolifèrent des comptes qui « utilisent le nom, le titre, le logo ou la typographie » du journal, reproduisent ses papiers voire se présentent « comme le compte officiel », se plaint amèrement le Canard dans ses colonnes… papier (1/11).
Or, « toutes ces pages, tous ces groupes divers et variés sont des faux. Le Canard n’a aucune présence sur Facebook », confirme-t-il sur papier. Habitué à plaider la liberté de l’information, le Canard a cette fois épousé le parti de la censure. Mais pas si facile de fermer l’ensemble des groupes fâcheux : « il a fallu entre autres remplir un long formulaire, palabrer avec Facebook qui joue à l’hébergeur impuissant »… et semble beaucoup plus lent à clouer le bec aux faux Canards qu’à la page d’un dessinateur honni du politiquement correct comme Marsault par exemple – même si sa page a été finalement rétablie depuis.
Le Canard a donc fait intervenir un de ses avocats, qui a écrit le 19 septembre une lettre à Facebook France recensant 8 faux comptes. Un mois plus tard, le 20 octobre, deux avocats de Facebook faisaient la réponse du berger à la bergère : « la société Facebook France n’a aucun contrôle sur les contenus publiés sur le service Facebook […] Nous vous informons que le service Facebook est opéré et hébergé par la société Facebook Inc., une société constituée et existant en fonction de la loi des États-Unis »… où les droits d’auteurs et des marques sont aussi fermement appliqués. Six jours plus tard trois des comptes visés par le journal étaient finalement désactivés.
Que fait Le Canard Enchaîné, journal responsable et inséré de plain pied dans la société post-moderne numérisée ? Il menace Facebook de procès : « si le Delaware ne va pas au Canard, le Canard ira au Delaware » et refuse mordicus de mettre en place une solution simple. À savoir une page Facebook officielle – qui peut être une quasi coquille vide – comme l’ont fait des milliers de personnes publiques, entités, marques ou collectivités dans le monde. Au lieu de ça, le Canard pleure à chaudes larmes d’encre dans son papier et continue de taper du bec dans la mauvaise porte. Bonjour, Pivert enchaîné !