La culture de l’effacement européen ne sévit pas que dans les médias, comme le montre l’exemple du cinéma. Le whitewashing, littéralement « blanchir à la chaux » en anglais, est un concept inventé et importé des États-Unis. Ce terme « novateur » décrit le fait pour un acteur blanc de jouer le rôle d’un personnage dit « racisé », c’est-à-dire noir, asiatique ou encore maghrébin.
De Buzzfeed à Allociné
Que ce soit la presse cinéphile, les médias d’infodivertissement ou même des rédactions renommées, le concept du whitewashing a envahi le paysage médiatique de logorrhées antiracistes, décoloniales et autres idéologies issues de la repentance. Ainsi, on assiste depuis 2015 à un florilège d’articles tels que « 18 exemples de «whitewashing» au cinéma » (Buzzfeed) ou encore « Whitewashing à Hollywood : 14 exemples édifiants pour comprendre ! » (Allociné).
Les Césars aussi
La question de la diversité dans les films et séries revient régulièrement sur le devant de la scène. Le comédien Jean-Pascal Zadi, meilleur espoir (noir) masculin au César 2021 pour son film Tout simplement noir, a ainsi remercié dans son discours plus que bancal : les comédiens et comédiennes noires qui l’ont précédé. Certes, beaucoup de rôles de personnages non-européens ont été joués par des acteurs blancs, il ne s’agit pas de nier une évidence. Par exemple, Édouard Baer, acteur blanc, joue le rôle d’un égyptien (Otis) dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.
Pour France Info, l’origine du whitewashing se trouverait dans la pratique de la blackface, consistant pour un blanc à se grimer en noir pour jouer le rôle d’un personnage noir. Cette pratique remonterait au XVIIe siècle.
Le whitewashing est accusé de deux maux : réécrire l’histoire, en ne respectant pas l’ethnie historique du personnage, et mettre sous le boisseau des acteurs non-blancs, en les cantonnant à des seconds rôles. En d’autres termes, le whitewashing serait l’incarnation même du racisme systémique qui rongerait nos sociétés occidentales. Dénoncer le whitewashing, c’est dénoncer le fameux « privilège blanc ».
Arsène Lupin était noir ? Bien sûr !
Mais qu’en est-il du blackwashing ? C’est à dire, lorsqu’un personnage blanc est joué par un acteur noir. Là aussi, les exemples ne manquent pas. Ainsi, dans la série Lupin (2021) de Netflix, Omar Sy joue le rôle d’Arsène Lupin, gentleman français (et bien blanc) qui évolue dans la France de la Belle Époque. Ou encore Jodie Turner-Smith, actrice britannique noire interprétant le rôle d’Anne Boleyn, épouse d’Henri VIII d’Angleterre. Et on parle d’un Africain pour jouer Achille dans l’Iliade, pauvre Homère…
Ce blackwashing a‑t-il autant mauvaise presse que le whitewashing ? Non, car il vise à apporter de la « diversité ». Il s’inscrit dans la culture woke, qui souhaite mettre en lumière les « injustices » subies à cause de la couleur de peau, mais pas de toutes les couleurs.
Le site Slate dénonçant les « cas de whitewashing », le 15 mars 2020, va jusqu’à affirmer que « Le blackwashing n’existe pas », le sous-titre précisant « Le whitewashing existe bel et bien mais il n’y a pas de symétrie qui tienne. ».
Le cinéma est ainsi devenu une véritable machine de propagande pour l’idéologie antiraciste et décoloniale. Le whitewashing : c’est mal et raciste, mais le blackwashing, c’est bien et inclusif. Fermez le ban.
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