Nous reproduisons un article de notre confrère Orient-Ations, numéro 304 du 12 octobre 2020 de l’Observatoire Géostratégique, sur la libération du dernier otage français au Mali, l’humanitaire Sophie Pétronin, libérée le 8 octobre. Certains intertitres sont de notre rédaction.
« Après quatre longues et pénibles années de détention par le Jamad Nosrtat al-Islam wal-Mouslim, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (principale alliance djihadiste au Sahel lié à Al-Qaïda), Sophie Pétronin, humanitaire enlevée au Mali est enfin libre, relativement en bonne santé à 75 ans, le 8 octobre 2020. Tout citoyen français ne peut que se réjouir de cet heureux dénouement qui concerne également une personnalité malienne Soumaïla Cissé, deux italiens et un prêtre. Sa famille qui a alerté les pouvoirs publics, les a vivement crédités, pris des contacts avec des intermédiaires proches des ravisseurs (dont on ne nous parle peu), va pouvoir retrouver sa fille prodigue et inconsciente.
Un peu de bon sens géopolitique
Cette bonne nouvelle doit être tempérée par quelques remarques de bon sens. Cette affaire met en lumière l’irresponsabilité de ce que l’on qualifie « d’humanitaires » mais qui ne sont que des agents faisant du social ou du médical en Afrique, six décennies après l’indépendance de ces États. Nous avons vu ce qu’il en a coûté à quelques jeunes exaltés au Niger, cet été. On croit rêver en entendant Sophie Pétronin manifester son désir de retourner sur les lieux où elle a été enlevée alors même qu’elle avait échappé à une tentative d’enlèvement en 2012 à Go où elle n’aurait pas que des amis. Manifestement, cette idéaliste ne comprend rien à la géopolitique et à la doctrine des islamistes et salafistes au Sahel et particulièrement au Mali à l’égard des Français. Même si la France répète mécaniquement qu’elle ne paie jamais de rançons pour libérer des otages – mensonge d’État par excellence -, il serait intéressant de savoir combien auront coûté aux contribuables français les illuminations de cette Dame Pétronin au grand cœur et à la cervelle d’oiseau durant ces quatre années. Horresco referens ! On ne vous le dira jamais de peur d’alimenter les extrêmes.
Militaires amers
Nos militaires de la force « Barkhane », qui font la chasse aux djihadistes dans des conditions problématiques (45 d’entre eux ont déjà perdu la vie dans cet « Afghanistan de proximité » depuis 2013), ont dû apprécier à sa juste valeur, la libération de centaines de djihadistes, auxquels ils font la chasse, pour récupérer une seule exaltée française. Djihadistes qui s’empresseront d’aller combattre les méchants français colonisateurs qui pillent leur pays, tout en leur imposant leur mode de vie occidental. Que ce soit en Afrique ou en France. Pourquoi les Africains qui font du social en France ne le feraient pas dans leur pays et les Français dans l’Hexagone ? Ce serait plus logique et plus cohérent. En dernière analyse, la farce Pétronin repose à nouveau la question de l’opportunité et de l’intérêt de notre présence militaire dans le Sahel. Bien évidemment, toutes ces questions ne seront pas soulevées sur les chaînes d’abrutissement en continu et encore moins par les députés de la République en godillots et en déroute. « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire » (George Orwell).
Le précédent Françoise Claustre
Pm : il se dit que le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing aurait convoqué l’otage Françoise Claustre (« la prisonnière du désert », enlevée en 1974 et retenue pendant trois ans au Tchad dans une zone où il lui était interdit de se rendre) dans son bureau pour lui faire part de la facture monstrueuse de sa libération, lui demander de se faire oublier, de ne rien dire et écrire sur son aventure. Ce qu’elle fit scrupuleusement, consciente de sa responsabilité dans son enlèvement. Elle est décédée en 2006.
La communication du clergé médiatique
Une fois de plus, sur tous ces sujets, notre vénéré clergé médiatique ne fait pas son travail : investigation, recoupement, questionnement critique sur les tenants et aboutissants d’affaires complexes. Nos perroquets à carte de presse ne pensent plus. Ils se contentent de reprendre les éléments de langage que leur ont concoctés les hordes de communicants qui évoluent dans les allées du pouvoir. Quant à nos dirigeants, honte à eux qui conduisent la France à la catastrophe en chantant sur l’air des lampions. Ils ont oublié que gouverner, c’était prévoir, prendre ses responsabilités avec courages, maintenir un cap avec une boussole en lieu et place de faire de la com’ à outrance. La devise de la République « Liberté, égalité, fraternité » ne signifie plus rien. Elle devrait être remplacée par « Autorité, responsabilité, courage ». Y’a pas que de mauvaises nouvelles ! Mais, il en a quelques-unes qui méritent d’être relevées dans l’intérêt général… »