La question féministe est abordée de façon récurrente à droite en France depuis une dizaine d’années : « Les Antigones », « Les Caryatides », les identitaires de « Belle et Rebelle » furent autant de tentatives de casser un monopole idéologique quasi exclusif de la gauche. Le dernier épigone en date s’appelle « Némésis » et vous en avez forcément entendu parler. Créé par Alice Cordier à la suite du viol d’une jeune femme dans son jardin par un migrant en 2019, le collectif féministe Némésis a su se démarquer dans le paysage politique français grâce à ses actions chocs autant que par son positionnement singulier. Présentation d’un phénomène médiatique atypique.
Un féminisme identitaire ?
Leurs objectifs : « dénoncer toutes les violences faites aux femmes, souligner l’impact de l’immigration sur les femmes européennes et promouvoir l’épanouissement de la femme dans la civilisation européenne. » (collectif-nemesis.com/manifeste).
Alors que 63% des agressions sexuelles dans les transports en Ile-de-France sont le fait d’étrangers (Ministère de l’Intérieur), le collectif Némésis se présente comme une alternative aux « supercheries des mouvements dits féministes » en portant la voix des trop nombreuses femmes victimes de l’immigration extra-européenne.
Banderoles déployées sur des immeubles, gardes-à-vue, fumigènes, un discours qui tranche : une « agit prop » efficace visant à mettre les « néoféministes » devant leurs incohérences idéologiques sur la question migratoire ont tôt fait de leur assurer une notoriété certaine et l’inimitié de la gauche médiatique.
« Ce collectif au nom inspiré par la déesse vengeresse antique fait, depuis un an, presque autant de bruit médiatique en France que les Femen à leurs débuts. »
Yann Perreau, Jeunes, jolies et fachos, la nouvelle vitrine de l’extrême droite, Elle, 23 avril 2021
Libé et « l’image rétrograde des femmes »
Conscients du danger, les premiers à dégainer sont Pierre Plottu et Maxime Macé dès novembre 2019 dans Libération. Selon eux, Némésis serait le vecteur « d’une image rétrograde des femmes ». En seule guise d’illustration : l’interpellation par une militante début novembre de Ségolène Royal pour avoir « importé des masses de cruauté au détriment des Français et des Françaises avec des politiques hyperlaxistes en matière d’immigration ». Faute de pouvoir répondre sur le fond, nos deux compères donnent dans le narratif pseudo sociologique : « Dans une mouvance qui porte une image rétrograde de la femme, militer quand on en est une reste une gageure. Leur militantisme est toléré s’il est une passade, preuve en est le jeune âge des figures précitées ».
D’autres leur reprochent la propagation sur les réseaux sociaux d’images violentes ou chocs d’agressions subies par des femmes.
On arrêtera de diffuser les vidéos quand vous passerez plus de temps à traquer les auteurs de ce genre de méfaits plutôt que ceux qui partagent la dite vidéo https://t.co/UUCmrGkdpt
— Collectif Némésis (@NemesisNemesi75) December 14, 2023
« Fémonationalisme »
Politis dénonce une « manipulation » : « Sous couvert de féminisme, ces mouvements défendent un agenda xénophobe et raciste. » Et reprend le néologisme inventé par la sociologue britannique Sara R. Farris, spécialiste en études de genre, en migrations et en racisme, « fémonationalisme », pour tenter de discréditer le phénomène.
Voir aussi : Les romances antifas dans les médias de grand chemin
Menaces de mort d’un mouvement associé à LFI et persécutions
De son côté, l’activiste antifa Raphaël Arnault — leader de la Jeune Garde, mouvement porté en étendard par LFI — a interpellé Mila, membre du collectif, la menaçant verbalement, et promettant de « mettre une balle dans la tête » à « sa copine Alice Cordier ». (Boulevard Voltaire).
Comme le révèle Breizh Info, le collectif a été également frappé par le « terrorisme économique » du Crédit Mutuel qui a fermé ses comptes sans aucune justification.
Merci infiniment à Matthieu Bock-Côté d’avoir mis en avant l’injustice que nous subissons de la part de notre banque qui a clôt notre compte manu militari et sans raisons.
Nous subissons ce que beaucoup d’autres ont subi par le passé : une répression douce pour motif politique. pic.twitter.com/dMUlN6CAeC
— Alice Cordier (@CordierAlice2) November 8, 2023
Si vous voulez en savoir plus : collectif-nemesis.com