En lançant le « Décodex », un outil permettant de vérifier la « fiabilité » des sites d’information, Le Monde s’est érigé en juge (et partie…) du journalisme. Les critiques, nombreuses, n’ont pas manqué, et le quotidien du soir commence déjà à faire machine arrière.
Dans une lettre adressée aux lecteurs, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a annoncé une « nouvelle version » du Décodex à venir. Pour ne pas se voiler la face, ce dernier nous explique que le Décodex a été un « grand succès », envié à l’international et ayant reçu un « excellent accueil de la part des enseignants et des parents »… Néanmoins, il note que Le Monde a « aussi entendu les remarques et les critiques autour de cette première version, qui était loin d’être parfaite. Des erreurs ont été commises dans l’analyse de certains sites. »
En particulier, le code couleur a été une erreur grossière. Ce dernier a en effet « pu laisser comprendre que nous avions l’intention de labelliser toutes les sources d’information existantes ». Ce qui fut le cas… Fenoglio poursuit en assurant que « l’intention du Monde n’est évidemment pas de s’improviser agence de notation des sites de toute provenance ».
Ainsi une deuxième version du Décodex va bientôt voir le jour, « avec un code couleur se concentrant sur les sites diffusant régulièrement de fausses informations ainsi que sur ceux pour lesquels il nous semble important d’avertir le lecteur sur un point en particulier », précise-t-il. Une manière donc de se passer du label vert, appliqué aux sites amis (mainstream), tout en conservant le même principe grotesque du label négatif pour les sites jugés peu fiables (en somme, les sites de réinformation). De plus, une « nouvelle fonctionnalité de l’extension, qui informera les lecteurs quand ils lisent un article diffusant une fausse information que nous avons repérée et traitée » va apparaître.
En abandonnant le label vert, on observe que Le Monde tente de faire taire les critiques émanant des autres sites d’information traditionnels. En revanche, la « réinfosphère » continuera à recevoir, de façon arbitraire et peu réfléchie, des labels en tout genre pour dissuader le lecteur lambda de s’y aventurer (quand bien même cela produit l’effet inverse…).
En attendant cette nouvelle version, qui sera à n’en pas douter aussi ridicule et malhonnête que la première, les « Décodeurs » poursuivent quant à eux leur « formidable » travail de vérification de l’information. Dernier exemple en date : un article, des coups de téléphone et un travail d’enquête pour démonter une rumeur accusant la marque William Saurin de financer l’islam avec un cassoulet 100 % volaille. Une information diffusée par une page Facebook comptant à peine plus de 1000 abonnés et « likée » 26 fois au moment de la rédaction de l’article. Un travail salutaire…
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« Décodex : Le Monde financée par Google, l’effet boomerang »