C’est une étude de la Fondation Jean Jaurès et de Confrontations Europe qui le révèle : la couverture médiatique des européennes aurait connu une chute de 30 % par rapport à l’année 2019…
En France, la campagne des Européennes 2024 n’a pas rencontré son public médiatique : si l’on en croit l’étude de la Fondation Jean Jaurès et du laboratoire d’idée Confrontations Europe, qui se sont alliés à l’INA et au service de veille médias Onclusive, la couverture télévisuelle, radiophonique et numérique de la campagne pour l’élection des députés européens a connu une forte baisse de 30 % par rapport à la dernière campagne européenne en 2019. « Les Français comptent parmi les Européens les plus mal informés sur l’Union européenne (UE). 49 % d’entre eux déclaraient à l’automne 2023 avoir récemment vu, entendu ou lu une actualité relative à l’UE. Ce qui nous place au dernier rang des 27 États membres », indique l’étude en introduction.
Les mauvais élèves de la couverture européenne
Parmi les mauvais élèves, les chaînes privées couvriraient assez peu l’évènement, à l’inverse de certaines chaînes du service public. Arte est le lauréat de la couverture de cet évènement, avec 6,9 % de ses sujets consacrés aux européennes au sein de son Arte journal. De même, les médias généralistes seraient assez peu tentés par la couverture de tels évènements ; ils préfèrent évoquer la politique nationale comme les sujets consensuels du sport.
La faute aux politiques ?
La culpabilité des politiques en matière de couverture de cette campagne pourrait être incriminée ; l’absence de notoriété de certains candidats aux européennes serait ainsi l’une des causes de cette faible couverture. « La visibilité des députés européens est chroniquement faible, constate le rapport. […] Cette réalité est amplifiée par la désignation de têtes de liste peu ou pas connues des Français, à commencer par la tête de liste de la majorité présidentielle, Mme Valérie Hayer ». En effet, seules quelques têtes de liste semblent connues du grand public, notamment les personnalités ayant déjà tenu ou tenant encore un rôle sur la scène politique nationale – à l’image de Jordan Bardella ou Marion Maréchal. Par ailleurs, l’étude note une « omniprésence des soutiens […] partisans des différentes listes », à l’image d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Marine Le Pen, Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon.
Cette absence de connaissance des différentes personnalités politiques s’allie à une mauvaise couverture des activités européennes en général ; les activités du parlement et des institutions européennes sont peu évoquées dans la grande presse ou par à‑coups et ce qui s’y fait demeure souvent assez flou…
Une couverture inégale suivant le parti
La couverture des personnalités politiques semble également dépendre de leur appartenance politique. Évaluant la visibilité des têtes de liste par leur taux de mention dans les médias, l’étude révèle que le trio de tête des politiques les plus mentionnés sont Jordan Bardella, suivi de Raphaël Glucksmann et Valérie Hayer. À l’inverse, le trio de queue voit se suivre François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal et Manon Aubry.
Les rares moments où la campagne semble bien couverte par les médias sont les temps d’actualité forts : l’annonce des nouvelles prises de guerre venant s’ajouter aux listes, à l’instar de Fabrice Leggeri, ancien de Frontex ou Mathieu Valet, ancien commissaire de police, pour le RN, ou de Rima Hassan, égérie propalestinienne pour LFI.
Quels thèmes de campagne ?
Pour le rapporteur de l’étude, cet étiolement médiatique est le signe que la campagne européenne n’existe peu ou prou pas en France ; pour la Fondation Jean Jaurès, c’est « une forme de seconde élection législative dont le thème serait les questions européennes », qui est actuellement en train de se jouer.
Et en effet, les thèmes de campagne abordés demeurent assez proches de ceux proposés pendant les campagnes nationales : le pouvoir d’achat arrive en tête, évoqué avec le nom du candidat socialiste Raphaël Glucksmann dans 24 % des articles y faisant mention.
L’immigration arrive sans surprise sur la table : 33 % des articles et sujets y ayant trait évoquent Jordan Bardella. Les candidates Marion Maréchal et Valérie Hayer suivent de près ce mouvement.
Enfin, l’environnement (préoccupation majoritaire des écologistes) est un sujet de campagne, au même titre que la guerre en Ukraine, où Valérie Hayer occupe le plus le terrain avec Raphaël Glucksmann.
Ces quatre sujets occuperaient selon l’étude « 20 % du bruit généré par la campagne des élections européennes ». On espère qu’ils auront encore quelque chose à raconter pour la présidentielle et les législatives…
Voir aussi : Débat Attal – Bardella : la presse de gauche unanime pour consacrer le vainqueur