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Le Figaro accueille aussi les « jeunes », le mot qui euphémise

14 mars 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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Le Figaro accueille aussi les « jeunes », le mot qui euphémise

Temps de lecture : 5 minutes

Les lecteurs des quotidiens et des magazines, tout comme les auditeurs et les téléspectateurs, ont désormais l’habitude d’entendre des mots choisis avec attention, ainsi le mot « jeune », lorsque se produisent des événements impliquant le caractère ethnique des personnes incriminées. Une habitude à laquelle ils s’habituent ou non. Reste qu’elle a gagné l’ensemble des médias et ne souffre plus de critique, ainsi que le montre l’exemple caricatural d’un court article paru dans Le Figaro daté du lundi 4 mars 2019.

Que lit-on dans cet article ?

La recen­sion d’un drame, en pre­mier lieu : deux indi­vidus de 17 et 19 ans sont morts dans un acci­dent en fuyant la police, à Greno­ble. Toute la ques­tion étant juste­ment de regarder com­ment les faits sont recensés.

  • Le titre : « Greno­ble : heurts après la mort de deux jeunes ».
  • Le cha­peau de l’article: « Le drame a déclenché de vio­lents affron­te­ments avec les forces de l’ordre ».

Le Figaro pou­vait être bien plus factuel. Par exem­ple : « Le com­porte­ment irre­spon­s­able de deux jeunes délin­quants issus de l’immigration et vivant dans un quarti­er com­mu­nau­tarisé déclenche un acci­dent mor­tel ain­si qu’une nuit d’émeutes urbaines eth­niques à Greno­ble ». La présen­ta­tion eut été plus proche de la vérité des faits, plus factuelle et plus jour­nal­is­tique donc. Notons que les deux indi­vidus dont le com­porte­ment irre­spon­s­able cause ten­sions après ten­sions à Greno­ble, depuis l’accident ayant con­duit à leur mort, se prénom­ment Adam et Fatih.

Les mots de l’article:

→ Le mot « jeune » appa­raît 6 fois dans ce court arti­cle. Il y a aus­si « vic­times ». Aucune men­tion n’est faite du car­ac­tère eth­nique de ces deux « jeunes », de leurs orig­ines ou des car­ac­téris­tiques du quarti­er Mis­tral où ils vivaient. Indi­quer ces car­ac­téris­tiques eut en effet été immé­di­ate­ment sig­naler que le com­porte­ment des deux indi­vidus a été un com­porte­ment cul­turel eth­nique usuel dans les quartiers com­mu­nau­tarisés où ne vivent pra­tique­ment plus d’européens. Quel genre de com­porte­ment ? Ce que relate l’article, sans que cela con­duise Le Figaro à s’interroger sur les orig­ines, la cul­ture ou l’éducation des deux délin­quants issus de l’immigration : « A 21 h 10, la police munic­i­pale a con­staté qu’un scoot­er qui com­met­tait des dégra­da­tions de rétro­viseurs dans la ville a refusé de s’arrêter. Vers 22 heures, il aurait ensuite été vu cir­cu­lant à vive allure, feux éteints, sans plaque d’immatriculation. La police l’a alors suivi à dis­tance ». Suivi ain­si, juste­ment parce que la police ne peut plus guère inter­venir sans pren­dre le risque que se pro­duise un drame de cette sorte qui retombe ensuite immé­di­ate­ment sur les forces de l’ordre et la France. Le Figaro ne s’étonne pas que ces « jeunes » soient au guidon d’un scoot­er volé, s’amusent à bris­er des rétro­viseurs, occu­pa­tion sans doute habituelle pour toute la jeunesse de France et d’Europe, roulent sans plaque d’immatriculation et sans feux… Pourquoi ? ce n’est pas anor­mal (bien que n’étant sem­ble-t-il ni eth­nique ni cul­turel), ce que dira un autre « jeune », proche des deux morts, le lende­main, sur Fran­ce­in­fo : « C’est abusé de pour­suiv­re des gens pour ça. Tous les jours on fait ça, ya rien de mal, faut pas tuer les gens pour cela ». Que la police tente de stop­per une série de faits de délin­quances anor­maux est donc le prob­lème, pas la délin­quance. Per­son­ne ne sem­ble imag­in­er que les deux « jeunes » auraient pu en toute sim­plic­ité et légal­ité obtem­pér­er aux forces de l’ordre et de ce fait ne pas se tuer, pas même Le Figaro.

→ Cul­turel et eth­nique ? Les pho­togra­phies de la « marche blanche » organ­isée le mer­cre­di 6 mars en mémoire des deux morts démon­treront de façon incon­testable ces caractères.

→ Les suites de l’accident. Le Figaro relate les « événe­ments », con­crète­ment des scènes d’émeutes urbaines, qui suiv­ent ce qui s’est passé. Le ton est éton­nant : les « jeunes » attaque­nt une caserne de CRS, brû­lent des voitures, s’attaquent à tout ce qu’ils peu­vent cass­er, met­tent le feu, affron­tent les forces de l’ordre avec des cock­tails molo­tov… Con­clu­sion du Figaro : aucune inter­pel­la­tion n’a eu lieu. Car, et cela Le Figaro ne le dit pas, la grande crainte est d’interpeller quelqu’un, un de ces « jeunes » juste­ment, quel que soit son com­porte­ment, comme par exem­ple utilis­er un scoot­er volé pour détru­ire les rétro­viseurs des voitures de citoyens pais­i­bles, sans casque etc. L’idée est de ne pas stigmatiser.

Ce qui est intéres­sant dans cet arti­cle ? Le fait que le car­ac­tère africain de l’ambiance qui règne dans le quarti­er Mis­tral de Greno­ble ne soit pas men­tion­né, pas plus le fait indé­ni­able que plus aucune loi de la république n’est respec­tée, par ces mêmes « jeunes », dont cer­tains finis­sent plus tard en prison et au sujet desquels les gar­di­ens témoignent juste­ment qu’ils ne respectent plus aucune autorité, ou encore que rien dans le com­porte­ment d’aucune des per­son­nes con­cernées, depuis les deux délin­quants jusqu’aux jeunes africains descen­dus dans la rue, en pas­sant par les organ­isa­teurs de la marche blanche n’est nor­mal. De même qu’il n’est pas nor­mal que Le Figaro taise des faits con­crets : l’origine des deux délin­quants et le car­ac­tère eth­nique des émeutes, lesquelles ne sont pas des « heurts ». Bien sûr, il y a des fauss­es rumeurs dans les médias. Il y a aus­si des silences volon­taires qui dis­ent beau­coup. Ceux au sujet des émeutes eth­niques urbaines par exemple.

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