Le naufrage progressif de la presse papier oblige les journaux, même les plus anciens ou les mieux établis, à opérer quelques changements. Le Figaro, qui va procéder à un « changement d’horloge interne » afin de privilégier son édition Web, l’illustre très bien.
Réactivité et flexibilité
La presse numérique a ses avantages. La flexibilité et surtout la réactivité qui est une vertu cardinale dans notre époque où les réseaux sociaux peuvent révéler un scoop et l’ébruiter en quelques minutes. Ce sont ces raisons qui poussent Le Figaro à miser davantage sur son édition Web. Alexis Brézet, le directeur des rédactions, a détaillé le nouveau fonctionnement de la rédaction pour opérer cette bascule.
Concrètement, les publications seront réparties tout au long de la journée grâce à trois bouclages web, matin, midi et soir. Par ailleurs de nouvelles newsletters plus spécifiques verront le jour afin de transmettre les articles aux abonnés numériques. L’objectif est de mieux mettre en valeur le site tout en fluidifiant la mise au point de l’édition papier encore tirée à 350 000 exemplaires. Les réunions de rédaction seront décalées du matin à l’après-midi. L’objectif est aussi d’éviter les embouteillages de relecture qui ont lieu la veille de la publication de l’édition papier.
Deux fois moins d’abonnés numériques que Le Monde
Le contexte dans lequel intervient ce changement est particulier. Le Figaro est lancé dans une course aux abonnés avec Le Monde. Aujourd’hui le titre détenu par la famille Dassault compte deux fois moins d’abonnés numériques que le journal de Xavier Niel. Le plan « web first » veut combler cet écart. Il y a aussi un contexte économique : alors que le pôle news du journal connaît de sérieux déboires financiers, quinze départs ont lieu actuellement dans le cadre du plan social visant la rédaction « non-écrivant ».
Papier/web, croisement des courbes de revenus
Cette situation n’est pas exclusive au monde. Konbini, 20 Minutes et d’autres doivent procéder à des licenciements ou basculer sur le Web intégral afin de joindre les deux bouts. Les coûts d’impression augmentant tandis que le nombre de lecteurs s’effondre conduisent logiquement à cette situation. Le Figaro voit s’opérer le croisement entre les deux courbes de chiffres d’affaires (le papier et le Web). En 2024, l’édition papier a rapporté 77 millions tandis que le Web a rapporté 76 millions. Avec l’augmentation du Web, c’est ce dernier qui risque de prendre l’ascendant. Le journal doit donc aussi opérer ce basculement pour des raisons économiques.
Corentin Catel