Le quotidien nordiste, qui avait appelé à faire barrage au Front national lors des dernières élections régionales, a été désavoué par ses lecteurs.
La Voix du Nord n’a gagné qu’environ 5000 exemplaires de ventes en kiosques sur ses éditions du 1er et 2 décembre, qui appelaient clairement à faire barrage à Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais. La première expliquait “pourquoi le Front National nous inquiète”. La seconde clamait en couverture que “Marine Le Pen et le FN ne sont pas ce qu’ils disent”. S’en était suivi un argumentaire précis mais partisan prédisant l’apocalypse si le Front national s’emparait de la région. Ça n’a été le cas puisque Xavier Bertrand, le maire les Républicains de Saint-Quentin, l’a emporté grâce aux voix de gauche. Reste que les résultats de La Voix du Nord, détenue par le groupe belge Rossel, méritent qu’on s’y penche un instant et qu’on en retienne certains enseignements.
En réalisant une hausse de 10% par rapport à ses ventes en kiosques habituelle, La Voix du Nord fait un score médiocre. Compte tenu de l’énorme médiatisation du coup du journal, le quotidien régional pouvait espérer atteindre 30 à 40% au minimum. Encore plus significatif, La Voix du Nord a connu une centaine de désabonnements, contre seulement une vingtaine de nouveaux abonnements. Preuve supplémentaire que Les Cht’is n’ont guère suivi leur journal, les deux tiers des personnes interrogés lors d’un sondage organisé par La Voix ont déclaré désapprouver cette prise de position aussi marquée.
Avec une année 2016, qui sera forcément riche en actualité politique compte tenu de l’échéance de l’élection présidentielle de 2017, certains éditorialistes et rédacteurs en chef de la PQR seront probablement tentés de rompre eux aussi avec la neutralité du titre qu’il représente. Compte tenu de l’expérience de La Voix du Nord, ils devraient rapidement en être dissuadés par leur direction.