Les affaires sinistres sont profitables. L’intérêt pour le glauque et le scabreux n’est pas nouveau mais il semble connaître une nouvelle jeunesse. La multiplication des faits divers — ou plus certainement la prolifération du traitement de ces sujets — assure aux sites d’information une hausse de leur fréquentation et de potentiels abonnements. Le Figaro s’est engouffré dans la brèche et propose désormais une lettre hebdomadaire sur le sujet.
Le succès des faits divers
Tout ce qui permet de se dire que nos vies sont moins pires que celles dont on parle dans la presse nous réjouit. C’est sur ce constat que semble fonctionner le succès des faits divers. Un objet médiatique bien connu qui, dans une certaine mesure, a déjà eu des petits avec la téléréalité.
Le Figaro, l’un des plus gros journaux de France réputé pour son sérieux, a même cédé aux sirènes de ce « phénomène ».
Une lettre dédiée
Parmi les lettres d’actualité proposées par le titre (Les titres du matin, la lettre Santé…) s’est glissé une petite nouvelle : Faits Divers. Tous les dimanches, les abonnées peuvent désormais recevoir une lettre d’information sur les fameux chiens écrasés. Le succès des publications sur la mort tragique d’une jeune fille retrouvée dans une malle à proximité du logement familial en octobre 2022 à Paris, dans ce qui a ensuite été nommé « l’affaire Lola », a montré la voie. La principale accusée, Dahbia B., a été mise en examen pour meurtre de mineur de moins de 15 ans, tortures, actes de barbarie mais aussi pour viol sur mineur. Plus récemment, c’est l’affaire Palmade qui a défrayé la chronique avant que la « disparition de Leslie et Kevin » ne fasse à son tour les gros titres.
Un format original
Derrière le sensationnel, la présentation faite par Le Figaro de cette nouvelle lettre semble indiquer un contenu qui ne sera pas exclusivement focalisé sur du glauque ou du spectaculaire. Le journal évoque des « reportages, procès, récits exclusifs et archives inédites », « la délinquance du quotidien » comme les « grandes énigmes de notre temps ».
Soucieux de ne pas tomber dans le tabloïd, le journal traite ainsi l’affaire Palmade dans une perspective qui se veut « loin des révélations people et autres rumeurs ». En matière de faits divers, Le Figaro ne veut pas perdre le fil de l’audience et ne renonce pas à donner une importance démesurée à des affaires de moindre importance, bien que dramatiques. Le titre a des obligations de résultats qui le poussent parfois à des cabrioles éditoriales grotesques ; mais en matière de fait divers, il est plutôt rassurant de voir ce journal proposer une telle offre de contenu. L’approche de ces affaires y est moins sulfureuse que dans la presse spécialisée (parfois caricaturale et voyeuriste). Le Figaro avait ainsi traité l’affaire Jubilar avec une mesure certaine.
Un traitement journalistique délicat
Le traitement des faits divers n’est en effet pas facile pour le journaliste car il implique un choix compliqué des mots mais aussi une mise en perspective pertinente par rapport au reste de l’actualité et aux phénomènes de société. Longtemps réservé à certains journaux comme France-Soir ou à des revues « spécialisées », il est plutôt rassurant de voir des titres plus généralistes s’emparer de ces affaires pour leur donner une dimension appropriée.