Francfort-sur-le-Main. Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) accuse son homologue suisse, la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) de « virer à droite », ce dont son rédacteur en chef, Eric Gujer, serait responsable. Le texte a été écrit par une stagiaire qui s’est déjà commise pour le Taz (journal très à gauche, n.d.t.), pour le média de gauche radicale Jungle World et le Neues Deutschland (ND), communiste.
La raison de cette attaque est la remise du prix Ludwig Börne 2022, doté de 20 000 euros, à Eric Gujer dans la Paulskirche de Francfort. La Fondation Ludwig Börne récompense chaque année « les réalisations exceptionnelles d’auteurs germanophones dans les domaines du reportage, des essais et de la critique ». L’article de la FAZ indique dès le début que Gujer serait « controversé en raison du virage à droite du journal ». Pour la stagiaire, Othmara Glas, les propos admiratifs tenus par le néerlandais Leon de Winter lors de la remise des prix seraient contre les femmes, tout bonnement misogynes.
Aucune citation n’étaye ces allégations
Afin de discréditer Gujer et de prouver que le journal « s’est trop déplacé vers la droite sous sa direction », elle ne cite qu’un politologue de gauche, Claus Leggewie, grand admirateur de mai 1968 : Sous Gujer, la NZZ se serait ouverte à un public non pas représentatif d’un conservatisme sain mais se situant bien plus à droite. Et voilà tout pour preuves fournies par l’ancienne employée de Neues Deutschland, communiste ne l’oublions pas. Aucun extrait de texte, aucun un article pour soutenir, ne serait-ce qu’approximativement, l’accusation. Gujer est à droite, il ne mériterait donc pas le prix. Basta. C’est aussi simple que ça dans un journal qui s’est vanté autrefois qu’il y avait toujours une tête avisée derrière tous ses articles.
Les allégations contre le président du jury, le Néerlandais Leon de Winter sont tout aussi minces. Toujours sans citation à l’appui, Othmara Glas affirme que ce dernier serait « tout aussi controversé que Gujer en raison de déclarations anti-islamiques ». Le lecteur de la FAZ n’a qu’à le croire. Ou non. Un passage dans lequel il aurait dit que seuls les hommes combattent sur le front en Ukraine, tandis que les femmes et les enfants sont évacués, sert de preuve à l’affirmation selon laquelle ses propos lors de la remise des prix auraient été « misogynes ». Léon de Winter, écrivain et cinéaste néerlandais, a attribué cela à la physiologie plus faible des femmes qui ne peuvent pas porter d’armes lourdes.
Un membre des Verts quitte la salle
Le chef du conseil municipal (membre des Verts), Madame Hilime Arslaner, aurait quitté la remise des prix à cause de cette déclaration. N’aurait-il pourtant pas été l’occasion, pour la FAZ, d’utiliser cet incident pour aborder le refus typiquement « vert » de s’engager dans les discussions, refus souvent suivi d’exclusion ?
Un monde de plus en plus hystérique
Les raisons du journal et de son auteur de critiquer la remise des prix semblent évidentes, de Winter ayant salué la NZZ comme une « grande institution » face à une culture « dans laquelle le politiquement correct est récompensé et les esprits libres sont souvent exclus » et Gujer comme un « publiciste politique distingué qui représente avec courage des opinions impopulaires et non conventionnelles dans ses essais et commentaires », un défenseur de la liberté qui fait un sacrifice avec son travail « afin de résister dans un monde de plus en plus hystérique ».
Source : Junge Freiheit, 25/05/2022. Traduction : AC