Bayard est un groupe discret mais très influent dans les médias avec un secteur enfants (Okapi, Pomme d’api, etc) florissant, Notre Temps mensuel senior fort d’un million d’abonnés, et le quotidien La Croix qui lance son hebdomadaire le vendredi 4 octobre 2019.
La Croix se transforme
Quelques chiffres, 87000 exemplaires diffusés, 72000 abonnés, un taux de réabonnement de 90% pour les abonnés papier (moindre pour les abonnés numériques), La Croix occupe une place à part dans le paysage des quotidiens généralistes, avec un profil « chrétien progressiste » qui fait pendant à Présent, quotidien « catholique de droite », bien moins important en termes de diffusion.
On peut parler d’un « groupe La Croix » derrière le navire amiral du quotidien imprimé. Extension du numérique, lancement d’éditions internationales digitales (anglais, espagnol, monde africain), un format jeunes La Croix Campus (ex Dossiers de l’actualité), de l’évènementiel (les Entretiens de Valpré, les rencontres de l’écologie, des voyages), les efforts n’ont pas manqué pour maintenir à flot le quotidien dans l’ univers chahuté des quotidiens imprimés.
Rencontrer, explorer, s’inspirer, ralentir
Ce sont les quatre verbes qui rythment le nouvel hebdomadaire. Avec une maquette claire, peu de sujets mais des formats longs, un récit dessiné (comme la couverture) et le souci de répondre à deux questions : quel monde ? quelle est ma place à moi lecteur dans ce monde ? Peu de publicité, 6 pages seulement sur 64, ce qui correspond à une volonté, le premier numéro aurait pu attirer plus d’annonceurs. Chacun se souvient des premiers numéros de certains lancements où la publicité occupait la moitié de la pagination.
Des sujets dans la ligne politique du quotidien
Dirigée par Anne Ponce, la rédaction vient des différents pôles de Bayard avec une volonté de fertilisation croisée. Le ton et le choix des sujets ne surprendront pas les lecteurs habituels du quotidien : Rencontrer c’est Alain Juppé, peu susceptible de heurter le monde libéral ; s’inspirer c’est le « cas de conscience », bon sujet lié à une culpabilité religieuse sous-jacente ; Explorer c’est le bureau des retrouvailles des migrants (avec hommage liminaire à la Shoah) , dans la ligne favorable à l’immigration du pape François. Ralentir regroupe le secteur culturel dans une optique « contraire d’ONPC » de Laurent Ruquier. Remarquons un excellent récit graphique d’Emmanuel Guibert sur Rome et la sympathique idée de terminer par un poème.
Des investissements et des ambitions
Pascal Rufenacht, Président du directoire de Bayard, annonce un investissement significatif de 3M€. Avec une formule qui n’est pas un supplément (comme ceux du Monde ou du Figaro), mais un véritable hebdomadaire paraissant le vendredi (et vendu jusqu’au jeudi suivant), au prix de 3,80€. Les abonnés papier le recevront automatiquement (il se substitue à un supplément du samedi), les formules d’abonnement pourront s’étager de 12€ à 38€ par mois selon les contenus.
La campagne de lancement confiée à l’agence Blue449 se déclinera sur différents supports dont une bonne partie sur les réseaux sociaux. La direction annonce un objectif à terme de 7000 exemplaires vendus en kiosque et 15000 nouveaux abonnés à la formule papier. Les échecs de Vraiment et de L’Hebdo n’ont pas effrayé Bayard qui lance une formule testée avec ses lecteurs et précédée de dix numéros zéro. Il est vrai que le nouvel hebdomadaire bénéficie du socle du quotidien, du soutien de Bayard et de celui de la Congrégation des Assomptionnistes, actionnaire de référence du groupe.