Berlin n’est plus dans Berlin, le groupe allemand Springer – déjà dans les mains du fonds d’investissement américain KKR – largue de plus en plus les amarres de l’Europe.
Hello, we are KKR !
Traduction : bonjour c’est KKR, le groupe américain qui a déjà investi dans les médias dans les Balkans via le général David Petraeus, ancien chef de la CIA. Le même trio Kohlberg, Kravis et Roberts qui est devenu le premier actionnaire de l’éditeur allemand Axel Springer avec 43,5% des actions en 2019 pour un peu moins de trois milliards d’euros. La veuve du fondateur, Friede Spinger, se retrouvait minoritaire avec 42,5% du capital.
Nos trois comparses de KKR n’ont pas attendu pour passer les deux journaux de Springer, le Welt plus intellectuel et le Bild plus populaire, à la paille de fer.
Politico, welcome to Washington
Politico fondé en 2007 à Washington avait eu son pendant européen en 2014 avec Politico Europe dont Springer était déjà actionnaire à 50%. Politico a bâti sa renommée sur le modèle classique de la lettre confidentielle politique et économique avec différentes offres fouillées et de la publicité. Sans oublier un politiquement correct de bon aloi, à Bruxelles comme à Washington. L’abonnement réservé aux professionnels (variable selon le nombre de sujets d’intérêt retenus) démarre à 10K€ par an, de quoi dégager de jolies marges.
Le montant de la transaction n’a pas été révélé mais serait supérieur aux 630M€ payés en 2019 pour le rachat du français seloger.com. Le président de Springer a précisé que la croissance de son groupe se fera maintenant aux États-Unis où il est déjà présent avec Insider et Business Insider. Le tropisme atlantique – sans doute accéléré par KKR – semble irrésistible et le caractère européen du groupe s’estompe au profit des intérêts américains.