Nous voulions écrire le jour le plus long et puis les doigts glissent sur le clavier… Ce n’est pas un poisson d’avril en décembre, le somptueux Frédéric Lefebvre a racheté Pif Gadget.
Freddo, immortel lecteur de Zadig et Voltaire
Non, ce n’est pas Jean Lefebvre au masque de chien triste qui incarnait un des frères Volfoni (« ça sent la pomme ») dans Les Tontons flingueurs, film culte de Lautner ; ce n’est pas non plus Monseigneur Lefebvre qui eut maille à partir avec le Vatican pour de théologiques raisons ; ce n’est pas Lefebvre-Utile, le LU, le célèbre petit beurre nantais, c’est Frédéric Lefebvre. Vous avez oublié Freddo ? Proche de Sarkozy, ancien député (Hauts-de-Seine), ancien porte-parole de l’UMP, ancien secrétaire d’État chargé du commerce et de l’artisanat, ancien député représentant les Français de l’étranger (États-Unis et Canada), tôt rallié à la Macronie.
Freddo c’est aussi l’auteur de Le Mieux est l’ami du bien (Cherche-Midi) ouvrage où des lecteurs facétieux ont retrouvé des pages entières de Wikipedia ou de l’AFP. C’est aussi un homme de culture, un formidable lecteur. En 2011 il participait pour la promotion de son opus à la journée du livre politique. Un journaliste du Figaro faisait la tournée des personnalités avec une seule question « Quel est le livre qui a marqué votre vie ? ». Réponse de Freddo « Zadig et Voltaire, une leçon de vie et je m’y replonge d’ailleurs assez souvent », confondant Zadig ou la destinée écrit par Voltaire avec une marque de vêtements. Interrogé sur un livre de philosophie on peut imaginer qu’il aurait répondu « Zara » (la marque espagnole de vêtements) le confondant avec Zarathoustra de Nietzsche. Humain, trop humain…
Pif grandeur et décadence
Avouons-le, nous aimons Pif auquel nous avons consacré plusieurs articles, un peu d’histoire.
C’est sous le dessin de Claude Arnal (réfugié communiste espagnol) qu’apparaît Pif, le dimanche 29 mars 1948 dans L’Humanité quotidienne (L’Humanité dimanche paraîtra plus tard). Il succède au feuilleton américain Félix le chat, mal venu au moment où le PC organise la résistance contre le plan Marshall. Pif déploiera ses talents de 1952 à 1969 dans le journal Vaillant puis l’hebdomadaire prendra le nom de Pif en 1969.
1969–1993 c’est la période de gloire où Gotlib y publie Gai Luron et Mandryka son Concombre masqué, sans oublier Placid et Muzo, Rahan et bien d’autres. Pif vend alors aux petites têtes, à l’époque encore blondes, deux fois plus d’exemplaires que le Journal de Mickey. La concurrence de Pilote aura raison de Pif qui disparaît fin 1993. Il survit sous forme mensuelle de 2004 à 2008, sous forme trimestrielle de 2015 à 2017, puis s’éteint après un numéro annuel en 2018.
Disparition de la cagnotte, apparition de Freddo
En 2019, L’Humanité avait lancé une cagnotte pour republier Pif. Avec un joli succès, plus de 50K€ récoltés, mais les malheureux souscripteurs n’ont rien vu venir. Faute de mieux, les éditions Vaillant (éditions du PC) ont vendu Pif ou bien (ce n’est pas clair) Freddo pourrait avoir racheté purement et simplement les éditions Vaillant ainsi que les droits attachés à Pif.
Freddo, associé à un ancien UMP, va relancer le titre Pif Le Mag sous forme trimestrielle mais attention, déclare-t-il dans le JDD, pour défendre « l’écologie, l’humanisme, la solidarité et la défense des animaux ». On pourrait ajouter l’amour pour tous, les pommes de terre frites ainsi que l’os-saucisse, le plat favori de Pif, sans oublier Zadig et Voltaire.
Messieurs et Mesdames, Pif, Hercule le chat, Pifou, Placid, Muzo et tous leurs amis sont en danger ! Il faut les sauver des admirateurs de Zadig et Voltaire, Zara et H&M ! Pif, incarnation d’une culture populaire mérite mieux que l’empire de la fringue et de la vacuité intellectuelle. Ecrivez à l’Humanité, protestez, vitupérez, pétitionnez ! Tous debout pour Pif !