L’argent de Georges Soros ne suffit apparemment pas pour sauver le journal libéral-libertaire et violemment anti-PiS Gazeta Wyborcza. En Pologne même, l’éternel rédacteur en chef du journal Gazeta Wyborcza Adam Michnik affirme que le gouvernement conservateur du PiS étouffe financièrement son quotidien en le privant des annonces publicitaires du secteur public et en ne renouvelant pas les abonnements des administrations.
D’autres, par contre, comme son adjoint Jarosław Kurski, affirment que le journal se porte bien et que la baisse de ses ventes est un mythe. Pourtant, comme quasiment tous les ans, les chiffres du site Wirtualne Media montrent que c’est bien Gazeta Wyborcza qui perd le plus de lecteurs (-18 % entre novembre 2015 et novembre 2016) et qu’il est désormais troisième en terme de ventes papier, derrière deux tabloïds. Et d’ailleurs, si le journal se portait bien, pourquoi aurait-il déjà fermé plusieurs de ses agences locales et licencié près de 200 journalistes au cours de l’année écoulée ?
Dans une interview en anglais pour le site Euractiv, le rédacteur en chef de l’édition en ligne de Gazeta Wyborcza sonne en tout cas l’alarme : le journal qui a fait l’opinion en Pologne et surtout à propos de la Pologne à l’étranger pendant plus de 25 ans est au bord de la faillite ! Roman Imielski s’offusque du fait que les administrations et les entreprises publiques ne veulent plus acheter d’espace publicitaire dans le journal de l’opposition la plus agressive au pouvoir issu des dernières élections, mais il rassure tout de même le lecteur européen : les annonceurs privés sont toujours là. Ce qui veut dire que le PiS respecte mieux la liberté de la presse que la coalition PO-PSL qui l’a précédée, puisque sous Donald Tusk les médias de la droite conservatrice n’avaient même pas droit aux annonces des entreprises privées, celles-ci craignant des rétorsions gouvernementales en termes de marchés publics.
Imielski se plaint aussi que les membres du gouvernement de Beata Szydło refusent de parler aux journalistes de Gazeta Wyborcza et il reconnaît que le site de son journal a du mal à faire face aux nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux : 5 millions de visiteurs pour Gazeta Wyborcza contre 13 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux en Pologne.
Sa solution ? Que l’Union européenne mette en place des fonds pour soutenir financièrement les médias libéraux-libertaires et européistes dans toute l’UE. Après tout, explique-t-il, l’UE subventionne le secteur minier et certaines branches industrielles, pourquoi ne pas aider de la même manière les médias en difficulté ?