Délation, dit le Littré, « dénonciation mais toujours en mauvaise part ». Le journaliste de délation — une spécialité en plein développement — n’est pas là pour informer, il est là comme un inspecteur de police intellectuel, un magistrat moral, à la fois détective privé, flic et juge, il recherche les contrevenants au désordre établi libéral libertaire.
Première diffusion le 14 septembre 2023
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
Quelques exemples
Déjà en 2015 le journal Nord littoral publiait une « liste de la honte » comportant les noms des internautes auteurs de « propos haineux ou discriminants ». Fin 2020, 7200 journalistes ou assimilés suivaient @balancetarédaction. Sur ce compte Instagram, certains journalistes peuvent se livrer de manière anonyme à la dénonciation, la délation, la mise à l’index de leurs camarades de rédaction, de leur voisine d’ordinateur dans la « newsroom », de leurs collaborateurs, de leurs chefs, du chien du secrétaire de rédaction, et plus si affinités.
En 2021 une « journaliste » (les guillemets s’imposent, Aude Favre (France 2), s’offrait joyeusement le scalp d’un confrère. Elle faisait démonétiser par Google le site de France Soir. Toujours chez France 2 une autre « journaliste », Sophie Broyet, oubliait la charte de Munich et après une enquête sous camouflage et à charge, interrogeait avec une feinte naïveté le ministre de l’Intérieur sur une possible dissolution d’un mouvement catholique conservateur
La délation est devenue un métier
Médiapart fait partie de la grande école du journalisme de délation. Nourri de dossiers aimablement fournis par des magistrats et des policiers, il suffit de les habiller ensuite en les présentant comme des travaux d’investigation. Le regretté Pierre Péan avait parfaitement analysé la recette dans un excellent article posthume du Monde diplomatique d’octobre 2019 (voir infra)
Voir aussi : La méthode Médiapart, vue par Pierre Péan dans Le Monde diplomatique
Une bonne partie de la rédaction de Libération appartient à la même école de dénonciation. Nous avons analysé (voir notre encadré) certaines enquêtes de Check News du même quotidien pour constater que non seulement les policiers du service épinglent les supposés coupables, mais ils vont plus loin. Ils téléphonent à leur employeur, à leur école ou à leur université, à leur club sportif. Pour les faire exclure. Ce qui est visé, c’est si possible la mort sociale définitive du coupable ou a minima qu’il soit frappé d’un sceau infâmant, l’excluant de tout débat. Il s’agit d’interdire toute pensée hors du monde libéral libertaire, de la faire sortir du débat légitime.
Voir aussi : CheckNews est-il un service de la police de la pensée ?
C’est devenu un véritable gagne-pain pour certains. Un média confidentiel, StreetPress, publie un suivi de ce qu’ils appellent l’extrême droite ; Libération avec une équipe de quatre journalistes lance Frontal, une chronique hebdomadaire de la même eau. Avec les sous de Monsieur Křetínský, le roi du charbon et du lignite.
La balance, c’est le signe astrologique de l’air et dans l’argot des prisons (Jean-Michel Armand, L’Argot des prisons, Horay, 2012) c’est le cafard, le mouton, la casserole, la sonnette, le délateur, un sale bonhomme qui trahit pour un avantage, un sourire ou par peur. De nos jours, c’est le signe distinctif dans certaines rédactions, une sorte de médaille chez les « woke ». Dégoûts et des couleurs on ne saurait trop parler.