L’hebdomadaire Politis, proche du Front de gauche, est autant en forme dans les kiosques que la coalition de Jean Luc Mélenchon ne l’est dans les urnes. Pour la 25e fois, en un quart de siècle d’existence, le titre s’est retrouvé en pertes en 2014 (100 000 euros, pour moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires). Ce déclin structurel pousse le titre à nourrir des projets de diversification comme la formation. Fuite en avant ou véritable projet de développement ?
Le nouveau directeur délégué de Politis, successeur probable du dirigeant historique, Denis Sieffert, vient de sortir de son chapeau un nouveau projet. La marque lancera cet été des formations sur l’économie sociale et solidaire, l’environnement et l’écologie. Associé à un cabinet spécialisé strasbourgeois, Politis proposera un troisième cycle à la rentrée, consacré aux nouveaux médias. En 2016, le titre espère porter le nombre de ces cycles à cinq. Ces modules, à destination des collectivités, des entreprises, mais aussi du grand public, font l’objet d’un plan de développement gardé secret. Si la PME de presse fonde de grands espoirs sur cette diversification, elle reste manifestement prudente quant à ses chances de succès. Réaliser quelques dizaines de milliers d’euros de recettes sur ce créneau serait de bon augure.
Ce chiffre d’affaires additionnel permettrait notamment de compenser la baisse des recettes historiques de Politis. Avec une diffusion de l’ordre de 15 000 exemplaires, le titre a du mal à boucler ses fins de mois. Les effets de la nouvelle formule, lancée en 2011, se sont estompés depuis belle lurette. La modernisation de la formule papier serait donc à nouveau à l’ordre du jour, sans doute en 2016. Côté numérique, la situation n’est guère plus reluisante. Si Politis.fr bénéficie d’une audience correcte (420 000 VU en février, selon l’éditeur), elle ne se traduit par aucune monétisation réelle. La refonte du site, afin de gagner de la publicité digitale, serait également à l’ordre du jour.
Le climat interne n’est guère propice non plus au redressement tant attendu. Le recrutement en mai 2014 d’un ancien des Cahiers du cinéma, a certes initié quelques axes de développement. Dans le même temps, le nouveau dirigeant se serait mis à dos la plupart des vingt salariés. Plusieurs ont d’ailleurs quitté le journal en 2014, à l’instar de la responsable des relations presse, Marion Biti. Son objectif reste malgré tout de remettre à flot la SAS Politis, qui ne dispose plus de fonds propres, et ce dès 2015. Sous peine de lasser définitivement les actionnaires.