Dans son édition du mercredi 25 novembre 2020, Libération faisait sa couverture sur le démantèlement du camp de migrants monté à la hâte place de la République à Paris. Une couverture et un traitement à la mode 6 février 1934, comme si la France menait une politique « fasciste » contre les migrants. Lecture.
Le titre de Libération, « Lundi 23 novembre, Paris, 22 h 15 : casse de la République », le quotidien ayant pris l’habitude des jeux de mots et de « l’humour », se comprend en deux sens :
- L’idée est celle d’un cambriolage ou même d’un viol de la République, en tant qu’institution ;
- L’idée est aussi celle d’une République qui, sous le gouvernement actuel, aurait fait un « casse » ce soir-là.
L’accroche : « L’extrême brutalité avec laquelle la police a démantelé un camp de migrants au cœur de Paris a « choqué » jusqu’au ministre de l’Intérieur. Aboutissement d’un sentiment d’impunité des forces de l’ordre entretenu par le gouvernement lui-même. »
Pour Libération, en couverture, le problème ce ne sont ni les migrants ni les organisations politiques très à gauche ayant mis en scène ce coup monté médiatique, c’est la République et ses forces de l’ordre.
Un dossier d’une rare violence hypocrite
Dans les pages intérieures, le traitement de l’événement par Libération ne ressemble guère à du journalisme mais à du militantisme politique d’une rare violence, le quotidien accréditant entièrement la version des associations et des organisations politiques ayant manipulé les migrants pour donner l’effet médiatique voulu – et obtenu. Libération fait comme si les événements avaient eu lieu « naturellement », comme s’ils n’avaient pas été orchestrés.
Cela apparaît dans les titres, les intertitres et l’éditorial de Dov Alfon :
- « Violences policières, les féroces de l’ordre »
- « dérives autoritaires du gouvernement »
- « Violences policières insoutenables »
- Les policiers se dont « défoulés » en « toute impunité »
- Pour Libération, ce ne sont ni des migrants ni des délinquants qui ont été évacués mais des « exilés », des « sans-abris »
- « des policiers poursuivant à coups de matraque des jeunes Africains et Afghans dans les rues de Paris, brutalisant un photographe au sol ou piégeant des migrants dans leurs tentes pour les déballer comme du linge sale sous la statue de la République qui tient dans une main un rameau d’olivier, et dans l’autre une tablette portant l’inscription droits de l’Homme »
- L’éditorial parle de « syndicats de police où se répand le racisme le plus abject »
- Le ministre de l’intérieur est considéré comme une sorte de dingue : « le ministre de l’Intérieur s’est fendu d’un tweet dénonçant « des images choquantes », offrant ainsi une image non moins choquante de son inconscient. »
- L’intervention de la police est comparée, outrageusement, à la répression contre les manifestants en Biélorussie.
- Interrogés, des migrants « se demandent comment la France a pu en arriver-là ». Un exemple ? « On est heureux parce qu’on a fui la guerre. Mais quand on voit comment on est traités, on se dit que finalement, on n’est pas beaucoup mieux lotis.» C’est sérieux ? La question se pose d’autant plus que ce genre de phrase a déjà été entendu, à plusieurs reprises, depuis des mois. A croire que les migrants, délinquants illégalement présents sur le sol européen et national, bénéficient d’éléments de langage.
Par contre, le quotidien ne donne pas la parole aux policiers.
Ne s’interroge pas non plus sur le ras-le-bol qui peut exister au sein des forces de l’ordre. Ni sur sa propre responsabilité, en tant que quotidien de référence durant de longues années du monde libéral libertaire, ce même monde qui a finalement conduit à transformer la France en Macronie. Ce que ce même quotidien reproche justement à la France actuelle, d’être cette Macronie.
Les articles qui suivent évoquent des « scènes d’une rare barbarie », « un vent d’impunité soufflé par les autorités », et, sans écrire le mot, montrent une ambiance de rafle, avec des policiers saisissant « des tentes de migrants sans abri et les chassent pendant des heures, la nuit, dans les rues de Paris, sur ordre du préfet… », comme si la France était devenue la copie d’un des Etats totalitaires du 20e siècle. Il y aurait, sur la question des manifestations, « une dérive autoritaire » du gouvernement, Libération prenant en exemple de récentes manifestations, comme celles d’Extinction Rébellion ou des féministes. Il ne fait cependant pas référence à des formes de répression plus anciennes, menées par des gouvernements qu’il soutenait contre des idées qui déplaisent à Libération, comme les manifestations de La Manif Pour Tous en 2012 et 2013 ou celles des gilets jaunes.
Le Libération de Dov Alfon poursuit sur la lancée historique du quotidien, en attaquant les forces de l’ordre et en masquant ouvertement le principal problème posé par les migrants : que font-ils là ? Le quotidien donne aussi quitus aux manipulations des organisations immigrationnistes dont l’objectif n’était autre que d’obtenir un effet médiatique, ce qui ne leur fut pas difficile étant donné la bienveillance automatique dont elles bénéficient de la part des médias de grand chemin.