Pendant les fêtes, l’Ojim vous propose tous les jours de revivre les grands moments de l’année 2013 du point de vue de la critique des médias. Affaire Méric, affaire Léonarda, affaire du « tireur fou » de Libé, dossier sur les roms de Valeurs actuelles, Marseille vue par les médias, connivence des journalistes et des politiques… C’est toute l’actualité médiatique de 2013 qui est analysée et mise en perspective par l’Ojim. N’oubliez pas que l’Ojim est un site 100% indépendant qui ne vit que de vos dons. Aidez-nous à remplir notre rôle d’Observatoire des médias, et à exercer librement notre critique du système médiatique. Tout don nous sera utile.
L’Ojim compte les points Godwin !
Tous les internautes connaissent cette fameuse formule du « point Godwin », relative à l’emploi abusif d’une comparaison avec Hitler ou les Nazis qui vient clore tout débat et qui a été inventée précisément pour tenter de libérer ce débat, notamment dans les forums de discussion sur Internet. Mais dans les médias traditionnels, c’est une autre affaire. Si un modérateur l’appliquait aux journalistes français, c’est 90% d’entre eux qu’il faudrait « modérer »…
On était depuis longtemps familiers de l’expression de Leo Strauss : la « reductio ad hitlerum » (depuis 1951, exactement, date à laquelle le philosophe l’utilise pour la première fois dans un article). Reprise plus tard par George Steiner, peu suspect, lui aussi, de la moindre complaisance avec l’idéologie nationale socialiste, elle désignait et condamnait cette facilité rhétorique, coupant court au débat, par laquelle on ramène l’adversaire et ses arguments à Hitler, c’est-à-dire au mal absolu, l’excluant ainsi du champ de discussion par une pirouette pour le moins grossière, sans avoir à poursuivre la moindre véritable argumentation. Le syllogisme est connu, basique, très simple à l’emploi. Vous dites que les colons ont construit des hôpitaux et que tout n’est peut-être pas à jeter dans leur action, Haria Bouteldja vous répond qu’Hitler a construit des autoroutes… et le débat est clos. C’est imparable et ça fonctionne à tous les coups, sur n’importe quel sujet, à n’importe quel moment de la discussion. À l’origine, ce sont donc deux philosophes juifs qui font remarquer que cette formule rhétorique est la plupart du temps déloyale, dépourvue de la moindre pertinence et finit par bloquer la pensée.