Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Le Miroir du Nord, un nouveau média pour les Flamands de France

11 février 2022

Temps de lecture : 6 minutes
Accueil | Veille médias | Le Miroir du Nord, un nouveau média pour les Flamands de France

Le Miroir du Nord, un nouveau média pour les Flamands de France

Temps de lecture : 6 minutes

Le lancement d’un nouveau média alternatif est toujours une plaisante nouvelle. Nous nous sommes entretenus avec Virginie Joly, rédactrice en chef du Miroir du Nord (lemiroirdunord.fr), qui s’adresse aux flamands de France du Nord/Pas-de-Calais.

Pourquoi ce titre et quelle est votre ambition ?

Le nom « le Miroir du Nord » n’a pas été choisi par hasard. Il fait référence au per­son­nage de Till l’espiègle, per­son­nage de fic­tion pop­u­laire en Alle­magne. Till Eulen­spiegel en alle­mand ren­voie à 2 objets fétich­es du per­son­nage : la chou­ette et le miroir. En 1867, l’écrivain belge Charles de Coster reprend les aven­tures de Till l’espiègle avec l’ouvrage « La Légende et les aven­tures héroïques, joyeuses et glo­rieuses d’U­len­spiegel et de Lamme Goedzak au pays des Flan­dres » où Till devient le sym­bole fla­mand de la résis­tance face aux espag­nols. Il devient alors une fig­ure de lutte con­tre l’oppression pour la défense des libertés.

Notre périmètre se lim­ite à l’actualité de l’ex région du Nord-Pas-de-Calais » ou pour être plus pré­cis his­torique­ment « aux Pays-Bas Français », soit les 3 ter­ri­toires qui les com­posent : la Flan­dre, l’Artois et le Hain­aut. Plusieurs raisons ani­ment ce choix : l’actualité y très riche et ce ter­ri­toire a ses pro­pres car­ac­téris­tiques, sa pro­pre his­toire qui n’ont pas de rap­port avec la Picardie. Out­re d’autres con­sid­éra­tions notam­ment d’ordre financier, la fusion des grandes régions a été une erreur majeure quant au respect à avoir vis-à-vis de ses habitants.

Notre ambi­tion est d’être une alter­na­tive aux médias en place, d’apporter un autre regard sur l’actualité. Un traite­ment dif­férent, qui n’est pas lisse, qui dérange parfois.

Quelle est votre équipe ?

Nous sommes une petite équipe de con­tribu­teurs réguliers et spon­tanés. D’autres sont là pour « débus­quer » l’information.

Notre point com­mun : mon­tr­er un autre vis­age de l’information dans le Nord-Pas-de-Calais. Plusieurs choses ont inspiré la démarche :

  • Un réel goût pour le décor­ticage de l’actualité cou­plé à l’écriture
  • Un con­stat alar­mant du fonc­tion­nement de la presse sub­ven­tion­née qui s’illustre de manière encore plus fla­grante en péri­ode de cam­pagne élec­torale. Toute per­son­ne qui sort de cette ligne est vue comme un complotiste.
  • Les ini­tia­tives inspi­rantes de médias alter­nat­ifs comme Breizh info ou Paris Vox qui con­tre­car­rent cette bien-pen­sance constante

Tout en ligne unique­ment ? Le marché n’est-il pas encombré ?

C’est la ligne souhaitée de rester unique­ment sur le web. C’est aujourd’hui effec­tive­ment le moyen le plus util­isé par les sites comme le nôtre. Certes, il y a beau­coup de médias en ligne mais le marché sem­ble encom­bré du côté des médias sub­ven­tion­nés. Beau­coup d’entre eux ont d’ailleurs créé leur « jumeau » présent unique­ment sur inter­net comme le Huff­in­g­ton post du groupe Le Monde.

Ce qui est à observ­er sont les médias régionaux exis­tants. Le marché est pau­vre. Tous les jour­naux sous for­mat papi­er (une dizaine) appar­ti­en­nent au groupe belge Rossel-la Voix. Ils s’échangent les arti­cles, répar­tis entre les titres, une uni­for­mité cer­taine et regret­table. Du côté de l’audiovisuel, la chaîne locale Weo fait aus­si par­tie de ce groupe. BFM Grand Lille et France 3 Nord-Pas-de-Calais com­plè­tent ce tableau de médias subventionnés.

Deux médias en ligne se dis­tinguent : Médiac­ités a une antenne à Lille, leurs inves­ti­ga­tions sont de qual­ité et éclec­tiques sur les per­son­nal­ités publiques con­cernées. Dai­ly Nord amène aus­si un souf­fle dif­férent et n’hésite à dénon­cer cer­tains agisse­ments. Le marché nous sem­ble donc ouvert.

Nous avions aus­si envie de faire pren­dre con­science du fonc­tion­nement des médias. Nous con­sacrons quelques arti­cles sur la ques­tion par une rubrique « vie et l’actualité des médias ». Nous y par­lerons de leurs finance­ments, pris­es de posi­tion par­tiales, lutte con­tre les fake news. Il pour­ra nous arriv­er de partager des arti­cles de l’OJIM.

Quelle place don­nez-vous au micro-localisme ?

Le Miroir du Nord entend assur­er la pro­mo­tion du local, de l’activité économique qui en dépend. Le local­isme est un enjeu du troisième millénaire.

La ges­tion de la crise san­i­taire, si pitoy­able fut elle par les dirigeants poli­tiques français aura eu un mérite. Elle aura fait pren­dre con­science à une par­tie de la pop­u­la­tion des méfaits de la mon­di­al­i­sa­tion : pas de masques, con­fine­ment obligé.

Mais au-delà, nous souhaitons faire com­pren­dre que la région ne sig­ni­fie plus rien. Déjà par son nom « Hauts De France », à quoi cela fait il référence ? Où est notre histoire ?

Le local­isme poli­tique, ce n’est pas se localis­er en plus petit, mais de bien se localis­er. La région est dev­enue un cul de sac bor­dée par une fron­tière meu­ble et un mur psy­chologique et une bar­rière lin­guis­tique. Cela nous a éloigné de l’ère poli­tique et économique originelle.

Les élites poli­tiques de la région mènent au mieux des poli­tiques régionales mais non région­al­istes. Nous avons affaire à des préfets qui déploient un plan nation­al sans pren­dre en compte nos spécificités.

Cul­turelle­ment, ces mêmes élites sont par­v­enues à ancr­er dans la tête des gens que notre cul­ture était « le chti ». On préfère des habi­tants incultes que plongés dans leur véri­ta­ble his­toire cul­turelle.  Adieu notre cul­ture fla­mande. Tout est fait pour la faire dis­paraître. Même l’enseignement du néer­landais n’est pas acquis. Il est pour­tant un out­il pré­cieux pour les jeunes qui trou­vent du tra­vail plus rapi­de­ment par son appren­tis­sage. Toutes ces manœu­vres ont abouti à des résul­tats cat­a­strophiques. Les indi­ca­teurs démon­trent que la région est con­stam­ment dernière dans tous les domaines : illet­trisme, san­té, chômage…

Quel est votre mod­èle économique ?

Le mod­èle économique va être celui emprun­té à d’autres sites d’informations alter­nat­ifs. Le principe essen­tiel est de ne pas recourir aux sub­ven­tions publiques. Nous avons com­mencé à faire un appel aux dons de manière offi­cieuse auprès de sou­tiens de la pre­mière heure. Appel qui a reçu quelques retours posi­tifs. Nous voulons d’abord faire nos preuves avant de faire un appel plus large à la générosité de nos lecteurs et autres sou­tiens. L’objectif est de salari­er au moins 1 per­son­ne pour assur­er une pro­duc­tion quo­ti­di­enne sur le long terme.

C’est un véri­ta­ble défi qui sou­vent a fait défaut pour des ini­tia­tives passées sim­i­laires. Il faut par con­séquent être entouré au départ d’une véri­ta­ble équipe pou­vant pro­duire au moins heb­do­madaire­ment des arti­cles de qualité.

Com­ment s’abonner ?

Il n’y a pas d’abonnement ; l’objectif est que l’information reste acces­si­ble de manière gra­tu­ite. Cepen­dant, le jour­nal­isme d’investigation pour­rait devenir un objec­tif à moyen terme. C’est un tra­vail d’enquête long à réalis­er et qui par con­séquent coûte cher. Il pour­rait alors être envis­agé, pour ce type de pub­li­ca­tions, un accès payant à l’article.

Je vous encour­age à vous abon­ner à la page Face­book. Le compte Twit­ter du site va être créé très prochainement.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés