Soucieuse de donner la parole à des « personnes qui comptent » au sujet du déconfinement, BFMTV a longuement écouté Jacques Attali parler le 25 avril 2020. Une intervention qui mérite d’être regardée de près, mais aussi d’être mise en rapport avec l’un de ses articles publiés en 2009, à l’occasion d’un autre virus.
De l’intervention de Jacques Attali sur BFMTV le 25 avril 2020 ressortent de nombreuses idées en vue du « monde d’après ». Ce n’est pas anodin : Jacques Attali a autrefois indiqué avoir « fait » Macron, en lui confiant une mission très importante sous son égide, le transformant en l’un de ses principaux collaborateurs et lui présentant la jet-set, rampe de lancement vers le ministère de l’économie puis vers l’Élysée, atteint grâce à ce même ministère de l’économie. Il est invité en tant que président de « Positive planet ».
Jacques a dit sur BFMTV
Ce qui compte ce n’est pas le déconfinement mais ce qui viendra après : « on doit comprendre que nous sommes à l’orée d’une crise extrêmement grave (sanitaire, économique, sociale, famine) si on ne fait rien. »
« Dans tous les domaines il ne faut pas attendre le retour du même ».
Le sujet : « L’ensemble du monde doit comprendre qu’on ne retournera pas à la situation antérieure » (…) Cela suppose de l’innovation, pourquoi se plaindre de l’existence d’Amazon alors qu’on pourrait le concurrencer ? Il faut innover. »
« Pour innover, il faut deux choses : que tout le monde innove et que les gouvernements décident d’une mobilisation générale pour transformer la société. On n’a pas encore pris conscience, je le dis de façon modeste, que nous sommes au bord d’un précipice et que si on ne se mobilise pas tous, et en particulier l’État pour inciter à cette innovation, pour changer pour être prêts pour le monde qui vient qui sera complètement différent. »
« Il faut d’abord avoir un projet de société, vous ne pouvez pas mobiliser les gens si vous n’avez pas un projet. Et le projet pour moi, c’est la mobilisation générale pour l’économie de la vie. »
Mais… de quoi parle Jacques a dit ?
« Savoir qu’on ne fera plus du tout pareil », « avoir un vrai projet en ayant pris conscience que nous sommes devant des années extrêmement difficiles à l’échelle mondiale mais aussi des années qui peuvent être extrêmement positives si on se mobilise autour des enjeux dont je viens de parler. »
« Si on reste à attendre que tout revienne comme avant on est morts. »
« Cela va être un filtre des peuples, des collectivités, ceux qui vont rester assis en disant j’attends, je veux rester dans ma situation, qu’on me finance en attendant que tout revienne comme avant, ceux là sont perdus. »
« Il faut une vision longue : où est-ce qu’on va ? Dire la vérité : cela sera difficile mais voilà où l’on va. Ce dont les peuples ont besoin c’est qu’on leur donne un projet long car le monde d’avant c’est terminé. »
Chacun aura reconnu une grande partie des mots et des éléments prononcés et mis en avant par Emmanuel Macron lors de ses différentes allocutions, à commencer par la première. Il n’est pas anodin non plus d’entendre Jacques Attali expliquer doctement « ce dont les peuples ont besoin » et ce qu’il faut « leur donner », sans jamais évoquer l’idée que les peuples pourraient conserver un peu de libre arbitre. Il y a en outre dans cette infantilisation un rappel de la façon dont les Français ont l’impression d’être considérés par l’exécutif depuis le début de la pandémie.
Souvenirs, souvenirs… Jacques a dit le disait en 2009
Deux ans après avoir embauché Macron, Jacques Attali publiait un texte intitulé « Changer par précaution », dans L’Express du 3 mai 2009. C’était alors l’épidémie de grippe A H1N1. À l’époque, Jacques expliquait que :
L’humanité « n’évolue significativement que quand elle a vraiment peur. »
Il annonçait la crise économique, sociale et sanitaire qui devait en découler.
Expliquait qu’en conséquence la France constituait des « réserves de médicaments et de masques », point sur lequel quelque chose a dû se perdre en cours de route.
Plus intéressant, l’article de Jacques Attali se terminait ainsi : « Et, même si, comme il faut évidemment l’espérer, cette crise n’est pas très grave, il ne faudra pas oublier, comme pour la crise économique, d’en tirer les leçons, pour qu’avant la prochaine, inévitable, on mette en place des mécanismes de prévention et de contrôle et des processus logistiques de distribution équitable des médicaments et de vaccins. On devra pour cela mettre en place une police mondiale, un stockage mondial et donc une fiscalité mondiale. On en viendra alors, beaucoup plus vite que ne l’aurait permis la seule raison économique, à mettre en place les bases d’un véritable gouvernement mondial. C’est d’ailleurs par l’hôpital qu’à commencé en France au 17ème siècle la mise en place d’un véritable État. »
Encore plus de contrôle, plus d’organisation mondiale, plus de peuples auxquels on ne demande pas leur avis, et « un gouvernement mondial », avec « une police mondiale », le tout commençant par la crise de l’hôpital. C’était en 2009, il y a 11 ans.
Il ne s’agit aucunement de se perdre dans les arcanes douteux du complotisme mais l’on ne peut le nier : à lire Jacques Attali, à mesurer son influence lors de l’élection d’Emmanuel Macron, à écouter ce dernier prononcer les mots de Jacques a dit à la télévision, on peut comprendre que d’aucuns se posent des questions… Merci Jacques a dit.