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Le Monde détruit 27 ans d’archives d’un photographe

23 avril 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Le Monde détruit 27 ans d’archives d’un photographe

Temps de lecture : 3 minutes

Il stockait 27 ans d’archives photographiques dans un bureau du journal Le Monde. Tout a été détruit. Le photographe argentin Daniel Mordzinski a perdu toute une vie de travail dans l’indifférence générale. Retour sur une affaire pitoyable et scandaleuse.

« Durant plus de dix ans, via le parte­nar­i­at entre El Pais et Le Monde, j’ai util­isé un bureau au sep­tième étage du Monde à Paris, où je gar­dais des mil­liers de négat­ifs et dia­pos­i­tives orig­i­nales, qui ont dis­paru, comme ça, il y quelques jours » racon­te sur son site Daniel Mordzin­sky, pho­tographe argentin, grand por­traitiste qui col­lab­o­rait régulière­ment avec le bureau parisien du quo­ti­di­en espag­nol El Pais.

Très atteint par cette perte immense et d’une valeur cer­taine, il pour­suit : « Miguel Mora, le cor­re­spon­dant d’El Pais, est arrivé le 7 mars dans le bureau et il a vu que tout avait été vidé, sans que nous soyons prévenus, et que toutes nos affaires avaient dis­paru. On s’est mis à chercher et nous sommes tombés dans les caves sur l’armoire que j’avais moi même peinte, il y a dix ans. Per­son­ne ne sait ni ne veut savoir pourquoi ils ont décidé de faire “dis­paraître” mon tra­vail. Vingt-sept ans d’attentes, d’espoirs, de nœuds dans la gorge, de nuits blanch­es, d’angoisses. »

Le quo­ti­di­en argentin Clar­in relate que Mordzin­sky a aus­sitôt envoyé une let­tre au Monde dans le but d’obtenir des excus­es suite à ce préju­dice inchiffrable. « Il n’y avait pas de men­ace, je n’évoquais pas le ter­ri­ble préju­dice pro­fes­sion­nel, économique et moral. Je voulais seule­ment des excus­es. Je com­prends que j’ai fait fausse route. La prochaine let­tre sera une let­tre d’avocat » menaçait-t-il devant l’absence de réponse.

Reçu le 22 mars au siège du jour­nal du soir, le pho­tographe a enfin reçu les excus­es de sa direc­trice, Mme Nougayrède.

Le lende­main, la direc­tion du Monde se dédoua­nait de toute respon­s­abil­ité. « La direc­tion du jour­nal igno­rait tout de la présence de ces archives. Aucun accord con­tractuel n’ex­is­tait entre Le Monde et El Pais prévoy­ant que M. Mordzin­s­ki puisse con­serv­er des doc­u­ments à cet endroit. Le pho­tographe util­i­sait ce local en l’ab­sence de tout accord con­tractuel entre lui et El Pais », écrit-elle le 23 mars dernier sur le site inter­net du jour­nal.

« La perte de ces doc­u­ments a eu lieu de manière acci­den­telle », ajoute-t-elle avant de soulign­er que « cela n’a en rien découlé, de la part du Monde, d’une quel­conque inten­tion de nuire. Le Monde s’est tou­jours mon­tré respectueux de toute pro­duc­tion artistique ».

De son côté, Daniel Mordzin­sky pense qu’« il s’agit d’un pro­fond mépris pour un tra­vail qui fait par­tie de la mémoire de notre cul­ture con­tem­po­raine ». Com­ment lui don­ner tort face à cette affaire plus que révoltante ?

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