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Le Monde et Abel Mestre : binaires toujours !

7 juillet 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Le Monde et Abel Mestre : binaires toujours !

Temps de lecture : 4 minutes

Le 2 juillet 2018, le quotidien Le Monde, habitué de la chasse aux sorcières des mal-pensants, a jugé utile de consacrer de la place à un article du journaliste militant de gauche Abel Mestre, parfois présenté comme « politologue » par ses amis des médias eux-aussi de gauche, article évoquant un autre politologue : Thomas Guénolé, éditorialiste, journaliste, enseignant, co-responsable de l’école de formation politique de la France Insoumise et impliqué dans Le Média. Visiblement, une gueguerre fait actuellement rage dans le milieu. De quoi s’agit-il ? Thomas Guénolé, qui explique régulièrement et ouvertement qu’il est un politologue et journaliste engagé à gauche est allé se mettre « au sommaire d’une revue de la Nouvelle Droite », Krisis, « revue fondée par Alain de Benoist en 1988 ». C’est le numéro 48 de la revue, consacré à la « nouvelle économie ». Diantre ! Le Matin Brun menace encore, heureusement Mestre et Le Monde veillent sur les bonnes âmes !

L’art de la resucée

Abel Mestre est un jour­nal­iste scrupuleux, alors il recopie sans cesse ce qu’il a tou­jours recopié. Par exem­ple, au sujet de la Nou­velle Droite : « école de pen­sée qui se situe entre droite et extrême droite et qui voudrait lier le com­bat poli­tique et le com­bat cul­turel ». Out­re cela, les resucées sont nom­breuses. Ain­si, Kri­sis est, selon le jour­nal­iste du Monde, une revue, qui a pour spé­ci­ficité « d’ouvrir ses colonnes à des intel­lectuels de gauche » ; ce qui pour­rait être jugé pos­i­tive­ment de la part d’un jour­nal­iste lui-même de gauche, c’est-à-dire se con­sid­érant comme frater­nel, ouvert envers autrui, tolérant, attaché au débat d’idées… mais ce n’est pas ici le cas. Pourquoi ? La revue Kri­sis étant revue dite de la Nou­velle Droite ne serait, dans son esprit, ouverte que par manip­u­la­tion, presque com­plot : il s’agit de « sor­tir de son isole­ment ». Plus qu’une resucée, une présen­ta­tion qui donne le sen­ti­ment d’avoir été écrite il y a 30 ans.

Ce qui gêne ?

Ceci : « Cepen­dant, la présence de M. Guénolé, qui a tou­jours dévelop­pé des posi­tions aux antipodes de la Nou­velle droite, inter­roge. Et pour­rait brouiller l’image de La France insoumise, puisque Thomas Guénolé est l’un de ses représen­tants les plus médi­atisés et qu’il devrait être l’un des can­di­dats sur la liste de LFI aux élec­tions européennes de mai 2019. » Pour­tant, Thomas Guénolé pub­lie dans Kri­sis un texte issu de l’un de ses livres, texte dans lequel il cri­tique les posi­tions « iden­ti­taires », usuelle­ment classées très à droite de l’échiquier, par ceux qui font les listes (Abel Mestre et Le Monde, par exem­ple). Par ce biais, le poli­to­logue de LFI vient débat­tre et porter son com­bat poli­tique dans une revue qui lui est opposée, selon Mestre, chez ses adver­saires, ayant l’intelligence (et la cour­toisie) de débat­tre sur le fond en un lieu intel­lectuel qui lui est dif­férent. Il y a trou­vé place pour ses idées, ce qui n’est que peu ou pas sou­vent réciproque : les revues de gauche pra­ti­quant plutôt l’entre soi, les jour­naux aus­si (impos­si­ble de se sou­venir de quand Le Monde a pour la dernière fois pub­lié une tri­bune ou un texte de, par exem­ple, Alain de Benoist). Il y a par ailleurs, dans ce numéro de Kri­sis, revue pour le moins respectueuse du débat d’idées, et de haute tenue intel­lectuelle, un entre­tien avec Bernard Stiegler, philosophe très en vue au sein de la gauche rad­i­cale (il a pop­u­lar­isé le mot « dis­rup­tif »). Alors, qu’est-ce qui dérange Abel Mestre et Le Monde ? Le débat d’idées, la con­fronta­tion des con­cep­tions, comme depuis 30 ans dans les pages de ce quo­ti­di­en. Ici, on préfère fonc­tion­ner par anathème, excom­mu­ni­ca­tion et rejet de qui pense autrement (ce que l’on pré­tend cepen­dant com­bat­tre). Rien de vrai­ment changé depuis le pas­sage de Plenel, en somme ? L’extrême-droite men­ace, men­ace, con­t­a­mine, con­t­a­mine… Cela n’arrête pas, c’est Abel Mestre vous le dit. Il veille, pas d’inquiétude ?

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