Comme le révèle TéléObs, Romain Caillet, le « Monsieur djihadisme » de BFMTV sait de quoi il parle en matière de terrorisme. Et pour cause : il est lui-même fiché “S” depuis plusieurs années par les services antiterroristes !
L’hebdomadaire, qui publie son dossier, fait état d’une enfance agitée et d’une conversion à l’islam dès 1997. À partir de 2005, il se lance dans l’étude du djihadisme. Pour ce faire, il part vivre en Égypte, en Jordanie, puis au Liban, d’où il est expulsé en mars 2015 pour « d’obscures raisons ».
Si sa connaissance de l’histoire du djihadisme international est reconnue, ce qui explique son rôle de consultant pour BFMTV, son passé le rend beaucoup moins recommandable. D’après L’Obs, Romain Caillet intervenait, vers le milieu des années 2000, sur les forums islamistes sous le pseudonyme de « Colonel Salafi », et ne cachait pas ses positions radicales. Il vivait alors en Égypte et suivait les cours de l’institut Qortoba, fermé en 2005 car considéré comme une officine de recrutement djihadiste…
Dans cet institut, ce dernier fréquentait les frères Clain, dont l’aîné, Fabien, est aujourd’hui un cadre de Daech et a revendiqué les attentats du 13 novembre pour le compte de l’organisation terroriste. En janvier 2008, Romain Caillet est interrogé, au cours d’une garde à vue, par la Sous Direction anti-terroriste. Au cours de cette entrevue, il déclare ne plus être d’accord avec les Clain car « depuis mars 2007, je ne suis plus pour le djihad parce que je m’oppose au fait d’entraîner des jeunes pour se sacrifier à mourir sans avoir acquis au préalable les bases de l’islam ».
Et celui-ci de considérer que « les dirigeants d’Al-Qaida sont des ignorants ». Toujours dans les locaux de la SDAT, il fait part de ses regrets d’avoir participé à la propagande djihadiste : « J’espère ne pas avoir été la cause d’enrôlement de jeunes au djihad. J’ai essayé de réparer mes erreurs en postant [sur internet, NDLR] des repentirs publics. » Aussi, il confesse : « Quand j’étais djihadiste, je dormais mal la nuit en pensant aux attentats. » Par la suite, il changera de pseudonyme sur les forums islamistes et évoquera publiquement son changement d’attitude. Finalement, la justice ne retiendra aucune charge contre lui, mais classera néanmoins sa fiche dans la catégorie “S” ; une fiche toujours active aujourd’hui.
Récemment, lors de l’enquête sur l’affaire Sid Ahmed Ghlam, qui avait tenté de commettre un attentat contre une église de Villejuif et avait assassiné une jeune fille, Romain Caillet a de nouveau attiré l’attention pour avoir été en contact, dans son passé, avec un Égyptien en relation avec le réseau terroriste. Dans cette affaire, il ne sera pas inquiété par la justice.
Interrogé par TéléObs, ce dernier explique qu’il ne « désire pas évoquer (sa) vie privée ». Celle-ci ne l’a néanmoins pas empêché de devenir le « Monsieur djihadisme » de la première chaîne d’information de France… Malgré tout, dans ses analyses, estime L’Obs, il montre toujours « une tendance à éluder la connaissance personnelle qu’il a de certains djihadistes combattant aujourd’hui dans les rangs de Daech, “pour des raisons évidentes de sécurité et pour ne pas interférer avec leurs éventuels problèmes avec la justice, s’ils reviennent”, explique-t-il ».
L’expert du djihad Romain Caillet, fiché « S », remercié de @BFMTV https://t.co/xcIWXRrEjI pic.twitter.com/2RoK49EAJg
— Le Figaro (@Le_Figaro) 6 mai 2016