Au début de l’année 2018 nous vous avions annoncé la renaissance du Magazine Littéraire sous forme d’un Nouveau Magazine Littéraire, dirigé par Raphaël Glucksmann. Magazine de l’entre-soi boboïsant, puissamment financé par Claude Perdriel (Sophia Publications), Xavier Niel et Bruno Ledoux (ex Libération), le nouveau mensuel pouvait démarrer en fanfare.
Un regard sur le monde de lycéen à la mode
Nous reprenons ce que nous écrivions il y a quelques mois :
C’est un nouveau journal qui veut regrouper les différentes sensibilités du camp progressiste ». Un journal qui se veut de gauche mais qui, si l’on en croit les déclarations naïves de son directeur, propose en gros ce qui a conduit le monde là où il en est. Un prétendu Camp du Bien s’est réincarné dans ce Nouveau Magazine littéraire, et ce camp repart à l’assaut. Les troupes sont regroupées dans le dossier du n°1 intitulé « Les idées changent le monde ! ». Pas de doute, on est toujours en Terminale. Résumons : un nouveau magazine littéraire qui est en fait un magazine politique de gauche caviar, dont l’ambition est de changer et de recréer le monde en faisant un « Voyage au cœur des nouvelles utopies ». On est cependant surpris, à lire le nom des soldats contributeurs appelés à bouleverser l’ordre maléfique du monde (entendez « de droite »). Rien que de l’ancien monde : Chamoiseau, Zizek, Frédéric Beigbeder, Leila Slimani, Michel Onfray (qui patronne un dossier entier, cette fois consacré à La Boétie )… et même Najat Vallaud-Belkacem, laquelle se donnait sans doute ici la légitimité nécessaire à sa prise de fonction, début janvier 2018, à la tête d’une collection d’essais eux-aussi « progressistes » chez Fayard.
Des chiffres gonflés et des difficultés éditoriales
Les premiers chiffres de diffusion source éditeur annonçaient plus de quinze mille abonnés et autant de ventes en kiosque. Des chiffres trop haut pour être crédibles et ridicules par leur prétention. La diffusion revue et corrigée mi 2018 (toujours de source éditeur) serait de dix mille exemplaires en kiosque, autant que les ventes en kiosque de L’Obs (en très forte baisse). Un chiffre lui aussi certainement très gonflé. De combien ? Doublé ? Triplé ? Seuls les actionnaires et une partie de la rédaction le savent.
Les actionnaires commencent d’ailleurs à se rebiffer. Les méthodes de management (certains disent de non-management) du rédacteur en chef Raphaël Glucksmann indisposent et les ventes ne sont pas à la hauteur des espérances. Certains espèrent une entrée en scène de Maurice Szafran, vieux routier des médias (Marianne) et fidèle compagnon professionnel de Claude Perdriel. L’avenir du fiston Glucksmann pourrait être rapidement ailleurs qu’au mensuel en difficulté.