Le journal de Bernard Arnault Le Parisien ne cesse de s’affirmer comme l’un des plus ardents soutien du président de la République. Deux articles dans l’édition du 3 juin 2021 en donnent une nouvelle illustration éclatante.
Emmanuel Macron en campagne
Le président de la République a annoncé début juin entreprendre le tour de France des régions pour « aller à la rencontre des Français ». Il s’agirait de « prendre le pouls » de la population.
Il faut croire que le « pognon de dingue » dépensé en communication et en sondages d’opinion par l’Élysée, souligné notamment par Le Point, ne suffisait pas. 28 millions d’euros en 2020, excusez du peu.
Il est vrai que notre président semble aimer le contact direct, comme à Saint Martin en septembre 2018 avec un dealer faisant un superbe doigt d’honneur. Mais certains diront que nous nous égarons.
Le Parisien ne va sans nul doute pas manquer de suivre chacun des déplacements présidentiels. Le 3 juin, c’est sur le premier déplacement du chef de l’État, à Saint-Cirq-Lapopie, que le quotidien consacre un article. Le titre trahit l’obsession présidentielle du « contact » : « Mon premier objectif, c’est de retrouver le contact ».
Ce tour de France présentant toutes les caractéristiques d’une campagne électorale financée à grand frais par le contribuable français, l’auteur de l’article prend des précautions oratoires pour ne pas froisser le chef de l’État : ce déplacement aurait « comme un air de campagne à un an de la présidentielle ». S’il ne s’agit que d’air, ce n’est donc pas une preuve solide…Le fait que la couverture médiatique de ce tour de France n’entre pas dans le décompte scrupuleux du CSA des interventions politiques n’est même pas évoqué par le téméraire journaliste. Le journal a réservé cette faveur à un autre journaliste qui fait beaucoup parler.
Zemmour, un succès qui insupporte la médiacratie
L’essayiste et journaliste Éric Zemmour a contribué à faire monter en flèche l’audience de la chaine CNews. Chaque soir, c’est lors de Face à l’info un véritable festival, avec des débats approfondis sur des sujets divers. De nombreux Français se régalent en regardant enfin une personne non seulement cultivée mais qui a également des convictions solidement charpentées et un franc parler. Mais ce succès dérange.
Séjourné/Attal et un journaliste du Parisien
N’écoutant que son courage, un journaliste du Parisien (Julien Duffé) a, toujours dans l’édition du 3 juin, pris la plume pour s’adresser au Président du CSA. Il souligne les arguments développés dans une tribune dans l’Opinion par l’un des conseillers d’Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné — par ailleurs « mari » de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement — dans laquelle celui-ci s’offusque notamment que « « C News est entrée dans une politisation à outrance ». Puis, inquisiteur, il pose au Président du CSA deux questions sentencieuses :
« En tant que président, jugez-vous que la multiplication des débats d’opinion met en danger le principe du pluralisme ? Serait-il possible, comme le suggère Stéphane Séjourné, de décompter le temps de parole des éditorialistes intervenant sur les chaînes, comme Éric Zemmour ? ».
On savait que la constitution de la 5ème République donnait une tournure monarchique à la présidence de la République. On sait maintenant qu’elle a produit une cour médiatique qui sait faire la part des choses entre les attributs d’un monarque et les abus d’un manant.
Nous laissons la conclusion à Claire sur Twitter :
Les gens qui se plaignent de Praud, cnews, Mabrouk … Il y a plus d’une centaine de chaînes de TV disponible. Une seule ne pense pas comme la majorité. Vous allez vous en remettre j’en suis sûre. Il suffit d’appuyer sur la télécommande.
— 🇨🇵 (@Clairebzhh) June 3, 2021