Nous vivons une époque formidable à tout point de vue. Je découvre que le progrès n’en finit pas de progresser à l’occasion d’une publication du journal Le Parisien (propriété de LVMH) datée du 4 octobre 2024. Un article qui, non content de semer le trouble dans le genre pour citer Judith Butler prophétesse de notre société liquide, de notre généreux totalitarisme-bouillie, totalitarisme de l’indifférenciation et de la grande partouze globale, se mêle de pissotières et de défécations mises en commun. Vous me direz, c’est sans doute dans l’ordre. Mais là où je ne marche plus avec ces délires de psychotiques, c’est quand ils prétendent légiférer dans le milieu scolaire.
Toilettes non binaires
Le quotidien de Bernard Arnault nous informe donc que « La non-mixité des toilettes à l’école ne fait qu’invisibiliser les vraies difficultés ». Si comme moi vous pensez – et Boileau nous a certes précédé sur ce point – que « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément », navré de vous dire que vous avez frappé à la mauvaise porte. Le Parisien s’adresse à des initiés. Sans doute faut-il avoir fait son petit bonhomme de chemin en Gender Studies pour décrypter ce genre d’information. Pour faire simple, il s’agit de créer des toilettes mixtes où vos filles et vos garçons pourront faire leurs besoins sans subir la barrière fasciste et patriarcale de la binarité.
Et le patriarcat s’écroulera
Rassurez-vous, ce n’est pas ce que vous pensez, encore des dingues qui font des expériences de laboratoire avec nos gosses, soit par inconscience soit par plaisir pervers. Non, Le Parisien précise opportunément que notre docteur en géographie du genre a l’habitude :
« Elle accompagne les collectivités dans la mise en place de toilettes mixtes et respectant l’intimité de chacun au sein des établissements scolaires. »
Donc l’intimité de chacun sera respectée, mais en mêlant filles et garçons dans les toilettes… Pour créer confusion et promiscuité malsaine ? Non pour faire tomber le patriar-caca. L’expression n’est pas de moi mais elle tombe à pic !
J’avais déjà relevé cette manie de s’immiscer dans l’intimité et la sphère privée chez ces gauchistes, bienfaiteurs de l’humanité, qui n’ont pas une bonne idée de retard. On se demande bien ce qu’on ferait sans eux, à part vivre en paix. La fureur de déconstruction qui les anime, j’en avais trouvé l’expression paroxystique chez Geoffroy Lagasnerie, qui, en bon généalogiste des idées, décèle l’origine du fascisme dans la structure familiale – patriarcale, école de Francfort oblige – et dans la propriété privée. Étant antifasciste jusqu’à l’agonie, persuadé que cette menace pèse sur la République plurielle menacée, je me mis en quête d’une solution. Soudain, Eurêka, je m’exclamais : « Pour lutter contre le fascisme, il ne faut pas avoir de chambre à soi, il faut collectivement dormir avec ses parents et avec la psychanalyste lacanienne spé-déconstruction qui prend tout ce petit monde à sa charge (mentale) ; charge mentale très lourde à cause du phallus-traversin. Le psychanalyste, ivre des détentes pulsionnelles, des affects désencombrés, pour ne pas sombrer, sera assisté par un sociologue bourdieusien qui examine si les luttes pour la domination se perpétuent dans la bataille des ronflements nocturnes, tout en dressant des statistiques sur la stabilité du nombre d’immigrés depuis Louis VI le Gros jusqu’à nos jours. Un seul souci, le lacanien devra désavouer son logocentrisme coupable. Lacan disait que nous étions des “Parle-Être”, ce qui reconduit les inégalités avec les déclamateurs intrépides de borborygmes, wesh, gros, etc… Lévi-Strauss, la pensée sauvage… Tout converge ! »
Le Parisien se caricature lui-même
Ce journal s’était pourtant illustré de bien d’autres manières, en saluant – avec les compétences infuses en critique musicale dignes d’un Manouchian ou d’un Manœuvre – les « punchlines incisives » du rap No Pasaran dont un collectif de rappeurs nous avaient fait l’offrande imméritée lors de la campagne dite du « front républicain » lors des dernières élections, où fusaient parmi ces « punchlines incisives » des appels au meurtre à peine voilés. J’avais rappelé ailleurs, juste pour le plaisir d’offrir, que la chanson originale No pasarán commençait par un appel à la lutte contre les maures importés par Franco, et qu’elle vaudrait aujourd’hui à son parolier de passer devant la 17e chambre correctionnelle pour incitation à la haine raciale, sur le signalement d’un antifasciste professionnel. Pour conclure sur une définition du front républicain tel que je me le représente : une coalition des possédés et des possédants contre les dépossédés.
Les nouveaux possédés sont là
Les possédés ont encore fait des convulsions apparemment. Je suis, certes, amateur de films d’horreur et un passionné de Lovecraft, mais je préfère que l’enfer soit cantonné au domaine de la fiction, ne me prononçant pas, à la manière de Dante, sur sa réalité. Rimbaud : « La théologie est sérieuse, l’enfer est certainement en bas – et le ciel en haut. » Quelle que soit leur localisation, d’aucuns s’échinent sans répit à le propager dans tout espace qui pourrait ou voudrait s’y soustraire. Vraiment, le délire est un cauchemar, mais quand on est pris dans le délire d’un autre sans pouvoir s’en délivrer, ce n’est plus un cauchemar, c’est l’enfer même.
Voir aussi : Le Parisien sur le drame de Crépol
Le Conseil d’État accueille un algérien pour « transition de genre »
À l’heure où, comme nous l’apprend le JDD, le Conseil d’État valide le statut de réfugié d’un Algérien condamné pour agression sexuelle sur mineur sous prétexte de « transition de genre », nous sommes en droit de nous demander où ces joyeusetés vont s’arrêter, si nous ne sommes pas citoyens d’un asile psychiatrique à ciel ouvert. Figurez-vous que Le Parisien (le journal de Bernard Arnault, répétons-le) sait, à défaut, où ces joyeusetés ne s’arrêteront pas, par la grâce d’Édith Maruéjouls, docteure en géographie du genre. Édith Maruéjouls, docteure en géographie du genre – je répète pour les plus perplexes d’entre vous — a créé l’Atelier recherche observatoire égalité (l’Arobe), un bureau d’études qui a déjà accompagné plusieurs dizaines d’établissements scolaires sur les questions d’égalité de genre. Elle est l’autrice de « Faire je (u) égal : penser les espaces à l’école pour inclure tous les enfants » (Éd. Double Ponctuation, 2022).
Désormais, pour lutter contre le fascisme, je pense qu’il faut aller plus loin et mettre le genre aux chiottes…
Jean Montalte
Voir aussi : LVMH, infographie