La vie de patron de presse, milliardaire ou pas, n’est pas de tout repos. La rédaction de La Tribune est mélenchoniste, ce qui doit chagriner son propriétaire Rodolphe Saadé. De même, Bernard Arnault découvre que la rédaction du Parisien a un cœur qui bat en sourdine un peu pour LFI et beaucoup contre le RN.
Pas de forcené ou d’ivrogne pour le rédacteur en chef
Le ni-ni, pour les amateurs d’exorcisme, c’est le refus de choisir entre le diable RN et le diable LFI. C’est aussi indiquer de manière indirecte que c’est l’extrême-centre proto macronien qui a ses préférences. Comme l’indique La Lettre, les éditoriaux du directeur de la rédaction du Parisien Nicolas Charbonneau vont clairement dans ce sens.
Le 13 juin il refusait « l’heure de tous les extrémismes » allant du « forcené Ciotti » jusqu’à une Nupes 2 (le Front Popu) « qui s’enivre » et « veut raser gratis ». Le choix entre un homme politique à enfermer d’urgence et un barbier ivrogne semble en effet inquiétant et mieux vaut se laisser bercer entre les bras charmants des divers centres. Au moins on connaît l’opinion de Bernard Arnault, qui faisait peu de doutes par ailleurs.
Pas de ni-ni au SNJ
La section locale du SNJ s’insurge. Un peu sur les choix implicites de la rédaction en chef mais surtout sur le fait de mettre sur le même plan les deux extrêmes, le mauvais le RN et — sous-entendu — le bon LFI. Dans un communiqué le SNJ déplore les termes employés par une adjointe du rédacteur en chef selon lesquels Marine Le Pen est « désormais vue comme un rempart contre l’antisémitisme par beaucoup de juifs » et « a réussi son pari de la dédiabolisation ».
La rédaction se drape dans sa dignité et condamne ces éditos qui « ne reflètent absolument pas le travail des journalistes du Parisien Aujourd’hui-en-France, attachés à ne pas prendre parti et à prendre le pouls de la politique à hauteur d’homme”. En réalité la rédaction du quotidien n’échappe pas à la loi générale, elle est en très grande majorité dominée par l’humeur libérale libertaire de la gauche progressiste ; avec ses nuances, de la gauche la plus extrême aux sociaux-démocrates en passant par les écolos pastèques (verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur). C’est le fruit des formations dans les écoles de journalisme, la plupart formatent des étudiants allant du rose pisseux au vert pâlichon jusqu’au rouge écarlate, patriotes s’abstenir !
Voir aussi : Écoles de journalisme : l’ESJ Lille, école supérieure de formatage