Le 13 novembre 2019 sur Europe 1 en milieu de matinée, Philippe Vandel recevait Roch-Olivier Maistre, (ROM pour les intimes) nouveau patron du CSA « orléaniste à l’échine souple », dont nous avions dressé le portrait début 2019.
CSA+ HADOPI = ARCOM
Franck Riester, ministre de la culture l’avait annoncé en septembre, la loi sur l’audiovisuel de 1986 (qui avait créé le CSA) sera remplacée par une nouvelle loi débattue au Parlement début 2020. ROM a confirmé les dires du ministre, les compétences du CSA (gendarme des médias) et de l’HADOPI (gendarme d’internet) seront regroupées au sein de l’ARCOM (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique), attention à bien orthographier la consonne initiale du dernier mot.
Cette transformation n’est qu’au fond que la transposition d’une directive européenne. L’objectif officiel est d’adapter le service public à la concurrence, de défendre le droit d’auteur, de conforter les obligations de création (quotas d’œuvres européennes sur les catalogues de Netflix et autres Disney+), de traquer le piratage.
La succession à France Télévisions
Le mandat de Delphine Ernotte (celle qui veut « chasser les mâles blancs » de la télévision publique) se termine en août 2020. Le CSA et son nouvel avatar vont perdre le pouvoir de nommer les présidents de chaînes publiques, mais cette nouvelle disposition ne sera pas en place en août 2020.
Le CSA dans sa forme actuelle va lancer un appel à candidature en mars 2020, statuer en juin pour nommer un nouveau président (ou présidente) en août… qui ne sera là que pour quelques mois, en attendant la nomination par le gouvernement du président de la holding regroupant l’audiovisuel public, ce président choisissant ses équipes ensuite.
Double pensée et police de la pensée
Depuis 1984 de George Orwell on connait le mécanisme de « double pensée », « la liberté c’est l’esclavage », « l’amour c’est la haine ». ROM est un excellent spécialiste en la matière. Il refuse le titre de « police de la pensée » et affirme son attachement à la liberté d’expression.
Tout en faisant le contraire, bien évidemment, c’est la base même du mécanisme. Le nouvel ARCOM sera chargé de faire appliquer la liberticide loi Avia dont nous avons parlé ici et également là. Après l’intervention d’Eric Zemmour à la convention de la droite (diffusée en direct sur LCI) ROM a fait intervenir le CSA de deux manières. Les responsables de LCI ont été convoqués, sermonnés et ont dû faire amende honorable, on ne les y reprendra plus. Et le CSA a saisi le procureur de la République au nom de l’article 40 de procédure pénale.
L’article 40 stipule « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ». Les termes employés par Eric Zemmour sont donc considérés par ROM comme « un crime ou un délit ». Ce que ROM dénomme « appel à la responsabilité des médias » porte un autre nom, celui de censure. Chacun jugera à son aune de la qualité de tels protecteurs des libertés publiques. Et des intérêts qu’ils servent avec zèle.