L’opinion publique française se défie des journalistes, comme le montrent les différentes enquêtes d’opinion sur le sujet. Qu’en est-il en Allemagne ? Une de nos lectrices (que nous remercions), germanophone, a traduit un article de l’hebdomadaire conservateur allemand Junge Freiheit du 11 mai 2020, sous la signature de Boris T. Kaiser sur l’attitude du DJV, le syndicat des journalistes allemands. Les intertitres sont de notre rédaction.
Neutralité : un vœu pieux
par Boris T. Kaiser
“Qu’avoir beaucoup de pouvoir génère une grande responsabilité” est connu, au moins depuis les premières bandes dessinées de Spiderman. On pourrait conseiller à l’Union des Journalistes Allemands, le DJV, de relire de temps à autre ce classique de la “littérature” triviale américaine. Le syndicat des journalistes fait preuve, depuis un certain temps, d’un manque de sens des responsabilités de plus en plus flagrant dans l’utilisation du pouvoir d’influence qu’il possède sur l’opinion publique.
Arrogance élitiste
À la base de cette insouciance, que l’on peut aussi considérer comme une sorte d’arrogance élitiste, se trouve visiblement ce sentiment de supériorité intellectuelle, et surtout morale, commun aux cercles de journalistes. Ce sentiment se retrouve dans les articles quotidiens des 33 000 membres du DJV, tout comme dans les émissions de radio ou encore, dans ses nombreux Tweets. Ces Tweets démontrent clairement son orientation rouge-vert et sont aussi neutres que… (suit une comparaison avec un arbitre de football, ayant visiblement favorisé un camp).
Télévision d’État et vérité officielle
La vérité, c’est ce que disent les chaînes publiques de télévision. Tout cela est devenu tellement habituel, que seuls les idéalistes endurcis peuvent encore s’offusquer de la perte de l’innocence du journalisme, tant vantée par les légendes du métier. Oublié aussi, le principe des anciens : “ne pas tomber dans l’émotion publique, rester calme dans les catastrophes, sans être froid”. La pandémie du coronavirus nous l’aura montré clairement puisque aucun journaliste, ou presque, ne s’y tient plus.
Peut-être est-ce parce que, contrairement à ce que pensaient certains de leurs prédécesseurs, les représentants de la télévision d’État ont compris que cela n’était pas le seul moyen pour gagner la confiance des téléspectateurs et faire de la télévision un “membre de la famille” qu’ils allument chaque soir.
Une grande partie de la population croit encore, même au temps d’internet, tout ce qui est annoncé par la télévision d’État, comme une vérité officielle, même si cette « vérité» est annoncée de manière complètement excitée – ou peut-être à cause de cette manière. L’Union des Journalistes Allemands n’est, en toute logique, que le représentant de ces journalistes et de cette forme de journalisme.
Un vœu pieux
Quand cette association, qui selon sa propre définition se veut un “mélange de syndicat et d’organisation professionnelle”, souligne sur son site internet son “indépendance politique” et son “engagement pour la liberté d’opinion et de la presse”, on est en droit de s’attendre à ce que ces principes soient respectés, ne serait-ce qu’au minimum. Mais même ce minimum, dans les Tweets du syndicat, reste un vœu pieux.
Au lieu de se battre pour une vraie liberté d’opinion et de la presse, le DJV se faisant le représentant des médias établis et de la politique, les rejoint dans leur combat contre les soit-disant “fake news” ou les discours présumés haineux que l’on trouve sur internet.
Le syndicat va plus loin et se pose même en gardien de Twitter, dénonçant les Tweets politiquement incorrects pour se réjouir ensuite de leur disparition, se moquant de toute personne osant s’étonner d’un tel comportement de la part d’un groupement de journalistes qui revendique son engagement pour la liberté d’opinions. (suivent des liens vers des exemples de tweets du DJV).
Dénonciation d’usager
Visiblement d’humeur “chasseresse”, le responsable Twitter du DJV, considérant probablement le journalisme comme une forme de tutelle des lecteurs devant les protéger devant un si grand choix d’idées et d’opinions, n’a pas hésité à mettre au carcan un usager, donnant jusqu’au lien vers son employeur, et à le dénoncer à la police. Juste pour son éducation, s’entend. (lien vers le tweet en question).