Même les médias les plus modérés et les plus institutionnalisés ne sont pas à l’abri des foudres des pointilleux censeurs de SOS Racisme. Pour avoir, en 2012, publié un article sur l’« intrigante réussite des Chinois de France », l’hebdomadaire Le Point est en effet aujourd’hui attaqué par SOS Racisme pour diffamation raciale.
L’article en cause, publié en août 2012, dépeignait le parcours typique de l’immigrant chinois, de la clandestinité à la réussite. Un encadré énumérait « les 5 commandements de l’entrepreneur chinois », parmi lesquels « Tu ne paieras pas d’impôts », ou encore « Tu ne rémunéreras pas tes employés car ce sont des membres de ta famille ».
La présidente de SOS Racisme, Cindy Léoni, s’est dite « terriblement heurtée » et « choquée » par ces propos. L’association a donc attaqué le magazine vendredi dernier devant le tribunal correctionnel de Paris. Devant celui-ci, Mme Léoni a remplacé le mot « chinois » par « juif » ou « arabe ». « A ce moment-là, le poids de l’histoire et des batailles que nous menons prend tout son sens », en a‑t-elle conclu.
Franz-Olivier Giesbert, connu pour son humour potache, avait à l’époque regretté « que cette histoire ait été prise au premier degré, alors que c’était de l’humour, une forme d’humour qui n’est pas passée ». Le procureur Aurore Chauvelot a quant à elle estimé que si certains propos ne sont pas diffamatoires, l’encadré se livre au contraire à une « généralisation outrancière ».
Selon l’avocat du Point, l’article 32 de la loi du 29 juillet 1881 sur la diffamation « n’est pas l’arbitre du bon ou du mauvais goût ». Il réfute toute « généralisation hâtive sur tous les Chinois » et estime que l’article, qui « cristallise de manière caricaturale et peut-être maladroite le parcours d’immigrants chinois », évoque uniquement ceux qui viennent de Wenzhou. Le délibéré sera rendu le 24 janvier 2014.
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