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Le prêche du Père Plenel sur France Culture

26 juillet 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Le prêche du Père Plenel sur France Culture

Temps de lecture : 3 minutes

Une fois par semaine, Edwy Plenel réveille l’auditeur des matinales de France Culture. Dans une chronique de six minutes, le directeur de Mediapart délivre son opinion sur une question d’actualité. L’Ojim a écouté les prêches du mois de juin 2014, passage en revue.

Tous les sujets passent à la moulinette Plenel : si le choix est éclec­tique — au cours du mois on trait­era indif­férem­ment des Roms, des inter­mit­tents du spec­ta­cle, de l’affaire Byg­malion et de la réforme pénale, avant de dress­er un bilan de l’année -, les leviers util­isés sont récur­rents : dia­boli­sa­tion de l’adversaire, haine de l’Europe et lec­ture idéologique de la réal­ité sem­blent être des constantes.

Diabolisation de l’adversaire

Que son représen­tant soit Manuel Valls ou Marine Le Pen, l’adversaire récur­rent (et fan­tas­mé) du Père Plenel c’est les « idéolo­gies réac­tion­naires des années 30 ». Le point God­win, dépassé, laisse ici sa place à un véri­ta­ble Point Plenel : comme ce dernier l’explique dans son ultime chronique, quiconque « n’assume pas haut et fort un imag­i­naire antifas­ciste et anti­colo­nial­iste » est respon­s­able de la « légiti­ma­tion de l’agenda du Front National ».

Penser qu’il y a un prob­lème d’intégration rom, c’est penser « qu’il y a des hommes en trop ». En par­ler, c’est « libér­er une parole du racisme général », le bon Père ne fait pas dans la demi-mesure.

Universalisme et haine de l’Europe : les Lumières sans la lumière ?

Human­iste, Edwy Plenel milite pour une République ouverte et tolérante ; celle-ci se doit de recon­naître à tous le droit d’avoir sa « reli­gion, sa cul­ture, son his­toire et son orig­ine ». Pour­tant, il n’accorde pas ce priv­ilège à l’identité française – selon lui « une iden­tité de fer­me­ture et d’exclusion » -, qui se doit d’être ouverte à toutes les autres. Para­dox­al, puisque la République dont se réclame notre exor­ciste préféré — lequel exhorte les audi­teurs à « défendre ce qui est écrit dans notre con­sti­tu­tion » — ne recon­naît aucune communauté…

Quand l’idéologie prime sur le réel

La réal­ité ne sem­ble pas embar­rass­er la pas­torale du Point Plenel. Recette : met­tons le réel de côté et rem­plaçons le par une expli­ca­tion idéologique. Si Manuel Valls par­le d’un prob­lème Rom, ce n’est pas parce qu’il cor­re­spond à une réal­ité vécue mais « pour entretenir un racisme général où l’on invite les pau­vres à faire la guerre entre eux » pour per­me­t­tre aux par­tis de gou­verne­ment « d’asseoir leur dom­i­na­tion ». La sur­charge car­cérale est sim­ple­ment la preuve que la prison est « la meilleure école de la récidive ». Sous-enten­du : c’est tou­jours la société qui est coupable. Le Père Plenel préfère cass­er le ther­momètre plutôt qu’envisager de guérir le malade …

Dans son ambi­tion religieuse notre Père sem­ble égale­ment s’accorder le droit de décréter qui est à plain­dre et qui ne l’est pas. Le choix de sa chronique du 11 juin peut par exem­ple sur­pren­dre : pourquoi ne par­ler que de la grève des inter­mit­tents et ne pas évo­quer celle des cheminots ? Ques­tion : Edwy Plenel est il un jour­nal­iste d’investigation ou bien un jour­nal­iste mil­i­tant ? Les audi­teurs de France Cul­ture ont une par­tie de la réponse.

Voir aussi : Edwy Plenel, portrait

Crédit pho­to : Xavier Malafos­se via Wiki­me­dia (cc)

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