Une fois par semaine, Edwy Plenel réveille l’auditeur des matinales de France Culture. Dans une chronique de six minutes, le directeur de Mediapart délivre son opinion sur une question d’actualité. L’Ojim a écouté les prêches du mois de juin 2014, passage en revue.
Tous les sujets passent à la moulinette Plenel : si le choix est éclectique — au cours du mois on traitera indifféremment des Roms, des intermittents du spectacle, de l’affaire Bygmalion et de la réforme pénale, avant de dresser un bilan de l’année -, les leviers utilisés sont récurrents : diabolisation de l’adversaire, haine de l’Europe et lecture idéologique de la réalité semblent être des constantes.
Diabolisation de l’adversaire
Que son représentant soit Manuel Valls ou Marine Le Pen, l’adversaire récurrent (et fantasmé) du Père Plenel c’est les « idéologies réactionnaires des années 30 ». Le point Godwin, dépassé, laisse ici sa place à un véritable Point Plenel : comme ce dernier l’explique dans son ultime chronique, quiconque « n’assume pas haut et fort un imaginaire antifasciste et anticolonialiste » est responsable de la « légitimation de l’agenda du Front National ».
Penser qu’il y a un problème d’intégration rom, c’est penser « qu’il y a des hommes en trop ». En parler, c’est « libérer une parole du racisme général », le bon Père ne fait pas dans la demi-mesure.
Universalisme et haine de l’Europe : les Lumières sans la lumière ?
Humaniste, Edwy Plenel milite pour une République ouverte et tolérante ; celle-ci se doit de reconnaître à tous le droit d’avoir sa « religion, sa culture, son histoire et son origine ». Pourtant, il n’accorde pas ce privilège à l’identité française – selon lui « une identité de fermeture et d’exclusion » -, qui se doit d’être ouverte à toutes les autres. Paradoxal, puisque la République dont se réclame notre exorciste préféré — lequel exhorte les auditeurs à « défendre ce qui est écrit dans notre constitution » — ne reconnaît aucune communauté…
Quand l’idéologie prime sur le réel
La réalité ne semble pas embarrasser la pastorale du Point Plenel. Recette : mettons le réel de côté et remplaçons le par une explication idéologique. Si Manuel Valls parle d’un problème Rom, ce n’est pas parce qu’il correspond à une réalité vécue mais « pour entretenir un racisme général où l’on invite les pauvres à faire la guerre entre eux » pour permettre aux partis de gouvernement « d’asseoir leur domination ». La surcharge carcérale est simplement la preuve que la prison est « la meilleure école de la récidive ». Sous-entendu : c’est toujours la société qui est coupable. Le Père Plenel préfère casser le thermomètre plutôt qu’envisager de guérir le malade …
Dans son ambition religieuse notre Père semble également s’accorder le droit de décréter qui est à plaindre et qui ne l’est pas. Le choix de sa chronique du 11 juin peut par exemple surprendre : pourquoi ne parler que de la grève des intermittents et ne pas évoquer celle des cheminots ? Question : Edwy Plenel est il un journaliste d’investigation ou bien un journaliste militant ? Les auditeurs de France Culture ont une partie de la réponse.
Voir aussi : Edwy Plenel, portrait
Crédit photo : Xavier Malafosse via Wikimedia (cc)