L’agonie de La Marseillaise rappelle celle de Presstalis. Nous avons longuement présenté l’historique du journal par un de ceux qui en furent les protagonistes. Ce sera la troisième liquidation en 6 ans ; la dernière ?
Déjà 2014 et 2016
En novembre 2014 déjà, La Marseillaise s’était placée en redressement judiciaire, après avoir enregistré 1,5 millions d’€ de pertes dans l’année, ajoutés aux deux autres millions perdus au cours des cinq ans précédents. Six mois plus tard, elle était reprise par Les Éditions des Fédérés, dirigées par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF des Bouches-du-Rhône. Le journal restait donc dans le giron des communistes, perdant au passage 91 de ses 208 postes, puis 27 de plus l’année suivante. Le nouveau repreneur avait aussi prévu d’externaliser l’imprimerie et de supprimer le service photo, tout en injectant 700 000 € dans les fonds propres du journal.
En 2016 rebelote, la procédure dure 18 mois pour sortir du redressement judiciaire avec une nouvelle directrice, Audrey Garino, ancienne candidate PCF aux législatives et co-animatrice d’un comité de soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 dans le 7ème arrondissement de Marseille, une sorte d’association PCF/LFI, tout en perdant de nouveaux emplois.
2020, fin du Mondial de pétanque et fin de partie ?
Alors que la direction annonce un redressement, passant d’une perte de 1,2M€ en 2018 à un quasi équilibre en 2019, les conséquences de la crise sanitaire sont significatives pour le quotidien resté très proche de l’ambiance communiste. Un communisme en voie d’attrition dans le département avec les pertes de Gardannes et d’Arles aux élections municipales de 2020.
Le journal revendique une « augmentation de 15% de son lectorat », mais par rapport à quelle période ? Ne diffusant plus que sur deux départements, les Bouches-du-Rhône et le Var (contre six départements auparavant), avec une seule édition quotidienne contre deux avant, les ressources financières du journal étaient essentiellement extra-sportives. Le journal organisait chaque année en juillet le « Mondial de pétanque », un évènement considérable dans une région où on suit le cochonnet avec passion. Pour des raisons sanitaires la compétition a été reportée du début juillet à la fin août 2020, une époque moins favorable pour la publicité et les participants. Avec sans doute plus ou moins une dizaine de milliers d’exemplaires vendus chaque jour on voit mal l’avenir du quotidien, sauf opération de mécénat des pouvoirs publics comme pour L’Humanité qui ne vit plus que d’aides de l’État depuis des années.