Ce que les médias ne nous ont pas dit et ne nous disent pas d’Osama Abdul Mohsen, le célèbre « réfugié » syrien taclé en 2015 avec son fils dans les bras par une journaliste hongroise.
C’était une belle success story montée en épingle l’an dernier par les médias européens. Osama Abdul Mohsen, gentil réfugié taclé avec son fils dans les bras, pendant la grande vague migratoire de l’été 2015, par une méchante journaliste hongroise, s’était ensuite vu proposer un emploi d’entraîneur de foot en Espagne. Magnifique exemple de « chance pour l’Espagne » et pour l’Europe, puisque cet homme qui fuyait son pays était avant la guerre entraîneur de foot en Syrie. Le Centre national de formation d’entraîneurs de football (Cenafe), située dans la commune madrilène de Getafe, avait décidé, après la diffusion des images de sa chute, de l’embaucher. À regarder ce tacle de près, ses futurs employeurs ont dû se dire que cet entraîneur avait fait preuve d’un grand professionnalisme et d’un excellent réflexe en chutant au bon moment et de la bonne manière devant les caméras, car la jambe tendue par la journaliste hongroise ne semble pas en fait avoir atteint M. Mohsen.
Mais les grands médias français et européens n’ont pas passé de ralenti ni proposé les images prises sous un autre angle diffusées à l’époque sur Internet. Et ils nous font d’autres cachotteries. Ainsi, ils se taisent aujourd’hui alors qu’Osama Abdul Mohsen vient de perdre son travail en raison de son refus d’apprendre l’espagnol. Toujours incapable d’aligner deux mots dans la langue de Cervantès, il est une charge pour son employeur qui n’a pas souhaité reconduire après le mois de septembre son contrat de travail de douze mois signé en grande pompe l’année dernière. Si le Cenafe lui laisse son logement de fonction jusqu’à l’expiration du bail actuel, en novembre 2017, il lui donne jusqu’à février pour faire ses premiers progrès en espagnol, auquel cas il serait prêt à le réembaucher. Mais le Syrien est fier et coupable de rien, et il a déjà annoncé devant les caméras qu’il ne comprenait pas la décision du Cenafe, et qu’il ne souhaitait plus y travailler puisqu’on l’avait honteusement « utilisé pour son image ». Une utilisation qui lui valait tout de même un salaire de près de 2000 €/mois, d’après le journal en ligne La Gaceta.
Pour rappel, voici quelques échantillons de l’extase médiatique devant la chance que cet homme et sa famille avaient eus dans leur malheur :
« Osama Abdul Mohsen était en route pour la capitale espagnole, Madrid, où il devrait arriver en fin de soirée. Le directeur du Centre national de formation d’entraîneurs de football (Cenafe) de Getafe, dans la banlieue de Madrid, Miguel Ángel Galán, a appris par la presse que le Syrien était lui aussi entraîneur. “Nous sommes un centre national d’entraîneurs de football, donc nous avons eu l’idée d’aider un camarade entraîneur”, a‑t-il expliqué dans une interview à la radio. “Comme il y avait la barrière de la langue, en l’occurrence l’arabe, Mohamed Larouzi, un de nos élèves, s’est proposé pour aider à la traduction et pour aller en Allemagne” le chercher, a ajouté le directeur. Osama Abdul Mohsen avait entraîné le club Al-Fotuwa de Deir-ez-Zor, en première division syrienne » (Le Monde, 17/09/2015).
« L’image avait fait le tour du monde et en avait choqué plus d’un. Il y a quelques jours, Osama Abdul Mohsen, un réfugié syrien, a été victime d’un croche-pied honteux d’une journaliste hongroise alors qu’il essayait de fuir la police. Portant un enfant dans ses bras, l’homme avait perdu l’équilibre et chuté. Il s’avère que cet homme n’est pas un illustre inconnu puisqu’avant de fuir la Syrie, il avait officié en tant qu’entraîneur d’une équipe de foot évoluant en première division syrienne, Al-Fotuwa de Deir-ez-Zor » (Le Figaro, 17/09/2015).
« Le réfugié syrien agressé en Hongrie pourrait devenir entraîneur en Espagne » (France 24, 17/09/2015)
« “Je vous aime, j’aime Madrid, j’aime l’Espagne, toute l’Espagne. Merci pour tout, c’est très important pour ma vie. ” Reconnaissant et ému, le réfugié syrien molesté par une journaliste hongroise est arrivé mercredi soir avec deux de ses fils en Espagne. » (Euronews)
Or les grands médias français et européens se sont déjà rendus coupables à ce moment-là d’une cachotterie bien plus grave. En effet, dès le 18 septembre 2015, soit le lendemain des articles et reportages cités ci-dessus, l’Union démocratique kurde syrienne (PYD, principal parti kurde en Syrie) publiait un communiqué accusant Osama Abdul Mohsen d’être un membre du Front al-Nosra, qui était à l’époque la branche syrienne d’Al-Qaïda. « Osama Abdul a rejoint le groupe rebelle en 2011 et a commis des crimes contre les minorités civiles, y compris des Kurdes », affirmait le PYD qui publiait également une capture d’écran du compte Facebook de Mohsen où celui-ci revendiquait début 2015, toujours selon le PYD, son soutien au Front al-Nosra.
Plusieurs médias kurdes relayaient cette information passée sous silence par les grands médias européens, mais pas par la chaîne de télévision russe Russia Today, ni par le quotidien en ligne espagnol La Gaceta et même certains sites de la réinfosphère française. Autre élément à charge avancé par les Kurdes, sa part de responsabilité dans les répressions sanglantes contre les Kurdes après un match de foot à Kameshli en 2004. Des répressions qui avaient fait une cinquantaine de morts. Une chaîne de télévision irakienne, NRT, avait elle aussi à l’époque émis un reportage reprenant les mêmes accusations que les médias kurdes syriens à l’encontre d’Osama Abdul Mohsen.
Voilà donc une histoire qui pourrait faire gagner quelques bobards d’or aux grands médias français qui se sont rendus coupables de graves mensonges par omission. Car qu’Osama Abdul Mohsen soit coupable ou non des accusations formulées à son encontre, le rôle des journalistes était de présenter l’ensemble des informations le concernant, et non pas uniquement celles qui étaient conformes à la propagande en faveur de l’accueil des réfugiés. Et leur rôle serait encore d’assurer aujourd’hui un suivi et d’informer leurs lecteurs/auditeurs que ce célèbre réfugié syrien a perdu son travail faute d’avoir commencé à apprendre l’espagnol, puisque leur célèbre exemple d’intégration réussie s’est transformé, au moins provisoirement, en exemple d’intégration ratée.