Comme en France, l’Allemagne n’échappe pas à la mise en place d’un cordon sanitaire entre « l’extrême droite » et le reste du monde. Nouvel exemple de ce cordon avec les récentes déclarations du porte-parole de l’association des journalistes allemands, Hendrik Zörner.
Boycott de l’AfD
L’Association des journalistes allemands (Deutscher Journalisten-Verband, DJV) est un syndicat, l’un des plus grands en Europe. Elle compte 27 000 membres et a un rôle dans la défense des intérêts journalistiques allemands, qu’il s’agisse du salaire, des conditions d’exercice, de la défense de la liberté de l’indépendance ou encore de l’éducation aux médias, un sujet que nous connaissons outre-Rhin depuis la commission Bronner.
Dans une déclaration datant de mi-juillet 2024, le porte-parole de ce syndicat, Hendrik Hörner, a déclaré vouloir éviter tout dialogue avec l’AfD, parti allemand classé à l’extrême droite. Dans ses propos, le porte-parole explique vouloir couper tout lien entre l’association et des partis anticonstitutionnels qui remettraient en cause l’indépendance et la liberté de la presse. Il insiste également sur la volonté du syndicat de ne pas donner la parole aux extrêmes, de droite comme de gauche. Toutefois, il insiste aussi sur le fait que BSW, l’extrême gauche allemande, n’est pas officiellement classée comme extrême par les autorités allemandes. Une manière de donner une apparence légale à un choix idéologique.
Tapis rouge pour la gauche de la gauche
Cette décision n’est qu’une de plus dans la relation compliquée qu’entretiennent les médias et l’AfD. En juillet 2023 nous soulignions déjà la mise au ban de l’AfD par certains talk-shows qui, dans le même temps, déroulaient le tapis rouge aux écologistes et à la gauche. Concrètement, l’association des journalistes allemands a indiqué qu’elle ne participerait pas aux événements où des partis anticonstitutionnels tels que l’AfD seraient présents.
La légitimité de cette décision est contestable. Notons tout d’abord que l’AfD est arrivée en deuxième position lors des élections européennes 2024 en Allemagne. Elle est donc une force politique importante que le premier syndicat journalistique allemand décide de boycotter pour des considérations idéologiques. Par ailleurs, cette décision intervient dans un moment clé pour la démocratie à quelques semaines des élections régionales allemandes où, en Europe de l’Est, l’AfD fait de bons scores et est souvent la première force poliitique Quelles conséquences aura cette décision dans la campagne et dans l’absence de couverture médiatique dont va pâtir l’AfD dans ce cadre?
Comme en France, pour des considérations idéologiques infondées, la caste médiatique décide de mettre sous le boisseau une force politique majeure. Si le but est de réduire l’influence de la force en question et son score électoral, l’expérience du RN en France démontre que cette stratégie est à double tranchant.