Plus dure sera la chute ! Le média américain bien nommé Vice, valorisé à 6 milliards de dollars il y a six ans n’en finit pas de s’enfoncer.
Un média branché
Né en 1994 à Montréal, Voice of Montreal, est racheté par ses rédacteurs en 1996 et rebaptisé Vice. Grâce à Rupert Murdoch et Disney (ce dernier y investit 40M€), la société rachète des chaines de télévision, des agences de publicité, lance un fil d’informations en continu, Vice News et un label musical. Après un déménagement à New York, le groupe lance sa chaîne de télévision payante en 2016
Voici ce que nous écrivions en 2015 sur le magazine numérique :
« Comme il est nécessaire d’attirer les jeunes, Vice glorifie tout ce qui est « branché ». « Le magazine a inventé un ton, entre sérieux, branchitude et ironie », explique Libé. Voici peut-être le journalisme de demain : diverses catégories d’informations qui se confondent dans une critique gentille et tolérante, où tous les journalistes communient autour d’une pensée crépitante et enferment dans un cachot quelques pitres de l’ancien temps (les affreux réacs) sur lesquels on crachera aux fêtes sacrées du « vivre-ensemble ». Qu’il est doux quand la vaste mer est troublée par les vents, de venir se noyer dans le fleuve mou de Vice, où de venir s’y mirer érotiquement jusqu’à n’aimer plus que soi ».
Wokes avant l’heure, LGBTQ bon teint néo féministes en diable, les journalistes de Vice avaient eu droit à leur quart d’heure de célébrité sur fond de harcèlement sexuel.
De mal en pis malgré les fonds de Soros
Le fondateur Shane Smith ayant été limogé pour harcèlement sexuel, il est remplacé en 2018 par Nancy Dubuc qui licencie 15% du personnel. Après 50M$ de pertes en 2017, le groupe est de nouveau déficitaire en 2018. Début 2019, un groupe d’investisseurs, mené par un des fonds de George Soros, remet 250M€ au pot. Matthieu Pigasse avait investi dans Vice France, via sa holding médias, LNEI, lui permettant de lancer sa chaîne de télévision. Le bureau français sera supprimé au printemps 2023, la directrice américaine Nancy Dubuc sera évincée au même moment.
En mai 2023, le groupe se met à l’abri de ses créanciers via la procédure du chapitre 11 qui lui permet de continuer ses activités sous le contrôle d’un juge. Fin février 2024 le nouveau directeur Bruce Dixon annonce que le titre ne publiera plus sur son titre phare et va licencier plusieurs centaines de personnes. Il annonce le changement de modèle économique, le groupe voulant se transformer en prestataire de service numérique pour d’autres médias. Une réorientation à 180° qui pourrait signifier le début de la fin.