Toujours prompts à débusquer le discours populiste, les journalistes de la rubrique le vrai du faux sur la radio publique France Info ont entrepris le 18 juin (la date ne s’invente pas) de démontrer le non-sens d’une affirmation de Nicolas Dupont-Aignan sur l’immigration.
Qu’a dit exactement Nicolas Dupont-Aignan ? « Chaque année sont autorisés à venir en France légalement 260 000 étrangers, la ville de Bordeaux chaque année, légaux, ça veut dire que sur 10 ans c’est deux millions d’habitants en plus ».
Les journalistes de France Info, tout affairés à traquer ceux qui s’opposent au discours pro–immigration servi à longueur d’ondes, ont à juste titre relevé que Nicolas Dupont-Aignan ne fait pas le solde des entrées et sorties pour calculer la population supplémentaire générée par l’immigration.
« D’après l’Insee, le solde migratoire des immigrés, c’est-à-dire la différence entre les entrées et les sorties, était de + 174 000 personnes en 2015 ». « On n’est plus du tout au niveau de la ville de Bordeaux ». Affirmation exacte, en soustrayant du nombre des entrées les sorties d’immigrés en 2015.
On peut leur concéder également que la prospective est un exercice difficile. Néanmoins, certaines tendances lourdes existent. Dommage que nos fins limiers ne les aient pas présentées et qu’ils n’aient pas poussé plus avant leurs recherches. Leurs calculs ne sont également pas exempts d’approximations. Exemples.
Le choix erroné du terme « régularisation » : Le titre de la rubrique de la radio publique est : « Non, on ne peut pas dire qu’il y aura deux millions d’immigrants régularisés en plus en France dans les dix prochaines années ». La « régularisation » est le terme employé pour le changement de statut de personnes sans titre de séjour en France, qui en obtiennent un par décision administrative. Parmi les 262 000 étrangers qui ont obtenu un nouveau titre de séjour en 2017, les « sans-papiers » régularisés sont une minorité, loin derrière les cartes de séjour délivrées au titre du regroupement familial, des études, etc…
Tendances lourdes. La démonstration des journalistes de France Info se base sur les chiffres de l’immigration en 2017. Elle fait l’impasse sur les tendances lourdes :
De 193 000 premiers titres de séjour délivrés en 2012, on passe à 262 000 en 2017. Une légère augmentation de 35 %.
Un autre chiffre passé sous silence par France Info concerne les clandestins : Le Figaro du 19 mars 2018 indique à partir de statistiques du Pôle national d’Analyse Migratoire, rattaché au Ministère de l’intérieur, que le nombre des entrées « recensées » de clandestins en France a été multiplié par trois en trois ans, passant de 26 000 en 2014 à 79 500 en 2017.
On pourrait aussi parler de la progression des arrivées de mineurs non accompagnés (+ 85% entre 2010 et 2017) et des demandeurs d’asile (120 412 en 2017 en incluant les « dublinés », alors qu’il y en avait 61 000 en 2010, source : Figaro du 5 avril 2018).
Au tableau ! Reprenons les calculs avec les derniers chiffres connus, pour tenter de déterminer le nombre d’immigrés supplémentaires par an :
260 000 nouveaux titres de séjour en 2017
+ 79 500 clandestins entrés sur le territoire
- 18 000 éloignements
- 79 000 sorties (nombre de sorties dans la dernière année connue, 2015)
= 242 500
Sur un an, on est donc proche de la population de Bordeaux. Sur dix ans, en faisant le pari hasardeux que les flux migratoires se stabiliseront – ce qui n’a pas été observé depuis de nombreuses années — ce sont 2 425 000 immigrés légaux et illégaux supplémentaires sur le territoire. Des chiffres plus élevés que les deux millions dont a parlé Nicolas Dupont-Aignan. Mais l’essentiel n’était-il pas pour les journalistes de France Info de démontrer que les « populistes » qui propagent la « peur sur la ville » tiennent un discours dénué de tout fondement sur l’immigration ?