Il est courant en début d’année de revenir sur les événements marquants de l’année précédente. Il est par contre plus rare de souligner les événements qui ont fait l’objet d’une couverture médiatique très discrète, voire inexistante. Il nous a paru important de sortir de l’oubli médiatique 6 d’entre eux quasiment passés sous silence.
Le débat annuel au parlement sur l’immigration
Avez-vous entendu parler du débat au parlement sur l’immigration cette année ? Peut-être pas. Pourtant, en septembre 2019, la porte-parole du gouvernement annonçait sur son compte Twitter qu’un débat sur l’immigration serait désormais organisé tous les ans. Celui-ci devait selon Sibeth Ndiaye permettre de « discuter dans le calme de la stratégie migratoire de notre pays ». Si un débat a bien eu lieu au parlement en 2019, sans que cela infléchisse toutefois la politique migratoire totalement débridée du gouvernement, celui qui devait être organisé le 16 décembre 2020 à l’assemblée nationale a été reporté sine die. Pour quel motif ? l’actualité sanitaire, la stratégie vaccinale en particulier, nous informe Breizh info le 26 décembre.
Que la France soit devenue en 2019 le premier pays d’Europe en nombre de demandes d’asile, comme nous l’apprend Le Monde en novembre 2019, qu’en dépit du COVID-19, le nombre de jeunes extra-Européens affluant aux guichets des départements pour être pris en charge au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance n’ait fait qu’augmenter cette année selon Le Figaro, que le budget de l’Aide Médicale d’État dépasse désormais le milliard d’euros pour près de 350 000 clandestins bénéficiaires selon Infomigrants, peu importe. L’information de l’annulation de ce débat parlementaire a été quasiment absente dans les médias de grand chemin. Un sujet mineur sans doute…
L’introuvable plan de lutte contre la fraude sociale
L’année 2020 aura coïncidé avec la parution de deux ouvrages majeurs sur la fraude sociale. Le premier est l’essai de Charles Prats intitulé « Cartel des fraudes ». Comme Valeurs actuelles le souligne dans un article du 24 septembre, le magistrat, ancien membre de la délégation nationale à la lutte contre la fraude, chiffre à 50 milliards d’euros par an le montant potentiel des fraudes aux prestations sociales. L’autre ouvrage est le rapport de la cour des comptes sur la fraude sociale paru en septembre 2020.
Quelques articles ont bien été consacrés à ces deux parutions. Mais rares ont été les médias à souligner que lors du débat annuel au parlement sur le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale pour 2021, aucun plan d’action ambitieux n’a été discuté à ce sujet. La Banque des territoires nous informe sobrement sur son site le 10 septembre 2020 que le ministre de la santé a annoncé le lancement de « groupes de travail » sur le thème de la fraude. On pense à Georges Clémenceau : « Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission »… Signalons toutefois un article remarquable de Jean-Loup Bonnamy dans Le Figaro du 16 décembre, dans lequel il fait notamment le constat que « plus l’État social grossit, plus l’État régalien se rétrécit »
Le conflit dans le Haut-Karabagh : silence on tue
Comme le soulignait Michel Onfray récemment à l’occasion de la sortie du documentaire « Arménie, un choc des civilisations », la couverture médiatique de l’intervention armée de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh a été extrêmement discrète en France. Quelques rares journaux et magazines ont consacré des articles à ce sujet. Certains ont dépêché des envoyés spéciaux sur place, parmi lesquels Valeurs actuelles et L’Incorrect, pour ne citer qu’eux. Néanmoins l’impression générale est que cette agression contre une population chrétienne a été reléguée au rayon des conflits lointains qui nous concernent assez peu.
Le déclin de la culture générale
Un autre sujet majeur a fait l’objet d’une très faible couverture de la part des médias de grand chemin : les résultats particulièrement mauvais pour la France de l’enquête 2019 TIMSS sur le niveau des élèves en science et en mathématiques. Le sujet a été traité globalement de façon discrète, tout comme la suppression en 2020 des épreuves écrites de culture générale à certains concours, comme celui commun à quatre écoles d’ingénieurs, comme le souligne L’Étudiant le 14 octobre. Dans ce contexte, l’article de Jean-Paul Brighelli et Pierre Duriot consacré à l’enquête TIMMS dans Atlantico est à souligner.
En 2019, c’est Sciences Po qui annonçait la suppression des épreuves écrites d’admission, nous informait le journal Les Échos. C’est dans une grande indifférence médiatique que le souci de « démocratiser » les procédures d’admission souligné par le quotidien économique semble accompagner la baisse générale et inquiétante du niveau scolaire et la relégation au second plan de la culture générale.
Le plan de relance européen, une victoire pour la France ?
De nombreux médias ont présenté le plan de relance de l’Union européenne pour faire face à la crise économique comme une victoire pour la France. La photo du ministre de l’économie Bruno Lemaire levant les bras en signe de victoire lors du pré-accord conclu en avril 2020 a été largement diffusée dans les médias de grand chemin, à l’instar de La Dépêche. Un « excellent accord » selon le ministre de l’économie cité par le quotidien.
En juillet, le journal La Croix était quant à lui bien plus circonspect : si l’accord était une victoire politique pour le président Macron, « sur le plan économique, le bénéfice parait pour l’instant mois net ». Le service de debunkage de l’AFP insistait le 24 juillet sur les incertitudes sur les modalités précises du financement du plan de relance pour éviter de dire qu’il est défavorable à la France.
La directrice de la rédaction de Marianne Natacha Polony n’y va pas par quatre chemin le 22 juillet : « Plan de relance : (c’est) la défaite en chantant ». Mais rares sont les médias qui comme Valeurs actuelles, RT France donnent la parole à des économistes très critiques à l’égard des conditions de ce plan de relance pour la France. Dans Sputniknews, Jacques Sapir souligne que « la France devra sans nul doute en payer le prix fort ».
Dans les médias de grand chemin, soulignons toutefois le journal Les Échos qui donne la parole à Arnaud Montebourg le 6 août : « (La France ) pourrait donc rembourser jusqu’à 67 milliards d’euros au titre du plan de relance, soit 27 milliards d’euros de plus que les subventions obtenues ! Très mauvaise négociation pour la France ! ».
Les vœux d’Emmanuel Macron à l’occasion de Noël
Au rayon des informations totalement absentes : les vœux aux Français d’un « joyeux Noël » par le président de la République. Emmanuel Macron bouderait-il les fêtes religieuses par strict respect de la laïcité ?
Le 20 juillet 2017, le président nouvellement élu s’empressait d’aller rompre le jeûne dans une mosquée. Il déclarait et postait sur son compte Twitter : « L’Iftar est un moment de partage. Je le partage avec la communauté musulmane française ».
Benoit Rayski réagi dans les colonnes d’Atlantico :
« Le 24 décembre au soir, tout est réuni pour qu’on soit heureux et que les enfants bondissent de joie quand ils ouvrent leurs cadeaux. Souhaiter un « joyeux Noël », c’est comme dire « bonjour ». Emmanuel Macron ne sait pas dire « bonjour » aux Français. Un manque flagrant d’éducation. Il nous revient qu’un jour, il a été extrêmement poli avec ceux qui comptent les années d’après le calendrier de l’Hégire. Il s’était alors rendu au Conseil français du culte musulman pour rompre avec des imams le jeûne du ramadan. C’était l’Iftar, une fête qui, contrairement à Noël, est strictement religieuse. Nous ne demandons toutefois pas à Macron d’installer une crèche à l’Elysée. Mais puisqu’il a pu célébrer l’Iftar, peut-être que l’année prochaine il pourra assister à une messe de minuit ? »….