Agressé lors des manifestations d’opposition au mariage homosexuel, insulté lors de la révolte des « Bonnets rouges », interdit de conférence de presse du Front National, vilipendé par les partisans de Dieudonné… le « Petit Journal » de Canal+ ne se fait pas que des amis avec sa couverture partiale et moqueuse de l’information. À tel point qu’une simple manifestation peut se transformer en guêpier pour ses journalistes.
Le week-end dernier encore, lors du « Jour de colère », ces derniers ont été pris à partie par des manifestants. Un organisateur anonyme de la manifestation avait par ailleurs annoncé la couleur : « Les journalistes collabos, on n’en veut pas notamment “Le Petit Journal” à qui nous réservons un accueil particulier. » Néanmoins, les équipes de Yann Barthès se sont rendues sur place… et ce qui devait arriver arriva.
Un pigiste raconte l’ambiance particulièrement hostile à l’encontre des médias : « Dès le début de la manifestation, les gens ont eu beaucoup de propos anti-médias. Dès qu’ils voyaient un caméraman ou un photographe, ils étaient très agressifs, nous accusant d’être corrompus, vendus. C’était très violent, très tendu. On évitait d’être au milieu pour ne pas être une cible. » « On a vu un attroupement de gens qui étaient là pour casser du flic ou du journaliste. Ils ont insulté et jeté des pétards au pied d’une journaliste de LCI qui voulait faire un direct », rapporte à son tour un étudiant en journalisme. « Il y avait une poignée de durs, avec vraiment de la haine, qui voulaient nous frapper », renchérit un journaliste d’i>Télé.
Même son de cloche du côté de BFMTV. « Une journaliste de BFM a pris un coup de pied dans le ventre et sa caméra a été endommagée », a rapporté Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne d’info en continu, avant d’ajouter : « L’ambiance était épouvantable, des journalistes ont pris des coups de pied, etc. Nous avions pris des précautions, avec un camion satellite non siglé, et aussi des caméras et des micros non siglés. Nous avons pu faire des interviews, certains nous ont répondu tranquillement, mais une bonne partie étaient anti-politiques et anti-médias. Nous avons décidé de ne pas faire de duplex au milieu de la manifestation, ce qui aurait nécessité de s’installer et aurait fait de nous une cible rêvée pour ce genre d’individus. »
Mais ceux qui ont le plus concentré les regards, les insultes et les coups, ce sont bien les journalistes du « Petit Journal », envoyés au casse-pipe avec leur micro rouge particulièrement identifiable. Agressions verbales, claques, coups de poing, de pied, jet de canette, poursuite… ils auront tout eu ce dimanche 26 janvier, comme le rapporte Yann Barthès dans la vidéo ci-dessous.
Le « Petit Journal » est, semble-t-il, devenu le symbole de ces médias jugés « collabos » et « corrompus ». De plus en plus, les violences se multiplient et se généralisent à l’encontre de ses journalistes. Yann Barthès fait-il courir des risques à ses équipes en les envoyant, en toute conscience, dans une foule hostile et remontée ? Est-il raisonnable de s’attendre à un bon accueil de la part de personnes, qu’elles soient catholiques ou patriotes, en permanence moquées et diabolisées dans ses émissions ? Ou peut-être l’agression est-elle, malheureusement, le but recherché ?